Un sacré restaurant !

Classé dans : Homélies, Méditer | 0
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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

J’aimerais vous ramener quelques années en arrière… c’était avant le CoVid… un petit peu plus loin encore jusqu’en 2013… le 13 mars 2013 pour être précis. C’est une date qui ne vous rappelle probablement rien.

Ce soir-là, pourtant, vous étiez certainement vous aussi devant votre téléviseur. Nous découvrions un homme en blanc qui s’inclinait devant la foule rassemblée pour l’occasion sur la place Saint-Pierre, à Rome.

Oui, c’est le soir de l’élection de notre Saint-Père, François.

Et ce geste, s’incliner devant tout le monde, ce geste a ému le mode entier.

Un geste profondément humble, s’incliner. Un geste surprenant de la part d’un élu, on n’imagine pas tellement un politicien faire cela le soir de son élection !

Ce geste nous a marqués, d’abord parce que s’incliner devant l’autre par respect, c’est un très beau geste.

Un geste que notre monde occidental ne connaissait pas beaucoup… et qu’il a appris à connaître avec le CoVid, notamment dans nos célébrations liturgiques où l’on ne pouvait plus se serrer les mains, souvenez-vous, pour se donner la paix. Alors on s’inclinait.

Heureusement on peut à nouveau se serrer les mains, et vous pourrez le faire tout à l’heure. Mais

On voit que le geste de s’incliner est resté dans nos célébrations. Beaucoup de personnes s’inclinent, désormais, au moment du geste de paix.

C’est un très beau geste. Un geste que nous ne faisons pas systématiquement dans la rue… c’est vrai que si on s’inclinait en rentrant à la boulangerie, ça ferait un peu bizarre… pourtant ce serait beau ! Dans le monde oriental, c’est tout à fait normal. C’est très beau de s’incliner devant l’autre, « s’incliner devant la terre sacrée de l’autre », dit le pape François… « s’incliner devant la terre sacrée de l’autre », c’est très beau.

Abraham qui était pourtant – quelque part – chez lui, même s’il était nomade, lorsqu’il a reçu ses visiteurs, la première lecture nous le racontait, Abraham s’est incliné devant la terre sacrée des gens qu’il recevait… devant ses sacrés visiteurs, pourrait-on dire.

Et de façon générale, chaque geste que nous faisons – si c’est un beau geste – chaque geste est important.

Il y a des gestes que nous faisons machinalement… il y a des gestes auxquels, au contraire, nous donnons tout le soin nécessaire comme ceux qui ont présidé à la préparation de cette table ce soir… mais quels que soient nos gestes ils sont importants, ils ne sont pas neutres.

On le sait bien : si les gestes, si les actes ne suivent pas les paroles, si nos mots ne sont pas traduits en gestes, alors à quoi bon ? On entend facilement les gens dire : « C’est des belles paroles, tout ça… mais quels seront les gestes qui vont suivre ? Faites ce que je dis, pas ce que je fais… »

Dans nos célébrations, nos gestes sont importants, nos positions sont importantes, aussi.

Il y a des moments où l’on est assis pour écouter, pour réfléchir, c’est votre cas en ce moment…

Il y a des moments où l’on est debout pour chanter, pour célébrer, pour louer…

Il y a des moments où l’on s’agenouille lorsqu’on peut le faire…

Essayez de prier un Notre Père chez vous debout… puis ensuite d’en prier un autre assis… puis ensuite d’en prier un une jambe croisée sur l’autre… et puis ensuite d’en prier un à genoux… eh bien vous allez faire quatre Notre Père complètement différents !

…Et je ne vous parle pas d’en faire un tout en préparant la cuisine, parce que celui-là, il va être très différent aussi !

Notre position, nos gestes, ce que nous sommes en train de faire, tout cela est important.

Et la Bible nous parle de ces gestes que nous refaisons parfois machinalement ou que nous voyons faire sans les comprendre ou sans y penser, parce que… on a toujours fait comme ça, au fond.

Le psaume, que je vous ai chanté, nous appelait à dire « merci » pour la libération du peuple de Dieu. Parce que sans cette libération, nous ne serions pas là ce soir pour fêter.

