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Homélie pour le 2e dimanche du Carême A
Genèse 12,1-4a / Psaume 32 / 2e à Timothée 1,8b-10 / Matthieu 17,1-9
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Une expression bien connue et que vous utilisez peut-être également : « Tu as de la lumière dans les yeux ! »
On peut dire cela dans de nombreuses occasions ! On peut dire cela à quelqu’un qui a un visage particulièrement lumineux, particulièrement souriant, après une grande joie par exemple… Tu as de la lumière dans les yeux…
C’est une expression qui me fait souvent réfléchir parce que, comme aumônier d’hôpital, j’ai très souvent l’occasion de donner le sacrement de l’Onction des Malades que celles et ceux qui le souhaitent pourront recevoir dans quelques instants. Et il n’est pas rare qu’après avoir donné ce sacrement à quelqu’un, cette personne ait soudain de la lumière dans les yeux.
Cela m’est encore arrivé avant-hier. Je donnais cette onction des malades à une femme qui en avait bien besoin. Son visage, quelques minutes auparavant était vide, malade.
Et soudain, après l’onction, après notre prière, il y avait de la lumière dans ses yeux, véritablement.
Pourtant ce n’est pas simple d’être malade. Chacune, chacun de nous a déjà fait l’expérience de la maladie, mais si c’était une simple grippe, pas facile d’être malade ! On est cloué au lit, on est sorti de notre confort habituel, on est déplacé – en quelque sorte – de nos habitudes.
Sans parler des maladies plus graves, lorsqu’on doit se rendre à l’hôpital ou en clinique, et là on est carrément déplacé géographiquement. On doit quitter notre maison et on ne sait pas quand on va y revenir. Dans certains cas on ne sait même pas si on va retrouver cette maison.
C’est un peu ce qu’a vécu Abraham lorsque Dieu lui a dit : « Quitte la maison de ton père et rends-toi dans ce lieu qui t’est inconnu pour le moment. » Il fallait une sacrée dose de foi – la foi d’Abraham – pour obéir à cette voix qui lui demander de tout quitter et de partir dans un lieu hostile.
C’est un peu ce que vivent nos malades. Et pourtant, lorsqu’on s’approche d’eux, lorsqu’on leur offre la lumière divine à travers un sacrement, la grâce, il leur arrive à eux aussi d’avoir de la lumière dans les yeux.
Alors ce n’est pas réservé aux malades, bien sûr. Les amoureux parmi nous, ceux qui le sont depuis longtemps également, les amoureux ont souvent de la lumière dans les yeux lorsqu’ils se regardent.
Et je me dis que, comme Chrétiennes, comme Chrétiens, nous devrions être amoureux du Christ, de Dieu. Alors bien sûr… vous un peu moins que moi – moi je lui ai donné toute ma vie ! – mais tout de même. On devrait avoir de la lumière dans les yeux lorsqu’on s’approche de Dieu. Par exemple lorsque, tout à l’heure, vous viendrez communier à la petite hostie…
Or force est de constater – les auxiliaires de l’Eucharistie parmi nous ne me contrediront pas – que parfois, quand on donne la communion et qu’on voit les tronches des gens qui approchent, on a l’impression de donner un affreux sirop pour la toux, vous savez !
Alors que c’est la vie, c’est Dieu que vous recevez dans la petite hostie ! On devrait approcher de cet autel avec des yeux lumineux ! Avec des yeux amoureux ! Pas besoin d’un sourire jusqu’aux oreilles, je ne dis pas cela… Mais qu’au moins cela se voit dans nos yeux que c’est la vie éternelle que nous allons recevoir…
Cette grâce qui transparaît dans les yeux, c’est aussi ce dont parlait Paul dans notre deuxième lecture. La « grâce visible » dont il parlait dans le deuxième lettre à Timothée. La grâce… c’est quelque chose d’invisible en temps normal. Mais il arrive qu’elle soit visible, notamment quand elle passe à travers notre figure, quand on a de la lumière dans les yeux.
Et si je dis qu’elle passe à travers notre figure, ce n’est pas pour rien. Parce que l’Evangile que nous avons réentendu aujourd’hui et que nous connaissons bien parle exactement de cela. Être « trans-figuré », c’est avoir quelque chose qui passe à travers – « trans » – notre figure – « trans-figuré ».
Et c’est ce que Pierre, Jacques et Jean ont pu contempler ce jour-là sur la montagne : la grâce de Dieu qui traversait la figure de Jésus. Il avait de la lumière non seulement dans les yeux mais sur tout son visage tout entier, sur toute sa figure.
Il nous revient donc, si nous vivons de la grâce de Dieu, d’être parfois transfiguré, de laisser traverser la présence de Dieu à travers notre regard, notre sourire.
Et c’est très important parce que, lorsque nous serons ressortis tout à l’heure, nous allons croiser dans la rue des gens qui ne connaissent pas Dieu. Si on ne leur offre pas un sourire – même des yeux – ils vont se dire : « dis donc, ça a pas l’air très sympa d’aller à l’église… à voir la tête de ceux qui en ressortent, ça donne pas envie ! »
Alors que si, au contraire, nous ressortons avec de la lumière dans les yeux, d’une manière transfigurée, peut-être croiserons-nous quelqu’un qui va se dire : « tiens… ça a l’air beau ce que cette personne a vécu dans ce bâtiment dans lequel je ne suis encore jamais entré… peut-être que ça vaut la peine… »
C’est donc une responsabilité importante que nous avons, d’être nous-mêmes transfigurés !
Et au fond, lorsque nous venons à l’église, particulièrement dans une église comme celle-ci, nous avons un exemple sous les yeux… Mais oui… regardez autour de vous… ces vitraux : voilà des lieux à travers lesquels la lumière passe ! Et si les visages de ces vitraux sont si beaux, c’est précisément parce que la lumière les traverse.
A nous alors de les imiter, en se faisant « vitrail du Christ », en laissant sa lumière traverser notre visage pour l’offrir à celles et ceux qui nous regarderons aujourd’hui, et pourquoi pas d’ailleurs dans les jours qui suivent !
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Champex, samedi 4 mars 2023, 17.00
Montreux, dimanche 5 mars 2023, 11.00
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