Ce Cher Théophile…

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Homélie pour la solennité de l’Ascension, Année A

Actes 1,1-11 / Psaume 46 / Ephésiens 1, 17-23 / Matthieu 28, 16-20

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

J’aimerais d’abord vous parler de la première lecture que nous avons entendue.

Elle est prise tout au commencement du livre des actes des apôtres. Ce livre que nous avons lu pendant tout le temps de Pâques. Et elle nous raconte, bien sûr en cette fête, elle nous raconte l’Ascension de Jésus.

Mais il faut parfois le rappeler, l’auteur des actes des apôtres, c’est Luc. C’est le même qui a écrit l’évangile selon Saint Luc. Les actes sont en quelque sorte le « volume deux » de l’œuvre de Luc. Et si vous avez fait attention, le texte que nous avons entendu le disait très bien, puisqu’il commençait en disant : « Cher Théophile, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce qu’a fait Jésus, etc etc… »

« Dans mon premier livre… »

Jusque-là tout va bien mais… on pourrait se poser la question : qui est ce « cher Théophile » ?

Et la réponse est troublante : on n’en sait rien. C’est un météore. On ne sait rien de lui, on n’en entend plus parler.

Ce qui fait dire à certains théologiens, et je m’inscris volontiers à leur suite, que Théophile, c’est chacune et chacun de nous puisque – vous le savez – « Théo-Phile », ça veut dire « celui qui aime Dieu ».

Une manière pour Luc de nous dire : « Est-ce que tu aimes Dieu ? Eh bien alors ce texte est pour toi. Écoute bien. »

Relire le livre des Actes des Apôtres à cette lumière-là change tout. Parce qu’alors, si nous aimons Dieu, voilà ce qu’il nous faut faire, accomplir, croire.

Luc indique que, dans son premier livre, l’Evangile, il a raconté les faits et gestes de Jésus jusqu’à ce qu’il leur soit enlevé au ciel. Et ce deuxième livre, les Actes, commence par raconter ce même événement. Si vous lisez l’Evangile et les Actes, vous allez entendre deux fois l’Ascension : une fois à la fin de l’Evangile, une fois au début des Actes.

Une manière pour Luc de nous dire : « ça, c’est un événement essentiel, c’est la charnière entre mes deux livres. » Il y a l’histoire de Jésus sur terre. Et puis il y a l’histoire de ceux qui l’aiment sur terre.

Au fond, c’est la charnière entre le temps où Jésus est présent en chair et en os, et le temps où il est présent différemment, mais toujours là. C’est la prodigieuse finale de l’Évangile de Matthieu que nous avons réentendu tout à l’heure également, en Evangile : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Ce sont les derniers mots de l’Évangile de Matthieu.

Nous avons donc deux témoins parmi les plus fiables, Luc et Matthieu, qui nous disent : « Ce que vous vivez aujourd’hui, ce que nous fêtons aujourd’hui, c’est une étape ! Ce n’est pas la fin ! »

On pourrait le croire si on se met à la place des disciples et qu’on le voit s’élever dans les airs. On pourrait se dire : « Mais alors tout est fini ! » Non, c’est une étape, c’est juste une étape du chemin.

C’est la fin du ministère terrestre de Jésus. Mais Dieu sait qu’il continue d’agir.

Et puis c’est aussi à nous d’agir, ensuite. Car voilà où se trouverait le piège de l’Ascension : nous pourrions très bien rester comme les disciples, les yeux levés au ciel.

Et un de mes confrères ne l’écrivait d’ailleurs ce matin : « Gardons les yeux au ciel ! » Ben non, justement non ! C’est précisément ce que nous demande le texte que nous avons entendu : « Ne restez pas les yeux au ciel ! » Surtout pas ! Ce n’est pas le but de l’Ascension.

Et là aussi, c’est très intéressant ! Parce que ce sont deux hommes en blanc qui viennent dire ça aux disciples – ne restez pas les yeux en l’air.

Deux hommes en blanc, pour quelqu’un qui vient de relire l’Évangile de Luc, ça fait « Tilt » ! Nous, bien sûr, on n’a pas eu le temps ce matin de relire la fin de l’Evangile de Luc mais que se passe-t-il au tombeau ? Dans l’Evangile de Luc, deux hommes en blanc viennent dire aux disciples : « Qu’est-ce que vous restez là, à regarder par terre ? »

Intéressant ! Il s’agit donc ni de rester les yeux en l’air ni de rester à regarder par terre. Il faut repartir dans nos vies.

Ne repartez pas tout de suite, hein. Restons encore à célébrer un peu !

Mais il nous faut repartir. Il nous faut aller porter la Bonne Nouvelle. Et c’est aussi ce que l’Évangile de Matthieu d’aujourd’hui nous disait : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples ! »

Notre mission est donc immense. Si on essaie d’y répondre, si on essaie d’aimer Jésus comme Théophile ! « De toutes les nations faites des disciples… »

Ça a pas trop mal réussi, hein ! Ils étaient douze, on est deux milliards et demi. Ça va !

Vous me direz : « Il y en a encore quelques milliards à convaincre, hein ! On est huit milliards sur la terre ! »

Mais enfin 2 milliards et demi, c’est pas mal.

Mais avec le nombre, le défi reste le même. C’est celui de notre deuxième lecture, la lettre de Paul aux Ephésiens. Ce Paul qui nous dit, à nous, à Bex ce matin : « Frères et Sœurs, que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle, qui vous le fasse vraiment connaître ! Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur ! »

Alors on a envie de dire à Paul : « Bah c’est bon. L’Esprit, on l’a reçu ! On l’a reçu en confirmant notre baptême. On l’avait même déjà reçu à notre baptême ! »

C’est vrai, nous avons reçu l’Esprit, ses sept dons, notamment la sagesse, comme le disait Paul, et elle nous révèle Dieu. C’est juste.

Mais est-ce que nous le connaissons vraiment ? Est-ce que les yeux de notre cœur, dont parlait Paul, sont ouverts ?

Eh bien ça, c’est un travail de tous les jours, je crois.

On peut venir ici par habitude pour prendre la petite hostie, les yeux grands ouverts, mais les yeux du cœur tout fermés. Et alors là, l’Esprit n’y peut rien !

C’est nous qui activons l’Esprit que Dieu a mis en nous. C’est nous qui activons cette force gigantesque, sans laquelle on ne peut pas parcourir le monde entier pour proclamer sa Bonne Nouvelle.

Tâchons donc d’activer l’Esprit par notre prière, par notre participation aux sacrements, comme ce matin !

C’est ainsi, alors, que nous aurons la force de vivre de cet Esprit. C’est ainsi que nous aurons les yeux du cœur ouverts. C’est ainsi que la sagesse, que cet Esprit a mise en nous, nous fera connaître Dieu et nous permettra de le faire connaître aux autres.

Ne restons donc ni les yeux levés au ciel, ni les yeux à terre, mais avançons dans nos vies avec cette force qu’est l’Esprit ! Et en n’oubliant pas de l’activer régulièrement !

Ainsi, nous ferons droit au message de l’Ascension et le Christ, lorsqu’il reviendra, aura de quoi être fier de ce que nous avons fait, bien humblement, pour offrir sa parole au monde.

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Bex, jeudi 18 mai 2023, 10 h. 00

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