Agissons !

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Chers Amis,

Si je vous demande de me dire où se trouve l’histoire de la brebis perdue, dans la Bible, la réponse serait, nécessairement, que c’est une histoire que raconte Jésus, n’est-ce pas ?

Donc elle se trouve dans le Nouveau Testament. Et effectivement, c’est vrai : dans l’Evangile de Luc, au chapitre 15, ou dans l’Evangile de Matthieu au chapitre 18.

Pourtant, si vous lisez la Bible depuis le début, ce ne sera pas la première fois que vous rencontrez cette histoire de brebis perdue. Des siècles avant Jésus, le prophète Ezéchiel raconte la même histoire. Vous venez de l’entendre, c’était notre première lecture :

« La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. » disait le prophète Ezéchiel.

C’est Dieu qui nous parle, par les prophètes.

Et donc ce texte nous assure – tout comme lorsque Jésus raconte la même histoire – que Dieu est toujours là pour nous. Que nous soyons égarés, que nous soyons blessés, que nous soyons malades, il est là.

Le psaume ne disait pas autre chose, d’ailleurs, en nous rappelant que le Seigneur est notre berger, que nous ne manquons de rien. Le psaume allait, ceci dit, un peu plus loin : si nous traversons les ravins de la mort, le berger est toujours là et il nous accueille à sa table.

Paul, à sa manière, dans la deuxième lecture, le disait aussi : le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort elle-même. Nous n’avons donc rien à craindre en traversant les ravins de la mort.

Rien à craindre ? Peut-être pensez-vous que c’est vite dit ! Parce qu’il y avait encore la fin du texte d’Ezéchiel et l’Evangile ! Je vous rappelle les mots du prophète : « Voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs. »

Ah… tout de suite ça fait moins envie !

Et c’est précisément de la même manière que commençait notre Evangile :  « Le Fils de l’homme séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. »

Alors là on se dit : « Aïe aïe aïe, serai-je à droite ou à gauche ? » Toute opinion politique mise de côté, bien évidemment ! On n’est pas à l’église pour cela !

Que faut-il faire pour être du bon côté ?

Eh bien Jésus nous le disait, juste après, dans ce même Evangile et vous l’avez réentendu – on connaît très bien ce texte : il faut donner à boire à ceux qui ont soif, disait Jésus, accueillir l’étranger, habiller celui qui est nu, visiter le prisonnier, donner à manger à celui qui a faim… Et pourquoi faire tout cela ? Parce que c’est précisément au Christ que nous le faisons lorsque nous le faisons à notre prochain.

Formidable renversement de perspective entre l’histoire de la brebis perdue et ce texte-ci !

La brebis perdue, c’est nous qui attendons tranquillement que Dieu nous nourrisse, nous habille, vienne nous chercher si nous sommes perdus, s’occupe de nous quand on est malade…

C’est bien… et il le fait.

Mais Jésus nous dit : « faites-le vous-mêmes envers les autres ! Parce qu’alors c’est à moi – et donc à Dieu – que vous le ferez. »

Autrement dit : n’attendez pas de savoir ce que Dieu va faire pour vous, demandez-vous peut-être ce que vous pouvez faire pour Dieu, présent sur chacun des visages qui vous entourent.

Toutes les actions dont parle Jésus peuvent être évidemment prises au pied de la lettre : donner à manger, à boire, aller visiter un malade – et Dieu sait si parmi vous des gens le font ! – aller visiter un prisonnier, accueillir la personne étrangère, habiller celui qui est nu… On voit bien ce que cela peut signifier.

Mais on peut aussi élargir toutes ces actions au plan symbolique.

Donner à manger à nos jeunes, par exemple, qu’est-ce que ça signifie ? Oh non, je ne suis pas en train de sous-entendre que votre frigo est vide ! En général, ils ont assez à manger… Non, je parle symboliquement… Je pense que nos jeunes sont affamés, assoiffés… Mais de quoi ?

…De spiritualité, par exemple… d’écoute… de valeurs… de sens, dans leurs vies. Donner à manger à nos jeunes, c’est aussi leur proposer nos valeurs, notre foi. Leur transmettre ce que nous avons reçu. Et puis les écouter, tout simplement.

De même, accueillir un étranger, ce n’est pas forcément d’abord accueillir quelqu’un qui vient d’un autre pays, même si c’est très bien et très important de le faire. Mais on peut être étranger dans son propre pays, dans son propre canton, dans son propre village.

Un jour, une veuve me disait qu’elle se sentait désormais étrangère dans le lieu qu’elle habitait pourtant depuis des décennies. Son mari était de ce village, elle était du village d’à-côté. Et depuis que son mari est mort, on lui rappelle qu’elle n’est pas de ce village, elle.

Vous vous rendez compte ? On peut se sentir étranger chez soi.

Qu’est-ce que c’est, alors, accueillir un étranger ? Eh bien peut-être prendre soin des veufs, des veuves. Ces personnes ont une nouvelle identité, ce n’est pas rien. Prendre soin des personnes qui sont à la retraite, qui ont une nouvelle identité, et ce n’est pas rien. C’est une manière de devenir « étranger », savons-nous accueillir ces personnes ?

Même chose pour les nouveaux arrivants dans un village, ou dans une communauté comme la nôtre. Quelqu’un est nouveau ici, à la messe, il y a un visage qu’on ne connaît pas, qu’on n’a pas l’habitude de voir, qu’est-ce qu’on va faire ?…

  • « Hmm, celui-là, on le connaît pas… »

…ou alors, au contraire, on va dire :

  • « Ah ! Un nouveau visage ! Bonjour ! Qu’est-ce que vous faites après la messe ? Venez prendre un verre à la maison, qu’on fasse connaissance !

Habiller celui qui est nu, pour un chrétien, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est, par exemple, aider celui qui ne s’en sort pas à l’école, ou qui n’a pas de culture religieuse – qui est nu dans sa  culture sur tel ou tel point.

Nos jeunes se mettent à nu sur les réseaux sociaux, trop souvent, sur Internet, en racontant toute leur vie, dangereusement. Habiller celui qui est nu, c’est mettre en garde nos jeunes de ne pas trop se dévoiler sur les réseaux sociaux, notamment.

Enfin, visiter un prisonnier, qu’est-ce que ça veut dire ? Vous avez une immense prison sur le territoire, juste à côté-là-bas… ça s’appelle un hôpital !

Les gens sont en prison quand ils sont à l’hôpital, ils ne peuvent pas sortir. On peut aller les visiter, c’est pas interdit. On peut aller leur porter la communion tout à l’heure. C’est même recommandé si vous avez des personnes que vous connaissez qui s’y trouvent.

Mais on peut être en prison ailleurs.

Dans le deuil, dans la souffrance. Ce sont aussi des prisons.

Alors la prison n’a pas de barreaux aux fenêtres, mais elle est redoutable. Et elle est là. On est en prison dans ces moments-là. Est-ce que nous visitons ces personnes ?

C’est cela, voyez-vous, je crois, que nous devons faire aussi face à ces plus petits qui sont les frères de Jésus, parce qu’alors c’est à Lui que nous l’aurons fait.

Alors au travail, chers Amis ! Je le dis pour moi le premier ! A nous de faire tous ces petits gestes du Royaume parce qu’alors c’est à Lui que nous les ferons.

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Villeneuve, dimanche 26 novembre 2023, 9.30

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