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Homélie pour le Dimanche des Vocations
NB : cette homélie n’a été prononcée qu’à la radio. On peut l’écouter ici :
Chers Amis,
Bienvenue en ce temps de célébration !
J’aimerais vous parler d’une pelle et d’une pioche… mais d’une manière un petit peu particulière !
La pelle… c’est l’appel du Seigneur. Oui alors évidement ce n’est pas tout à fait juste de dire que je vous parle d’une pelle… je vous parle de l’appel du Seigneur.
Vous avez repéré le jeu de mots, bien sûr. L’appel. L’APPEL évidemment.
L’appel du Seigneur et la pioche. La pioche que fait le Seigneur aussi en piochant dans notre monde les personnes qu’il appelle. « Bonne pioche » ou « mauvaise pioche », comme on disait dans nos jeux de société, nos jeux de cartes où il s’agissait de piocher une carte pour avoir une bonne main ou une mauvaise main, ça dépendait des fois…
Le Seigneur appelle, donc. Ce dimanche est souvent vu du côté de mes frères et sœurs catholiques comme le dimanche des vocations.
Vous savez peut-être que ce mot – vocations – vient d’un verbe latin (vocare) qui signifie précisément « appeler ».
Ces vocations dont on imagine souvent qu’il s’agit des vocations religieuses… mais pas du tout ! Les vocations, c’est très-très large ! une vocation, c’est ce à quoi l’on est appelé dans notre vie. Appelé par Dieu, croit-on du moins dans notre foi.
Médecin de campagne, c’est une vocation. Aujourd’hui plus qu’hier. Que dire des infirmiers, des infirmières, des assistants, des assistantes en soins qui sont parfois payés des clopinettes pour un horaire démentiel…
Si ça, ce n’est pas une vocation… à moi la peur !
Que dire aussi d’autres vocations qui ne sont pas des métiers : parent, époux, épouse, ce sont des vocations, évidemment. Tout le monde n’est pas appelé à cela.
Il faut des charismes particuliers pour être parents. J’admire beaucoup celles et ceux parmi vous qui sont des parents. Je trouve que c’est une des plus belles vocations qui soient… mais qu’il est bien difficile d’y répondre aujourd’hui, à cette vocation si particulière.
L’appel de Dieu est donc une manière de nous faire signe. Et Dieu appelle. Il appelle aujourd’hui tout autant qu’hier.
Je suis toujours surpris lorsqu’on parle de « crise des vocations ». Alors on en parle très souvent en termes religieux : il y aurait moins de pasteurs, moins de prêtres aujourd’hui qu’hier. Et c’est sans doute vrai.
Mais peut-on parler pour autant d’une crise des vocations ? Mais ce serait épouvantablement gonflé de supposer un seul instant que Dieu appelle moins aujourd’hui qu’hier !
Car la vocation, c’est bien cela : c’est l’appel du Seigneur. Si l’on estime qu’il y a une crise des vocations, on estime, de par le fait, que Dieu appelle moins.
Mais de quel droit estimons-nous cela ?
Il n’y a aucune crise des vocations ! Il y a une crise des réponses, ce n’est pas tout à fait la même chose. Et ce dans toutes les vocations !
Il y a une crise des réponses parce qu’il y a une crise de l’engagement de longue durée, aujourd’hui. Et qui plus est de l’engagement désintéressé.
Il y a peu de gens aujourd’hui qui acceptent de soigner leur prochain dans des conditions dantesques et pour très-très peu d’argent. Et pourtant il en faut, des infirmiers, des infirmières, des assistantes, des assistants en soins.
Il y a très peu de gens aujourd’hui qui acceptent de conduire une communauté religieuse. Surtout vu comme ces personnes sont traitées dans nos journaux ! Et pourtant, il en faut.
C’est donc une crise des réponses à laquelle nous faisons face. Et on peut se poser la question : d’où vient-elle, cette crise des réponses ?
Est-ce que nous aidons vraiment nos jeunes à répondre à leur vocation ?
Est-ce qu’un jeune qui vient trouver ses parents en disant : « Eh bien moi, je serai infirmière ! », on n’est pas en train de lui dire : « Ouh là là… tu devrais quand même choisir un métier qui te permette de vivre un petit peu mieux. »
Je connais des parents qui répondraient comme cela. Est-ce une manière d’aider nos jeunes à répondre à leur vocation ?
Sans parler des vocations religieuses ! Une brave paroissienne me disait un jour : « Vous savez, moi je prie pour les vocations, hein ! Je prie pour vous les prêtres ! Je prie pour que nos communautés aient des personnes à leur tête !… Ah mais pas dans ma famille, ah non, alors ça… mes enfants, ils feront autre chose mais surtout pas ça ! »
Eh bien voilà une magnifique manière de boucher la route à coup sûr à toutes les vocations qu’elles soient religieuses ou non.
