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Homélie pour le 6e dimanche de Pâques, C
Actes 15, 1-2.22-29 / Psaume 66 / Apocalypse 21,10-14.22-23 / Jean 14,23-29
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Il y a une phrase que vous dites à plusieurs reprises à la messe… et trop souvent sans vraiment y penser, de façon un peu automatique. Cette phrase se trouve avant chacune des quatre grandes parties de la messe.
Quelle est cette phrase ? Vous avez une idée, cette phrase que vous répétez plusieurs fois à la messe ? …Et avec votre Esprit !
Et avec votre Esprit… D’ailleurs, si on tutoie le prêtre dans la vie courante, est-ce qu’on a le droit de dire « et avec TON Esprit », du coup ? …
Mais bien sûr que si ! Bien sûr que si. C’est tout à fait autorisé.
Et d’ailleurs je vous le signale au passage que la langue française est l’une des seules langues au monde dans laquelle on vouvoie le prêtre à la messe ! En allemand, en anglais, en italien, en espagnol, en portugais, on dit : « et avec TON Esprit, qu’on le tutoie dans la vie courante ou pas.
Quand il y a des gens qui me disent : « Oh, avec Vatican II, ces gens qui tutoient les prêtres, moi je préfère revenir au latin ! » Eh ben pas de bol, en latin, on tutoie le prêtre ! « Et cum spiritu TUO », même si c’est le Pape, hein ! Si vous allez célébrer sur la place Saint-Pierre à Rome, vous dites « et cum spiritu TUO » à Léon, vous lui dites « tu » en latin.
Il n’y a qu’en français qu’on dit « vous » à la messe au prêtre… mais sentez-vous libres de continuer si vous voulez, hein !
Ce qui compte, c’est pas tellement le tutoiement ou le vouvoiement, c’est d’avoir conscience de ce que cela veut dire.
Qu’est-ce qu’on dit, dans ce dialogue étonnant ? Quand je vous dis « Le Seigneur soit avec vous ! » et que vous répondez « Et avec votre Esprit ! », qu’est-ce que ça signifie ?
Quand je dis « Le Seigneur soit avec vous ! », je dis « Soyez attentifs et je souhaite que le Seigneur vous aide à être bien attentifs, car c’est un moment important ! »
Et vous répondez : « Eh bien il a intérêt à être avec toi aussi, le Seigneur, parce que ce que tu t’apprêtes à faire est important ! »
Et oui, c’est ça que l’on dit dans ce dialogue !
C’est pour cela qu’il vient à chacune des quatre grandes parties de la messe, au début, au moment où l’on s’accueille, juste avant de demander pardon, de louer le Seigneur et de prier.
Puis dans la deuxième grande partie, celle que nous vivons actuellement, la liturgie de la Parole, le dialogue ne vient pas avant la première ou la deuxième lecture, mais avant l’Évangile pour bien dire que c’est le texte le plus important. C’est pour ça qu’on l’écoute debout d’ailleurs.
Puis ensuite, tout à l’heure, on redira ce dialogue avant la Préface, au moment de la Prière Eucharistique, pour dire : « Attention, la troisième partie, la partie de l’Eucharistie est importante aussi ! »
Et puis, à la toute fin, au moment où vous êtes envoyés dans le monde pour continuer en actes ce que vous avez entendu ici au moment de l’envoi, on redit « Le Seigneur soit avec vous ! » – « Et avec votre Esprit ! »
Mais en réalité, il y a un cinquième moment où vous le dites… Mais, c’est pas évident à trouver parce que ce n’est pas la même chose que le prêtre vous dit. Il dit : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ! » et vous répondez « Et avec votre Esprit ! ». Un moment très important aussi, le moment où nous allons nous donner la paix du Seigneur. Le geste de paix que nous referons tout à l’heure.
Pendant le COVID. On devait se tenir à distance comme ça… On est tous contents de pouvoir se resserrer la main, de pouvoir s’embrasser à nouveau au moment du geste de paix.
Mais il ne faut pas oublier que ce geste, c’est bien autre chose que de se serrer la main ou de s’embrasser !
On ne se dit pas « Bonjour » quand on se donne la Paix du Christ.
Et ça, l’évangile d’aujourd’hui le disait très bien. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix », disait Jésus. Une phrase que le prêtre vous dit aussi à ce moment-là.
Mais il continuait, Jésus avec la suite que vous n’entendez pas à la messe. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne », dit Jésus.
Ça vient bien dire que ce n’est pas simplement se serrer la main ou s’embrasser, ça c’est le monde ! Mais se donner la paix du Christ, c’est autre chose.
Se donner la paix au nom du Seigneur, c’est beaucoup plus large, c’est beaucoup plus profond que simplement donner ma paix – à moi – à celui qui ou à celle qui est à côté de moi.
Peu importe d’ailleurs qu’on connaisse ou non cette personne, peu importe même qu’on soit en paix ou non avec la personne qui est à côté de nous. Parce que c’est la paix du Christ que je vais lui donner. Ce n’est pas la mienne.
Et ça peut être même très beau si je ne suis pas en paix avec la personne qui est à côté de moi… que je suis peut-être même incapable de lui donner ma paix… mais je vais lui donner la paix de la part de Dieu, je vais lui donner la paix du Christ ! Et sans doute cela m’aidera-t-il un jour à donner ma paix à moi…
C’est exactement comme dans notre première lecture, le Livre des Actes : plutôt que d’enfermer les gens dans une règle. Il faut leur donner du large.
Enfermer les gens dans la règle de la paix, ça serait dire : « Vous êtes Chrétien, vous devez pardonner à tout le monde et vous devez donner la paix à chaque personne qui est là, à côté de vous ! Ben oui, mais on est des êtres humains d’abord !
C’est bien ce que disent les apôtres dans la première lecture : ce sont des êtres humains calmons-nous ! Ne leur appliquons pas la règle au pied de la lettre. Pour la paix, commençons par donner la paix qui vient de Dieu. C’est déjà merveilleux.
Nous, les Chrétiens, nous pouvons – à chaque personne que nous côtoyons – donner la paix de la part de Dieu. Ça ne veut pas encore dire qu’on donne la nôtre, mais c’est déjà extraordinaire de donner la paix à quelqu’un de la part de Dieu !
Et c’est aussi en donnant la paix de Dieu à nos prochains que nous construisons la cité du ciel, la Jérusalem d’en haut, cette ville dont nous parlait la deuxième lecture.
Je crois, Chers Amis, que le monde a tellement besoin que les êtres humains vivent en paix, que c’est aussi à nous, Chrétiens, de commencer par porter au monde la paix de Dieu, la paix du Seigneur. En commençant par nous la donner entre nous, bien sûr, cette paix du Seigneur dont on souhaite qu’elle soit toujours avec vous et dont vous souhaitez qu’elle soit également avec mon Esprit.
Alors que les gestes que les paroles que nous posons à la messe ou ailleurs ne soient jamais de banales habitudes automatiques !
Cherchons-en le sens, ne croyons pas le connaître trop vite… La preuve : vous ne saviez pas qu’on pouvait dire « et avec TON Esprit » et que dans toutes les autres langues on le dit..
Renseignons nous sur ce que nous faisons à la messe. Creusons un peu nos gestes, nos habitudes et que ces gestes et ces habitudes soient toujours habités par notre désir de souhaiter la paix à qui on a besoin.
Alors, Chers Amis, que le Dieu de la Paix vous bénisse Chacune, Chacun !
Amen.
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Champex, samedi 24 mai 2025, 17.00
Villars s/ Ollon, dimanche 25 mai 2025, 10.00 (version enregistrée)
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