C’est Pâqu’un jeu d’enfants !

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Photo libre de droits : pixabay

Homélie pour la Solennité de Pâques

Actes 10,34a.37-43  /  Psaume 117  /  Colossiens 3,1-4 / Jean 20, 1-9

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

J’aimerais vous ramener dans la cour de récréation de votre enfance. Suivant pour qui, c’est un peu plus loin que pour d’autres, évidemment. Il y en a qui sont jeunes depuis plus longtemps que les autres.

Des fois, dans nos cours de récréation, inconscients que nous étions, on jouait à la guerre. Sauf qu’avec les enfants, la mort n’est valable que pour nous mettre sur la touche un petit moment. Et puis quelques minutes plus tard, on revient jouer.

    – Allez, on dirait que t’es plus mort, tu joues de nouveau !

Je vois à certains sourires que c’est une expérience qui nous est commune.

Les premières résurrections, finalement, on les vit à travers nos jeux d’enfants. Et on est tout content de pouvoir reprendre la partie. Et combien les enfants ont raison de faire en sorte que rien ne s’arrête jamais. Personne n’est éliminé pour de bon dans un jeu d’enfant, il y a toujours moyen de revenir dans la partie. Les adultes, eux, lorsqu’ils jouent à la guerre, font beaucoup plus de dégâts, hélas.

Plus tard, adolescent, je passais un certain temps sur les jeux électroniques. Je vois à quelques sourires que c’est une expérience qui est commune à certains de vous aussi. Et la résurrection s’appelait alors « bonus » ou « vie supplémentaire », ou encore sur les vieux flippers des bistrots de jadis, « same player shoot again » – c’est-à-dire « le même joueur rejoue à nouveau » !

Et quelle joie quand on avait mis dans la machine la seule pièce d’un franc qui nous restait de la semaine de voir s’allumer cette petite lumière qui nous annonçait triomphalement qu’on gagnait une partie gratuite, qu’on pouvait rejouer même si, l’instant d’avant, tout semblait fini !

C’est aussi une forme de résurrection, même si c’est une machine qui nous l’annonce…

Un peu plus tard, j’ai eu la chance d’interpréter plusieurs pièces de théâtre. Et je me souviens d’un rôle de prince charmant… – oui, je vous le concède c’était il y a longtemps… j’étais jeune et beau, maintenant je ne suis juste « et ».

C’était dans « Coppélia », un merveilleux conte pour enfants et grands enfants d’ailleurs, illustré par la douce musique de Léo Delibes.

Je jouais devant un parterre d’enfants car j’étais comédien de métier dans un théâtre qui faisait principalement des spectacles pour enfants. C’est un public impitoyable, les enfants ne vous passent rien, vous ne pouvez pas leur mentir.

Or à un moment donné, le prince que j’interprétais était empoisonné par une vilaine sorcière, et tombait, mort.

Evidemment l’histoire finit bien, et le prince revient à la vie après quelques pages et une potion de résurrection ainsi que l’amour d’une belle princesse.

Mais entre deux, je devais rester à terre, sur scène, pendant un quart d’heure, en faisant le mort.

Et je me rappelle d’une représentation, un après-midi, au cours de laquelle une petite fille, au premier rang, qui scrutait mon corps soi-disant mort depuis cinq minutes, s’est tout à coup exclamée tout fort dans le théâtre :

    – Il a bougé ! Il est plus mort ! Je l’ai vu ! Il est résurrecté !!

Alors que sa Maman lui expliquait la conjugaison du verbe « ressusciter » tout en lui demandant de se calmer, j’avoue avoir eu beaucoup de mal à contenir le fou rire qui m’habitait, et les hoquets de rire intérieur qui faisaient bouger mon dos n’ont pu que confirmer à cette petite fille qu’effectivement, je n’étais plus mort.

Plus tard, il y eut comme dans chacune de vos vies d’autres petites morts et d’autres résurrections jusqu’à, pour ma part, un grave accident de la route qui a changé ma vie pour toujours, certains l’ont lu dans le « 24 heures » il y a quelques jours de cela.

