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Homélie pour la solennité de l’ASCENSION, C
Actes 1, 1-11 – Psaume 46 – Hébreux 9,24-28 ; 10,19-23 / Luc 24,46-53
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Si vous avez bien écouté les lectures, Chers Amis,
vous n’avez pas rêvé, vous avez bien entendu deux fois le récit de l’Ascension de Jésus au ciel.
La première fois dans la première lecture que nous a lu Jean-Noël. Un extrait du tout début du livre des Actes des Apôtres. Et la seconde dans l’Évangile que nous venons de réentendre, pris tout à la fin de l’évangile de Luc.
Pour bien comprendre cela, il faut peut-être que je vous redise – ou que je vous apprenne – que ces deux textes ont le même auteur.
L’évangile de Luc a été écrit par Luc, bon, ça, vous n’allez pas tomber de votre banc en l’apprenant ! Mais le livre des Actes des Apôtres aussi a été écrit par Luc. Et ça, c’est moins connu.
Les Actes des Apôtres sont un peu, en quelque sorte, le volume 2 de l’évangile de Luc.
Un indice de cela se trouvait d’ailleurs au tout début de notre première lecture, puisque le tout premier verset que vous avez entendu disait : « Cher Théophile, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel… »
« Dans mon premier livre »… C’est Luc qui parle et il parle de son évangile en disant cela.
Autrement dit, nous avons dans la collection des œuvres complètes de Luc le volume 1 qui va de la naissance de Jésus – et même un peu avant – jusqu’à l’Ascension. Et le volume 2 qui s’appelle les Actes des Apôtres, qui part de l’Ascension et qui raconte tout ce qu’ont fait les premiers Chrétiens.
Au fond, l’Ascension est un peu la charnière entre l’Évangile et les Actes, la charnière entre le temps où Jésus est présent en chair et en os, et celui où il est présent, mais différemment. Notamment par l’envoi de l’Esprit-Saint sur notre monde, ce que nous fêterons dimanche-en-huit.
Pour être complet, il faudrait un volume 3.
Qui raconte les faits et gestes des Chrétiens aujourd’hui, après la vie des tout premiers disciples et jusqu’au retour de Jésus.
Ce sera un volume assez considérable. Il a déjà 2000 ans de contenu, ce volume ! Et qui sait… il en aura encore peut être 2000… Tout dépend quand le Christ reviendra !
Ce jour où il reviendra nous sauver, c’est ce dont nous parlait notre deuxième lecture, la lettre aux Hébreux. Il reviendra nous sauver tout en regardant le volume 3, en regardant ce que nous avons fait, en attendant son retour. Ce que nous avons fait, aussi, de l’héritage qu’il nous a laissé.
C’est ça le volume 3. Nous sommes en train de l’écrire maintenant. Vous êtes venus l’écrire ce matin.
Que faisons-nous de cet héritage que Jésus nous a laissé depuis deux millénaires ?
Ben on fait ce qu’on peut ! Enfin je sais pas vous, mais moi en tout cas je fais ce que je peux ! C’est pas toujours facile d’appliquer « Aimez-vous les uns les autres », hein !
C’est pas toujours simple. C’est un travail de tous les jours. C’est chaque matin que nous devons redire « oui » à notre Seigneur. C’est chaque matin que nous devons à nouveau convertir nos cœurs.
Pour ce travail, nous avions quelques pistes dans nos lectures d’aujourd’hui.
Tout d’abord, vous l’avez sûrement remarqué, la première lecture commençait par « Cher Théophile »… C’est qui, celui-là ?
On n’en parle pas après. On n’en parle pas avant. Est-ce que c’est un neveu de Luc, un cousin… ?
Peut-être une personne qui a réellement existé et qui portait ce prénom, mais alors là on a un léger problème parce qu’on en a aucune trace.
Mais c’est peut-être aussi un symbole.
