Football et Foi

Classé dans : Homélies, Méditer | 1
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Homélie pour le 19e Dimanche TO, A

1Rois 19,9a.11-13a / Psaume 84(85) / Romains 9,1-5 / Matthieu 14, 22-33

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Vous le savez, j’espère, en ce moment, en Australie et en Nouvelle-Zélande, se joue la coupe du monde de football féminin. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura pas la France en finale, ça, depuis hier c’est plié. Mais je gage qu’il y aura de nombreux spectateurs sur place pour la finale le week-end prochain.

Les coupes du monde de football n’ont pas lieu chaque année, ce sont des événements mondiaux, il est logique qu’il y ait du monde le dernier jour, n’est-ce pas ?

D’ailleurs combien y avait-il de spectateurs à la finale de la dernière coupe du monde de football masculine, au Qatar, l’automne dernier ? Vous savez ? Vous n’avez même pas une idée… ? Un petit nombre comme ça ?

Alors je l’ai, j’ai vérifié : il y avait 88’966 spectateurs précisément. Allez, arrondissons : 89’000 spectateurs. Nos médias nous parlent d’ailleurs de la coupe du monde de tous les records en nombre de spectateurs.

Vous le savez aussi, j’espère, le week-end dernier s’est terminée la Journée Mondiale de la Jeunesse 2023, un événement mondial qui n’a pas lieu chaque année, exactement comme les jeux olympiques ou les coupes du monde de football. Et cette année, c’était au Portugal.

Combien de personnes à la messe des JMJ dimanche dernier, au parc Tejo à Lisbonne ?

1 million et demi.

1 million et demi, c’est-à-dire 17 fois la finale de la coupe du monde de football ! Ça calme, hein ! 17 stades de la finale du Qatar… dont les médias nous disent que c’était la coupe du monde de tous les records !

Notre JMJ, par ailleurs, était une petite édition. Puisque, par comparaison, à la JMJ de 2013 au Brésil, sur la plage de Copacabana, ils étaient 3 millions !

3 millions, ça fait 34 fois la finale de coupe du monde de football du Qatar ! …et nos médias ont-ils fait 34 fois plus de place aux JMJ dans leurs colonnes ?

Pensez donc ! Le football est tellement plus important !

Faut dire aussi que les stars de football sont nettement mieux payées que le pape François !

Alors vous allez me dire : oui mais il y avait les spectateurs à la télévision, ça change tout, les téléspectateurs.

Bah non, parce que c’est la même chose. La messe des JMJ est toujours retransmise par de nombreuses chaînes de télévision dans le monde, tout comme la finale de la coupe du monde. C’était le cas dimanche dernier. Même chez moi, la petite télévision suisse a retransmis la messe du pape François. Et les messes télévisées, vous le savez bien, sont parmi les plus fortes audiences de nos télévisions – c’est d’ailleurs bien pour cela qu’elles n’osent pas les supprimer, parce que ça rapporte, la messe, à la télévision !

On peut poursuivre la comparaison football – foi catholique…

A Lisbonne, aucune de bagarre de supporters, aucun débordement, une logistique impeccable (j’ai vu en photo les dizaines et dizaines de malles contenant le million et demi d’hosties qui ont été parfaitement distribuées… allez tenter de distribuer gratuitement une bière à chaque spectateur de coupe du monde de football, sans provoquer de cohue, dans un climat de prière, je vous souhaite bien du plaisir !).

Mieux ! Samedi soir passé avait lieu la veillée de prière à Lisbonne. Avec l’adoration du Saint Sacrement, en silence. 1 million et demi de jeunes en silence pendant vingt minutes… c’était saisissant, j’ai vu les images, vous aussi mes Sœurs, je le sais, et peut-être parmi vous plusieurs les ont vues également !

Essayez dans un stade de foot de mettre la star de l’équipe au milieu du terrain et d’obtenir 20 minutes de silence de la part de celles et ceux qui l’adorent, là encore je vous souhaite bien du plaisir !

Où en venir avec tout cela ?

La présence de Dieu n’est pas dans le brouhaha d’une tribune de foot, mais dans la voix du silence de samedi soir passé, la voix du silence d’un million et demi de jeunes qui se taisent pour prier. Exactement comme pour Elie sur la montagne jadis, c’était notre première lecture, Dieu n’est pas dans les grands bouleversements de notre monde, il est là où on ne l’attendait pas. Dans le silence.

Et comme Paul le rappelait dans la deuxième lecture : ceux qui ont tout, en apparence, la gloire, la fortune, la chance, les honneurs, n’ont en fait rien du tout. La présence de Dieu se fait là où le monde et sa vaine gloire sont à mille lieues de le chercher.

Alors, je ne veux pas opposer davantage football et foi davantage, car bien des footballeurs ont une foi profonde.

