La barrière du parking

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Homélie pour la VIGILE PASCALE

Genèse 1 et 2, Exode 14, Ezékiel 36, Romains 6, Luc 24,1-12

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une impasse, au volant ? …Oh je vois à quelques hochements de tête que c’est une expérience commune à quelques-uns d’entre nous.

Involontairement bien sûr.

Vous roulez, vous roulez et tout à coup, hop, barrières, travaux, impossible de passer.

Il y a une forme d’impuissance qui nous saisit, dans ces moments-là, n’est-ce pas ?

On ne peut pas passer par-dessus la barrière avec notre véhicule. Il faut se rendre à l’évidence, on ne peut plus avancer.

Jadis, la mort, c’était cela. Et pour beaucoup de gens aujourd’hui encore, hélas, c’est cela. Une barrière infranchissable qui surgit, au moment où on s’y attend le moins.

On roulait tranquillement dans la vie et tout à coup, paf ! La barrière est là, on ne peut plus avancer.

Pour beaucoup de gens, pour bon nombre de nos contemporains, tout est fini au moment de la mort. Il n’y a plus de chemin possible, tout s’arrête.

Pas pour nous. Pas pour nous… Nous qui sommes croyants, nous savons bien que la mort est un simple passage.

Et vous savez, j’espère, que le mot « Pâques » vient précisément d’un mot qui signifie « passage ». « Pessah », en hébreu, qui a donné « paska » en grec et en latin signifie « passage ».

La nuit que nous sommes en train de vivre lève toutes les barrières. C’est un passage du tombeau au tabernacle, comme disait Claudel si joliment.

Alors je vous demande maintenant d’imaginer une autre barrière. Nous les connaissons bien aussi : une barrière d’un parking, payant. Un grand parking extérieur. Comme celui qui se situe devant l’hôpital de Rennaz par exemple, pour ceux d’entre vous qui connaissent.

Vous pouvez vous déplacer avec votre véhicule, à l’intérieur de ce parking. Il est assez vaste, d’ailleurs. Vous pouvez tourner un petit moment certains jours avant de trouver la place qu’il vous faut.

Comme d’ailleurs il nous arrive, dans nos vies, de tourner un petit moment avant de trouver notre place, notre vocation, la place que Dieu nous a réservée.

Et puis un jour vient le moment de sortir du parking. Il est important de régler nos dettes avant. C’est le ticket du parking.

On reprend le volant et on arrive à la barrière. En apparence, le passage est infranchissable, la barrière est là, elle est solide et elle est fermée.

Mais nous avons le ticket de sortie. Nous l’insérons et la barrière s’ouvre… et alors nous pouvons aller dans le vaste monde aussi loin que nous le permet notre plein d’essence.

Imaginez une personne qui a vécu toute sa vie dans un parking, aussi grand soit-il, et à qui on donne tout à coup un ticket pour sortir et qui peut enfin découvrir tout le reste… et qui découvre que le reste est infini, gigantesque !

Eh bien la vie éternelle, c’est cela.

Dans notre vie sur terre nous parcourons le parking, aussi grand soit-il. Nous y sommes à notre place.

Mais un jour nous découvrons le reste, infiniment plus vaste.

C’est ce que nous célébrons cette nuit, Chers Amis.

Nous avons réentendu ces textes fondateurs.

La lettre aux Romains, il y a quelques instants, parlait de la barrière du parking…

Alors là, vous allez me dire : « j’ai bien écouté Saint Paul, il ne m’a pas semblé qu’il parlait de parking ! » Vous avez raison.

Mais il parlait de la barrière à sa manière : « si nous sommes passés par la mort avec le Christ – avec le ticket de sortie – nous croyons que nous vivrons aussi avec lui ! »

L’Evangile, à l’instant, qui nous rappelait que notre espérance est avec les vivants et non avec les morts. Pourquoi chercher dans le parking ce qui se trouve à l’extérieur ?

Et puis nous avons entendu ces anciens textes fondateurs de la première Alliance, de la première partie de nos Bibles, de nos grands frères et grandes sœurs dans la foi, les Juifs.

Ces textes qui nous aident à comprendre que nous sommes dans un simple parking mais qu’il y a beaucoup plus au-delà.

Ezékiel, qui nous promet un cœur nouveau, un esprit nouveau.

Alors bien sûr nous interprétons très souvent ce texte d’Ezkiel comme préfigurant le baptême. Il est d’ailleurs souvent pris lors des baptêmes. Mais ce n’est dit nulle part qu’Ezékiel parle du baptême. Peut-être parle-t-il de la vie éternelle où nous recevrons un cœur nouveau, un esprit nouveau, où nous célébrerons la vie avec Celui qui est le Vivant…

Si Ezékiel nous parlait de ce qui nous attend dans l’au-delà ? J’aime bien cette interprétation… elle n’est pas de moi.

Et c’est intéressant lorsqu’on l’utilise pour réinterpréter les autres textes.

Parce qu’alors le passage de la mer Rouge, c’est bien sûr le passage de la mort vers la vie éternelle. Un passage – Pâque – qui n’est possible qu’avec Dieu, qu’avec la foi. Sans cela les roues de notre véhicule se faussent et nous n’atteignons jamais l’autre côté.

Et puis il y avait la Genèse… on aurait beaucoup à dire sur la Création de l’être humain et sur tout ce qui précède, comme le rappelait ce chapitre 2 que nous avons réentendu avec d’abord les herbes, puis les animaux et puis l’être humain.

On aurait aussi pu relire le premier chapitre, comme on le fait parfois lors de cette nuit sainte avec les sept jours de la Création, vous connaissez cela.

Et là encore, si nous les lisons avec cette clé – la barrière du parking – alors ça change tout parce que nous sommes encore au sixième jour.

Eh oui ! Le septième, le repos éternel, c’est de l’autre côté de la barrière.

Et comme le dit très bien un psaume : « A tes yeux, Seigneur, mille ans sont comme un jour. »

Reprenez les sept jours de la Création, vous verrez que tout est juste si chaque jour vaut plusieurs millions d’années.

Il y a d’abord la grande lumière, le Big Bang, étape numéro 1…

Et puis la masse informe qui a donné des étoiles et des planètes, étape numéro 2…

Et puis sur la nôtre de planète, l’eau dont parlait notre texte ce soir, qui laisse peu à peu sa place à la terre, étape numéro 3…

Puis le système solaire s’est peu à peu fixé – les scientifiques le disent, dans le même ordre ! – avec lui la Lune tournant autour de nous, et le soleil, étape numéro 4…

Et puis les biologistes et les zoologues nous indiquent qu’effectivement la vie animale a commencé dans l’eau et non pas sur la terre, exactement comme le dit notre Bible, étape numéro 5…

C’est seulement ensuite, comme le rappelait notre texte de ce soir, que vient l’étape de l’être humain, la 6e

Et je crois que nous sommes dans ce 6e jour. Pas encore dans le 7e

Le 7e jour, Dieu s’y trouve déjà, le Christ aussi, et nous y sommes attendus. C’est le jour du Grand Repos.

Le Christ nous ouvre, en cette nuit-même, à ce 7e jour qui nous attend, le temps du Shabbat, cette paix infinie qui nous attend de l’autre côté de la barrière.

Alors chers Amis, la prochaine fois que vous vous trouverez dans un parking, que vous insérerez votre ticket et que la barrière s’ouvrira, vous repenserez à tout cela.

Ça vous rendra les parking beaucoup plus sympathiques, désormais, vous verrez !

Joyeuse Pâques à Chacune, à Chacun !

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Aigle, samedi 16 avril 2022, 20.30

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