Parce que « Théophile », ça signifie « Celui qui aime Dieu »…
Comme si Luc nous disait : « Tu aimes Dieu ? Alors ce livre est pour toi. C’est pour ça que j’ai marqué ‘Cher Théophile,’ au début : ça s’adresse à toi, toi qui aime Dieu, toi qui entends être son disciple. C’est pour toi que j’ai écrit ce livre. À toi d’en faire quelque chose. ! »
L’Ascension que nous fêtons aujourd’hui est donc racontée deux fois, comme je vous le disais : à la fin de l’évangile de Luc et au tout début du livre des Actes, après qu’il l’ait adressé à Théophile.
Pour que Luc raconte cela deux fois, il faut que ce soit essentiel !
C’est aussi une manière de nous encourager à lire le 2e volume… Les séries télévisées n’ont strictement rien inventé, hein ! On vous montre un petit quelque chose à la fin de l’épisode 1, qui vous donne envie absolument de voir l’épisode 2… Et puis, pour être bien sûr que vous l’avez en tête, on reprend ce petit quelque chose au début de l’épisode 2.
Vous voyez, c’est dans la Bible. Les séries télévisées n’ont rien inventé.
Mais l’Ascension, ce n’est pas que cela, c’est une étape. C’est la fin du ministère de Jésus sur cette terre… et après c’est à nous d’agir jusqu’à ce qu’il revienne. « Agir », d’où le titre du livre, les ACTES des Apôtres.
Et voilà où se trouve le piège de l’Ascension !
Nous pourrions très bien, surtout dans notre belle région, rester les yeux levés vers le ciel, surtout quand il est bleu comme ce matin. On pourrait très bien rester les yeux levés vers le ciel : Jésus est monté et puis on attend de le voir redescendre.
Mais précisément, vous l’avez entendu, on nous demande de ne pas rester les yeux levés vers le ciel. Ce sont deux anges vêtus de blanc qui disent : « Galiléens, qu’est-ce que vous avez à rester les yeux levés vers le ciel ? » Sous-entendu : « En route ! Il faut repartir maintenant ! »
Là où ça devient très intéressant, c’est que dans l’Évangile du même Luc, il y a aussi deux anges blancs. Vous ne les avez pas entendu ce matin, c’est dans un autre épisode.
Rappelez-vous… au tombeau… il y a deux anges blancs, au tombeau. Et que disent ces deux anges aux disciples qui viennent voir que le corps n’est plus là ? Ils leur disent : « Qu’est-ce que vous avez à regarder vers le sol ? »
Intéressant !
Les deux mêmes anges blancs nous disent : « Il ne s’agit pas de rester à regarder vers le ciel, il ne s’agit pas non plus de rester à regarder vers le sol. » Regardez quand même où vous mettez les pieds, hein, ça vaut mieux ! Mais enfin, la seule direction possible, c’est : en avant !
« À vous maintenant d’être des témoins », disait ce texte, ce matin.
Et je termine avec cela : dans une course-relais – vous avez déjà vu cela aux Jeux Olympiques, bien sûr – dans une course-relais, quand on se passe le témoin, eh bien on a intérêt à regarder en avant ! Parce que si, au moment où vous allez passer le témoin, vous regardez le ciel où vous regardez par terre… vous allez louper celui qui attend votre témoin.
Il y a intérêt à regarder en avant quand on se passe le témoin.
Si nous voulons être le témoin, les témoins du Christ, nous avons intérêt à regarder vers l’avant, à ne pas laisser les yeux levés au ciel en attendant qu’il revienne, à ne pas garder les yeux à terre en nous lamentant. Mais à poursuivre notre marche vers l’avant.
Notre rôle sur la terre, celui d’être des témoins, c’est celui que nous devons endosser maintenant.
À nous de faire des disciples de toutes les nations, à nous de poursuivre l’écriture de ce volume 3 en transmettant à nos enfants ce que nous avons nous-mêmes reçu, en passant le témoin, en poursuivant le chemin jusqu’à ce que Jésus revienne.
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Bex, jeudi 29 mai 2025, 10.00 (version enregistrée)
Et dans une version fort semblable jadis :
Les Diablerets, jeudi 26 mai 2022, 18.00
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