Chers Amis, essayons d’encourager nos jeunes et même nos moins jeunes à répondre aux appels de Dieu.
Quand Dieu appelle, il appelle très souvent avec ses critères à lui, qui ne sont pas forcément les critères du monde.
S’il appelait avec les critères du monde, il ferait bonne pioche à chaque fois. Mais ses critères à lui sont très différents !
Voyez les personnes qu’il a appelées tout au long de la Bible ! Abraham, un vieillard, pour avoir une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, on a envie de dire : « Seigneur, je ne sais pas si vous connaissez bien la maniclette mais ça va pas être possible, hein ! Ou en tout cas, ça va être très difficile ! » Et ben pourtant : bonne pioche.
Il appelle tellement de personnes qui sont des erreurs de casting selon les critères du monde… Regardez simplement les disciples de Jésus : c’est une bande de bras cassés : Matthieu, le collecteur d’impôts, Pierre le renégat, sans parler de Judas !
Il les appelle ! Et c’est Pierre qui a renié trois fois le Christ sur qui Jésus va construire son Eglise…
Ça dit quelque chose de nos manières, aussi, de répondre aux vocations du Seigneur.
Si nous ne sommes pas faits – à vues humaines – pour ce que le Seigneur nous propose, c’est plutôt bon signe !
Si notre première réaction, c’est de dire : « Oh là là, Seigneur, vous vous êtes trompé : pour ce job il faut quelqu’un d’autre que moi ! »… eh bien c’est ce que la plupart des appelés bibliques répondent au Seigneur !
Moïse, par exemple, lorsqu’il est appelé par Dieu, répond qu’il est bègue ! Et donc que, comme porte-parole divin, on peut rêver mieux ! Il n’est pas fait pour cela. Et pourtant : quel porte-parole fantastique sera Moise !
Le prophète Isaïe, lui, objecte son propre péché : « Je suis un homme pécheur, Seigneur, je ne peux pas être un prophète ! » Et pourtant, ce sera l’un des plus grands prophètes, sinon le plus grand.
Vous voyez, Chers Amis, à vues humaines nous ne sommes souvent pas faits pour ce que Dieu attend de nous. Et pourtant, dans sa vision à lui nous sommes parfaits.
Aux yeux du monde, il y a mauvaise pioche. Mais aux yeux de Dieu il y a bonne pioche lorsqu’il appelle.
Laissons-nous donc appeler par le Seigneur dans nos vocations respectives. Et surtout, surtout, aidons les plus jeunes d’entre-nous à répondre aux appels de Dieu.
Car croyez-moi : n’y a aucune crise des vocations ! Dieu continue d’appeler. Que ce soit pour des vocations communautaires, que ce soit pour des vocations différentes comme celle d’époux, d’épouse, de parents, que ce soit pour des métiers vocationnels – on parlait du personnel de santé, notamment. Il continue d’appeler. A coup sûr !
Qui sommes-nous pour supposer qu’il appelle moins aujourd’hui ?
Simplement nos jeunes ont de la peine à répondre. Alors, de grâce, aidons-les ! Aidons nos jeunes à répondre à leur vocation !
Lorsqu’ils suggèrent qu’ils vont faire tel ou tel métier, émerveillons-nous, quel que soit le métier : « Magnifique, je vais t’aider dans cette voie que tu prends ! Si tu penses que ça, c’est fait pour toi, eh bien je vais t’aider ! »
Voilà une manière de les soutenir, d’accueillir la vocation qu’ils ont sentie, qu’ils ont reçue. Elle vient de Dieu la plupart du temps.
Eternel, notre Dieu, je te prie pour que tu continues d’appeler. Mais je suis sûr que c’est le cas. Je te prie surtout pour que nous puissions répondre à tes appels. Pour que notre monde donne leur chance à tant de personnes afin qu’elles répondent à tes appels.
Je te prie aussi de bénir chaque personne qui écoute ce message, dans le Nom de Jésus, ton Fils, Amen.
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Radio R, dimanche 8 mai 2022, 9 h.
Lude Dominique
Un immense MERCI à vous, abbé Vincent! Encore une fois je suis totalement enthousiasmée par votre homélie, et je ne manquerai pas de vous citer lors de nos prochains conseils de communauté et de paroisse: « il n’y a pas une crise des vocations, mais une crise des réponses ». Je n’y avais jamais pensé! J’espère que beaucoup vous ont entendu dimanche à la radio!!