Vivre au présent

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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

Je vais vous parler d’une phrase que non seulement vous connaissez bien mais que, peut-être, vous prononcez vous-mêmes parfois… Cette phrase c’est : « Ah… c’était mieux avant… »

Je vois à quelques sourires que… c’est du connu, pour certains !

« C’était mieux avant… »

En général, plus l’on est jeune moins l’on prononce cette phrase, forcément : avant nous, on n’a pas tellement de souvenirs. Mais par contre, pour les personnes qui sont jeunes depuis plus longtemps que les autres, en général on la prononce plus volontiers… « C’était mieux avant… »

C’est une phrase qui est juste dans certains cas, et qui est moins juste dans d’autres cas… le danger serait de s’y complaire.

Certaines choses étaient meilleures, avant. Mais je crois qu’aucun d’entre nous n’aimerait revenir au temps de la grippe espagnole ou de la peste. Il y a donc bien des choses qui n’étaient pas mieux, avant.

Et de toutes façons, même si l’on trouve que c’était mieux avant, on ne pourra pas revenir en arrière, vers ce qui était mieux. On peut vivre avec cet éternel regret, et on devient de plus en plus aigri. Il y a des gens comme cela. Mais ça ne va pas aller mieux pour autant, ça c’est certain ! La vie ne sera pas plus belle.

Je trouve plus profitable, personnellement, de choisir de garder nos bons souvenirs bien au chaud dans notre cœur, mais d’avancer, parce que le temps, lui, ne revient jamais en arrière.

Comme le disait un humoriste français qui fut très éprouvé par la vie : « Le bonheur c’est d’arriver à se passer de ce que l’on n’a pas, de ce que l’on n’a plus et de ce que l’on n’aura jamais. »

Je trouve cette phrase pleine de bon sens…

Je vous la redis : « Le bonheur c’est d’arriver à se passer de ce que l’on n’a pas, de ce que l’on n’a plus et de ce que l’on n’aura jamais. »…

Si on y réfléchit deux secondes, Chers Amis, c’est le fait de vivre au présent, tout simplement.

Se passer de ce que l’on n’a plus, c’est refuser de vivre dans le passé.

Se passer de ce que l’on n’a pas et de ce que l’on n’aura jamais, c’est refuser le principe même de la publicité… mais oui ! Pensons-y un instant : la publicité qui empoisonne les écrans, les rues, ainsi que les pages de nos journaux, la publicité fonctionne selon le principe inverse du « c’était mieux avant »… La publicité fonctionne sur le « ce sera beaucoup mieux après ! »… et ce n’est pas meilleur !

La publicité vous fait croire que vous vivrez beaucoup mieux avec cet objet que vous n’avez pas pour l’instant mais qu’il faut absolument acheter : ce sera beaucoup mieux après !

Alors que non.

Le bonheur, c’est précisément de vivre au présent, d’arriver à se passer de ce que l’on n’a pas, de ce que l’on n’aura jamais et de ce que l’on n’a plus.

Vous me direz que vivre au présent, c’est bien, mais le futur… il faut tout de même le prévoir un tout petit peu !

Et c’est vrai. Mais prévoir ne signifie pas s’en préoccuper.

La différence entre les deux verbes est très importante : « pré-voir » c’est voir en avance, pré-voir… Et c’est une saine attitude.  Les « pré-visions » de la météo sont très importantes suivant l’activité que vous envisagez le lendemain, par exemple.

Mais se « préoccuper », c’est autre chose. Celui qui se préoccupe – le verbe le dit bien – c’est celui qui s’occupe en avance de quelque chose qui n’existe pas encore. Et ça, c’est très mauvais, parce qu’alors cette personne n’est plus du tout dans le présent !

Et même quand elle arrivera à cette activité dont cette personne s’est préoccupée, comme elle se préoccupera de la suivante, elle ne sera toujours pas dans le présent !

Il faut vivre autant que possible au présent, chers Amis. C’est un exercice relativement difficile, mais Jésus nous le dit très régulièrement dans l’Evangile.

Et encore ce soir, dans le prodigieux discours sur le pain de vie, que nous relisons depuis plusieurs semaines, Jésus dit très régulièrement « JE SUIS ». Notamment ce soir, « JE SUIS le pain de vie ».

Et c’est la carte d’identité de Dieu jusque dans l’Ancien Testament : Dieu, lorsqu’il révèle son nom à Moïse, dit : « JE SUIS. » Pas « J’ai été », pas « Je serai »… « JE SUIS ».

L’identité-même de Dieu, c’est le présent.

Et c’est ce que Dieu nous invite à vivre : il nous invite à vivre dans l’aujourd’hui de notre vie, avant tout.

Dans notre deuxième lecture, Paul, nous invitait également à cela : « Ne vivez pas comme des fous », disait Paul… « Ne vivez pas comme des fous mais comme des sages ! »

Alors on a envie de lui demander : « Qu’est-ce que c’est, vivre comme des sages ? » Or il le dit dans la phrase suivante : « Tirez parti du temps présent ». Vous voyez ? C’est vraiment le fil rouge des textes de ce soir, vivre au présent…

C’était aussi, d’ailleurs, la leçon du livre des Proverbes que nous avons entendu en première lecture. La Sagesse dresse une table, disait cette lecture. Elle invite celles et ceux qui passent à demeurer, à manger avec elle, c’est-à-dire à vivre le moment présent.

Le texte est imparable : « Venez, dit-elle, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie – le fait de penser à autre chose – et vous vivrez ! »

L’étourderie, c’est bien ne pas être présent.

A quelqu’un qui vous propose de manger et de boire ce qu’il a préparé pour vous, il ne vous viendrait pas une seule seconde à l’esprit de rétorquer : « Ah non, je préfère ce que j’ai mangé hier, c’était mieux avant ! » Ou alors : « Tu sais, c’est bien gentil, mais avec toutes les saletés qu’il y a dans la nourriture aujourd’hui, je préfère ne plus rien manger du tout, on ne sait jamais… »

Non…

Savoir apprécier le jour présent nous prépare à apprécier le lendemain. Parce que si nous avons apprécié aujourd’hui pleinement… demain qui sera un nouvel aujourd’hui, nous pourrons l’apprécier pleinement, également.

Mais si nous nous pré-occupons du lendemain, nos pensées sont indisponibles pour apprécier ce que nous vivons présentement. Nous sommes dans l’étourderie dont parlait le livre des Proverbes.

Alors, Chers Amis, apprécions le présent.

C’est ce fameux « Carpe Diem », vous connaissez cette expression qui, en latin, signifie « Cueille le jour »… sous-entendu : « Si tu ne le cueilles pas, ce jour, demain il sera fané. Donc cueille-le ! Il y en aura un autre demain. Profite du moment présent ! »

Et puis sachons dire merci, aussi, pour ce que nous avons, plutôt que d’avoir le regard fixé sur ce que nous n’avons plus ou sur ce que nous n’aurons jamais.

Le psaume nous le rappelait à son tour : « Je bénirai le Seigneur en tout temps. », c’est cela, aussi, l’art subtil de savoir vivre au présent.

D’ailleurs en français, vous le savez sûrement, il y a un très joli jeu de mots à faire – ça ne marche pas dans les autres langues, mais en français c’est très beau : hier n’est plus, demain n’existe pas encore, aujourd’hui est un cadeau. C’est pour cela qu’on l’appelle « présent ».

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Montreux, samedi 17 août 2024, 18.00

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