Et ce psaume disait : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » Et la réponse était dans la phrase suivante, vous l’avez entendue : « J’élèverai la coupe du salut. »

J’élèverai la coupe du salut, c’est exactement le geste que je vais faire tout à l’heure, au moment de l’Eucharistie. Je vais monter la coupe – non pas parce que j’aurais gagné je ne sais quelle coupe du monde de je ne sais quel sport – mais parce que j’élèverai la coupe du salut, comme disait le psaume.

Je l’élèverai pour rendre grâce. Vous le savez, c’est le sens du mot « Eucharistie » : « rendre grâce ».

Alors vous me direz que dans le psaume il n’y avait que la coupe, il manquait le pain !

Il fallait attendre la deuxième lecture pour avoir le pain, la lettre de Saint-Paul aux Corinthiens. Et cette fois c’est le geste de Jésus que nous rappelait Paul, avec ces mots que nous connaissons par cœur: « La nuit même où il fut livré, le Seigneur prit du pain, puis, ayant rendu grâce… » etc., etc., on connaît la suite.

Et Paul conclut en donnant tout son sens à ce geste : « Ainsi, disait Paul, chaque fois que vous mangez ce repas, chaque fois vous proclamez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne. »

Ce n’est donc pas un geste du passé que nous refaisons sur cet autel, c’est un geste pour demain, pour l’avenir, pour que le Seigneur revienne.

C’est un geste qui est tourné vers le futur.

Nous avons donc, Chers Amis, des gestes du passé pour nous souvenir de nos ancêtres, s’incliner… mais des gestes pour faire venir Jésus dans le futur, aussi.

Et le présent, alors ?

Eh bien le présent c’était l’Evangile qui nous le donnait, ce geste du présent. Jésus qui, se fait serviteur alors même que ses disciples le tiennent pour maître.

Serviteur… c’est ce que nous sommes nous, les prêtres. Nous avons souvent de très beaux habits pour célébrer en vous servant ce repas… mais si vous allez dans n’importe quel bon restaurant, les serveurs aussi sont très bien habillés ! La richesse de leur habillement ne dit pas du tout leur fortune personnelle mais simplement le respect qu’ils ont du repas qu’ils sont en train de servir, et le respect de ceux qui sont venus le partager.

Eh bien nous, les prêtres, c’est la même chose. Si l’on est en habit, ici, c’est parce que nous sommes les serviteurs de la communauté et de ce repas.

Jésus s’est fait le serviteur alors même que ses disciples le tenaient pour maître.

Il s’incline – tiens, tiens ! – et il leur lave les pieds. Un autre geste très, très fort.

Et quand il reprend place à la table, Jésus dit : « Est-ce que vous comprenez ce que je viens de faire ? Vous m’appelez Maître… »

…mais je ne suis qu’un serviteur !

Quand on me demande comment on doit m’appeler, moi le prêtre, est-ce qu’on doit dire « Mon Père », est-ce qu’on dire « Monsieur l’Abbé », est-ce qu’on doit dire « Monseigneur » ?

« Vincent », c’est mon prénom. Je ne suis qu’un serviteur. D’ailleurs un certain Jésus a dit : « N’appelez personne ‘Père’ car vous n’en avez qu’un seul, dans les Cieux ! »

Jésus est venu nous libérer de tous ces titres ronflants, il est venu nous montrer que même celui qui sert à cette table-ci n’est qu’un serviteur.

« Et de plus, si j’ai fait ce geste, dit Jésus, c’est pour vous apprendre à vous le faire vous aussi, les uns aux autres. »

Le Jeudi Saint, ce n’est pas seulement la fête des prêtres, c’est la fête de tous les baptisés !

Puisque vous le savez, par votre baptême, vous êtes prêtres, vous aussi. Prêtres, prophètes et rois.

Et donc nous devons être les serviteurs les uns des autres. Ces gestes de charité, s’incliner, servir, devraient être fait par chaque baptisé pour ses frères et sœurs.

Alors seulement, nous méritons le beau nom de Chrétiens, « ceux qui essaient de suivre le Christ », au service les uns des autres, sans autre titre, sans autre fortune, sans autre pouvoir que celui de l’Amour.

Au restaurant, le serveur nous donne une carte des mets… Mais Jésus, lui, nous donne la carte d’aimer, la carte qui nous aide à aimer. Jusqu’à se donner par amour pour nous. Alors parcourons cette carte d’aimer, ce menu d’amour qu’est l’Evangile, et ne soyons jamais rassasiés des gestes extraordinaires qu’il contient !

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Les Diablerets, jeudi 28 mars 2024, 18.00

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