Je pense par exemple au joueur français Olivier Giroux. L’exemple est d’autant plus intéressant que, vous le savez peut-être, Olivier Giroux a voulu adresser un message aux 40’000 jeunes français partis aux JMJ.

Et son message – que la plupart de vos médias n’ont pas relayé non plus, son message était magnifique.

Il leur a dit qu’ils sont un signe d’espérance pour nous tous. Il leur a demandé de ne pas avoir peur de vivre profondément leur foi, de ne pas avoir peur de prier, de ne pas avoir peur d’écouter Dieu dans le silence. Il a poursuivi en disant : « Jésus donne un sens à ma vie, je sais qui je suis, je sais où je vais, j’ai confiance en Lui. Il s’est fait proche de moi, Il est présent dans les bons comme dans les mauvais jours. Suivre Jésus me donne la force, la joie, le mental, la sérénité donc la paix. »

Et il concluait ainsi son message : « Oui je peux dire comme le psaume 23 ‘L’Éternel est mon berger, je ne manque de rien’. Faites-vous des amis, devenez des athlètes de Dieu, écoutez sa Parole. Devenez des disciples missionnaires, assumez sereinement votre foi en Jésus. »

Ce sont les mots d’Olivier Giroux, footballeur. Magnifique n’est-ce pas ?

Ne pas avoir peur d’assumer, de prier, de s’engager, c’est aussi ce que le pape François a martelé aux jeunes en leur rappelant qu’il y a de la place pour tout le monde dans l’Eglise. « Pour moi, pour toi, pour TOUS. » a-t-il précisé, en leur faisant scander ces mots… pour moi, pour toi, pour tous !

L’Apôtre Pierre, dans notre épisode d’aujourd’hui, est loin de faire le fier dans sa barque. Pourtant, il y a de la place pour lui dans la barque, à tel point qu’il deviendra le chef de l’Eglise naissante, celui-là même qui a renié trois fois le Christ. C’est dire s’il y a de la place pour tous !

Mais dans l’épisode qu’on nous rappelait aujourd’hui, si Pierre a pris place dans la barque avec les autres, c’est à côté de la barque que le Christ l’appelle, au milieu de la tempête : « Viens ! Viens jusqu’à moi, Pierre ! »

Et on connaît l’ironie de la situation : Pierre, essaie de venir à Jésus en marchant sur les flots et dans un premier temps ça fonctionne ! Mais après quelques pas il commence à s’enfoncer dans l’eau, au point de supplier Jésus de le sauver.

Et pourquoi s’est-il enfoncé soudainement ? Le texte nous le dit : parce qu’il a eu peur, parce qu’il a manqué de foi.

La foi, le fait de l’assumer, de ne pas avoir peur, de s’engager, voilà ce que demandait Olivier Giroux aux jeunes, voilà ce qui nous fait faire des miracles. Pierre a commencé par marcher sur l’eau lui aussi.

Aux jeunes qui rentrent des JMJ, à leurs accompagnants, aux familles qui ont permis qu’il y aillent et qui les ont soutenus, il y en a peut-être parmi vous, je veux d’abord dire MERCI de l’avoir fait ! MERCI d’avoir été 1 million et demi dimanche dernier, 17 fois plus que la plus grande finale de coupe du monde de football !

Mais je veux dire aussi à ceux qui liront cette homélie sur internet comme ils en ont l’habitude sur mon site, de retour dans leurs paroisses : maintenant que vous avez repris de l’énergie à la source, maintenant que vous avez été confortés dans le fait que vous n’êtes pas seuls à croire, alors n’ayez pas peur de vous engager, d’assumer votre foi, de prier. Nous les prêtres, nous vos paroisses, vos lieux de vie, nous avons besoin de vous, de votre fougue, de votre imagination, de votre créativité, de votre audace, pour continuer d’annoncer Jésus au monde d’aujourd’hui, transi de peur.

Et à vous, Chers Amis, je vous rappelle ceci : si vous avez peur avec le monde, vous vous enfoncerez dans les eaux tempêtueuses du monde. N’ayez pas peur et vous surferez sur le monde, ayez confiance et vous accomplirez des miracles !

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Carmel de Bayonne, dimanche 13 août 2023, 8.30

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  1. nathalie

    Oui, la peur nous tire pas le fond alors que son absence nous donne une énergie qui nous permet d’avancer, même et surtout quand tout est désorganisé, opaque et que nous nous sentons totalement seuls et abandonnés. Nous ne sommes pas seuls, pas abandonnés. Il est là et sait se montrer pour nous, pour nous aimer et nous sauver. Faisons-lui confiance comme un courant immense qui nous relie les uns aux autres. Il nous répond toujours. Soyez bénis!

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