Ce soir-là, il y a 22 ans, mon cœur s’est arrêté de battre et un chirurgien l’a massé, massé, jusqu’à ce qu’il se remette à fonctionner.

J’ai la chance, du coup, de savoir jusqu’au fond de moi-même, de mon corps, ce que veut dire « revenir à la vie ».

C’est peut-être pour cela que le matin de Pâques, depuis, pour moi, revêt une saveur toute particulière… et que je n’ai plus trouvé d’autre raison de vivre que celle d’annoncer le Ressuscité.

Dans chacune de nos vies, sans aller aussi loin que cela, il y a de petites morts et de grandes résurrections.

Une amitié perdue et retrouvée, un conflit familial qui se termine en embrassade, un objet auquel on tient, que l’on a perdu et que l’on retrouve, une maladie réputée incurable et qui guérit, une épreuve que l’on traverse après laquelle on retrouve la joie et la lumière, sont des images de la résurrection.

Je vous pose alors la question, Chers Amis : « Quelles sont vos résurrections, à vous ? » Il y en a forcément ! Je suis sûr que Chacune, Chacun de vous peut en trouver… de nombreuses, même, dans sa vie ! Depuis la cour de récréation avec le « Allez, tu joues à nouveau ! » jusqu’au médecin qui nous guérit et qui nous soulage dans les périls de notre santé.

Alors évidemment les mots de nos lectures d’aujourd’hui prennent tout leur sens : « Non, je ne mourrai pas, je vivrai ! » disait le psaume que je vous ai chanté.

« Il passait, il faisait le bien, il guérissait » disait notre première lecture, le livre des Actes, en parlant de Jésus.

« Il vit, et il crut » disait l’Evangile en parlant de l’autre disciple.

Cet « autre disciple » qui n’a pas de nom dans l’Evangile de Jean, et ce n’est pas pour rien. C’est comme si Jean avait voulu que Chacune, Chacun de nous puisse s’identifier à ce disciple que Jésus aime. C’est Chacune, Chacun de nous, le « Disciple Bien-Aimé ». Relisez l’Evangile de Jean avec ça en tête, vous verrez, ça change tout !

Ce même Jésus qui nous aime et qu’il nous appartient maintenant d’annoncer par toute notre vie, par nos actes chrétiens, par notre joie, par notre façon d’être.

Nous fêtons la Résurrection ici, à l’intérieur de ces murs, mais si nous ressortons en tirant une tronche de deux mètres de haut, ça n’a aucun sens ! C’est à l’extérieur qu’il va nous falloir annoncer la Bonne Nouvelle de Pâques, tout à l’heure… dans nos familles et d’abord par notre sourire, par notre joie.

« Vous êtes ressuscités ! » disait Paul aux Colossiens, dans notre deuxième lecture. VOUS ETES RESSUSCITES AVEC LE CHRIST. Recherchez donc les réalités d’en-haut désormais !

Et tout cela culmine dans la demande qui nous est faite, dans notre première lecture : « Il nous a chargés d’annoncer au peuple, de témoigner de tout cela. »

C’est Pâques ! Et Pâques, c’est Pâq…un jeu ! C’est Pâqu’un jeu de mot non plus, d’ailleurs ! C’est pas qu’un jeu où des enfants rigolent en disant : « Allez, on dit que t’es plus mort, tu joues de nouveau ! »… Pâques, c’est la vérité : il est vivant à jamais !

Alors, Chers Amis, nous qui sommes Frères et Sœurs grâce au Ressuscité, notre frère, que la joie de Pâques nous habite pleinement, que l’Amour du Christ nous donne de témoigner de sa vie par toute notre vie, que toutes nos morts quelles qu’elles soient débouchent sur des résurrections car oui, c’est la vérité, je le redis haut et fort, Christ est ressuscité, AMEN !

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Aigle, dimanche 17 avril 2022, 10.00

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