Conduire dans les déserts de nos vies

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Homélie pour le 1er dimanche de Carême, A

Gn 2,7-9 ; 3,1-7a  /  Psaume 50  /  Rm 5,12-19 / Matthieu 4,1-11

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

L’Esprit-Saint aurait-il perdu la tête ? Ou même perdu l’Esprit ? C’est une question qu’on peut se poser en entendant le début de l’Evangile de ce dimanche, le récit des tentations au désert. Vous avez entendu ! L’Evangile commençait par ces mots : « Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. »

C’est tout à fait surprenant, à première vue. L’Esprit conduit Jésus dans un lieu particulièrement hostile. Et il le fait pour que Jésus soit tenté par le diable ! On a envie de dire à l’Esprit-Saint : dis-donc, y aurait peut-être une meilleure activité à proposer à Jésus pour ses loisirs, hein !

Mais quand la Bible nous choque, quand elle nous heurte, c’est toujours intéressant.

Il ne faut pas passer sur ces versets comme ça, au contraire il faut creuser pour comprendre pourquoi l’Esprit conduit Jésus au désert.

Pour qui a eu la chance – il y en a peut-être parmi vous – de voyager dans le désert, cela évoquera immédiatement des images, des souvenirs. Mais dans nos régions nous sommes relativement nombreux à ne pas connaître l’expérience géographique du désert. Sauf les déserts de neige là-haut dans les montagnes, mais c’est autre chose, n’est-ce pas ?

Pourtant… Vous connaissez TOUS le désert. Tous, sans exception. Même les plus jeunes d’entre nous.

Parce qu’il y a le désert géographique bien sûr, mais il y a d’autres déserts.

Le deuil est un désert.

La maladie est un désert.

La souffrance est un désert.

La solitude est un désert.

La dépression, le burn-out, sont des déserts.

L’addiction est un désert.

Le blues, le désespoir, le fatalisme, le pessimisme, la résignation, l’indifférence, la mise à l’écart sont des déserts.

Le handicap est souvent un désert.

Vous voyez, Chacune, Chacun de nous, nous connaissons – au moins pour ce qui est du désert de la maladie – nous connaissons au moins un désert, et en général plusieurs. Nous en traversons régulièrement, dans nos existences, des déserts.

Or le Tentateur rôde dans les déserts de nos vies. Dans chacun des déserts que j’ai indiqués, pas seulement dans le désert géographique. Il nous y attend pour nous faire ses propositions alléchantes.

Proposition de changer la réalité : changer les pierres en pain par exemple.

Proposition de pouvoir : « je te donnerai tous les royaumes de la terre ! »

Proposition de toute puissance : « Jette-toi en-bas, tu seras sauvé ! »

Et il en a, des propositions malhonnêtes à nous faire, dans les déserts de nos vies ! Proposition d’abréger nos souffrances, par exemple.

A priori donc, on n’a donc pas trop envie de se rendre dans les déserts de nos vies. On n’y va jamais par choix.

Et pourtant, j’y reviens, la Bible nous dit que l’Esprit nous conduit dans le désert, comme il conduit Jésus dans le désert. Qu’est-ce que ça veut dire ? L’Esprit-Saint voudrait-il absolument nous pousser à souffrir ? Vous sentez bien que cette interprétation n’a aucun sens. Souffrir pour mériter son ciel, c’est une hérésie – qu’on a très souvent entendue dans les siècles passés, mais c’est une hérésie ! Vous n’allez pas dire à quelqu’un qui est sur un lit d’hôpital : « Tu souffres ? C’est bien, tu mérites ton ciel ! », si vous ne prenez pas une baffe vous avez de la chance, c’est qu’il a le bras cassé !

Non, Dieu ne veut absolument pas la souffrance. Mais parfois il la laisse… il la laisse survenir dans nos vies, ce n’est pas la même chose.

L’Esprit CONDUIT Jésus au désert. Alors arrêtons-nous sur le verbe « conduire », pour mieux comprendre.

Vous savez tous ce que c’est, conduire une voiture. Il ne vous viendrait pas à l’esprit, une fois que vous êtes à 120 à l’heure sur l’autoroute, d’ouvrir la porte et de descendre. Bah non ! Le conducteur conduit jusqu’à destination, si possible, hein ! Il vaut mieux !

Et donc quand on dit que l’Esprit conduit Jésus au désert, il ne fait pas que le pousser au désert en disant « Débrouille-toi ! », il le conduit. Jusqu’au bout, jusqu’à destination !

Et donc quand l’Esprit-Saint nous conduit dans les déserts de nos vies, ça veut dire qu’il est avec nous, jusqu’à destination. Il traverse le désert avec nous.

Et ça, c’est une sacrée bonne nouvelle, quel que soit le désert que nous traversons !

Or l’Esprit-Saint, c’est Dieu.

Et avec Dieu, rien n’est inéluctable, nous le savons. On n’est pas obligé de faire les erreurs qu’on a toujours faites, avec Dieu. On peut toujours se convertir, c’est le but du Carême.

Et Paul le disait très bien dans notre deuxième lecture : c’est pas parce que rien n’est allé correctement jadis que tout va mal aller, à nouveau, la prochaine fois. On a le droit de ne pas refaire les mêmes erreurs qu’on faites nos ancêtres !

Ce n’est pas parce qu’Adam et Eve ont cédé une fois au Tentateur, comme nous le racontait la première lecture, que nous sommes condamnés à lui céder éternellement. Il y a un nouvel Adam, Jésus, qui a tout pris sur lui, sur le bois de sa croix pour que nous libre de ce péché des origines. Avec Dieu, rien n’est inéluctable.

Et l’Esprit, que nous avons reçu à notre baptême, nous accompagne dans chacun de nos déserts.

Pour nous rappeler que nous pouvons nous en sortir, que nous ne sommes pas obligés de trébucher sur les pierres sur lesquelles nous avons déjà buté auparavant.

Il n’a pas du tout PERDU la tête, il PREND la tête de notre expédition, au contraire. C’est lui qui nous guide. Il sait très bien que les déserts sont des lieux de tentations, de mauvaises rencontres, mais il sait aussi que les déserts de nos vies sont des lieux d’apprentissage, de progression, des lieux qui – si on prend la peine de les traverser avec lui – nous rendent adultes, nous font mûrir.

« Ce qu’il y a de beau, dans le désert, disait le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part… »

… Ce qu’il y a de beau, dans le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part… 

Laissons-nous donc conduire par l’Esprit-Saint dans le désert du Carême. Car ce désert cache, lui aussi, un puits, une source d’eau-vive qu’on appelle la Résurrection.

Nous y parviendrons dans une quarantaine de jours. Et d’ici-là l’Esprit guidera nos pas et, comme pour Jésus, il nous aidera à ne pas céder au Tentateur.

Alors… que l’Esprit-Saint vous accompagne, Chers Amis, dans le désert du Carême ! Mieux : qu’il vous y conduise, pleinement !

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Les Diablerets, 25 février 2023, 17.00

Clarens, 26 février 2023, 9.30

et, dans une version légèrement différente :

Les Collons, samedi 4 mars 2017, 17.00

Evolène, dimanche 5 mars 2017, 10.30

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