Leçon de journalisme

Classé dans : Homélies, Méditer | 0
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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

La scène que je vous raconte s’est passée il y a quelques temps, dans la rédaction d’un grand quotidien de Suisse Romande – choisissez celui qui vous plaira ! Un des rédacteurs en chef débarque dans la salle de rédaction en trombe et hurle :

–      Avalanche ! Avalanche en Valais, il y a plusieurs victimes, mettez tout de suite ça sur les réseaux sociaux !

Et comme la brave journaliste devant lui, à son ordinateur, ne réagissait pas dans la seconde, le rédacteur en chef a bondi sur elle  et hurlé encore plus fort :

–      J’ai dit tout de suite ! Il faut qu’on soit les premiers à l’annoncer !

La scène est authentique, je n’ai pas changé un mot. Du moins d’après l’ami journaliste qui me l’a relatée et qui était dans la salle ce jour-là, et qui me dit avoir poussé quand même un très grand soupir.

« Tu te rends compte, m’a-t-il dit quelques jours après, tu te rends compte… si on mettait autant d’énergie à annoncer les bonnes nouvelles ! »

Et en repensant à ce que nous fêtons ce soir, je me prend à sourire en imaginant la même chose, à la rédaction du « 24 heures », maintenant, là, en ce moment. L’un des rédacteurs en chefs qui débarquerait dans la salle de rédaction en hurlant :

–      Christ est ressuscité ! Il faut tout de suite mettre ça sur les réseaux sociaux ! … Il faut qu’on soit les premiers à l’annoncer !

…Ça aurait de la gueule, hein ! Comme on dit.

Et les gens qui recevraient cette alerte sur l’écran de leur téléphone portable : « Christ est ressuscité ! » Alors forcément, il y en a qui seraient un peu blasés :

–      Oui, bon, mais ça on le sait, quoi ! ça fait deux mille ans qu’il est ressuscité, en même temps on ne va pas tomber de notre chaise d’étonnement !  Faut qu’ils se calment, un peu, les journalistes ! Dites-nous si le Simplon de la CGN va pouvoir ressusciter, ça, ça nous intéresse ce soir ! Mais le Christ, bon… »

Et c’est dommage, au fond, que la Résurrection ne soit pas quelque chose de « nouveau-nouveau ». Parce que c’est toujours nouveau ! « Christ est ressuscité », c’est une information TOUJOURS nouvelle.

A chaque nouvelle Pâques, le message est toujours nouveau, il est toujours vif, il est toujours d’actualité. C’est toujours une excellente nouvelle !

Et c’est vrai qu’il faut lutter, parfois, dans nos esprits à nous pour ne pas être blasés par cette nouvelle que nous entendons chaque année depuis deux mille ans.

Deux mille ans plus tard, le Christ est toujours ressuscité. Et on continue de l’annoncer dans le chant de l’Exultet, que nous avons entendu au début de cette célébration. On continue de l’annoncer par l’Alléluia que nous venons de chanter !

Un événement d’il y a deux mille ans qu’on continue d’annoncer comme s’il était parfaitement nouveau, combien y en a-t-il ?

Prenez le « 24 heures » d’aujourd’hui… Regardez chaque article l’un après l’autre… et demandez-vous si, dans deux mille ans, le sujet d’un de ces articles sera encore d’actualité… Je ne suis pas certain qu’on s’en souvienne encore dans deux semaines !

Voyez : la résurrection du Christ c’est l’événement des événements, c’est une leçon pour tous les journalistes de la terre. Voilà ce qu’il faudrait être les premiers à annoncer, encore et toujours, et cette année encore !

Parce que la nouvelle est de taille : Christ ressuscité, ce n’est pas qu’un mot. Ça veut dire tout simplement que la mort n’existe plus comme une fin en soi pour nous les Chrétiens.

On va tous y passer, c’est clair. Mais le verbe « passer » est particulièrement à propos parce que la mort n’est qu’un passage, pour nous, précisément. Elle n’existe plus du tout comme un anéantissement. Nous croyons que rien ne se terminera ce jour-là. Nous sommes appelés à ressusciter nous aussi.

Et ça, c’est une sacrée bonne nouvelle ! Ça mériterait la première page, chaque année, à Pâques. C’est un message tout simple mais formidablement nouveau en même temps.

Tant de gens mettent davantage en avant tout ce qui meurt dans nos vies, sur notre planète, plutôt que ce qui renaît.

On met en doute ou on propage les mauvaises nouvelles, jusque dans l’expression que vous utilisez peut-être, ou que vous avez déjà entendue: « c’est mort ! » Vous avez déjà entendu cette expression ? Quand quelque chose n’a plus aucune chance, on dit « c’est mort ».

Mais est-ce que vous avez déjà entendu quelqu’un dire : « ça ressuscite ! » ?? Moi pas, hein. Et j’aimerais bien ! ça devrait faire partie de notre vocabulaire exactement comme « C’est mort ! » Quand quelque chose d’inespéré se produit dans notre vie – et ça arrive ! – on devrait dire : « ça ressuscite ! ».

Et ça nous arrive à chacune, à chacun, d’avoir quelque chose d’inespéré qui se produit dans notre vie. Peut-être même que cela vous est arrivé aujourd’hui ! Il y en a, des événements inespérés, dans une vie !

Une personne qui était entre la vie et la mort et qui guérit, eh bien ça, ça devrait faire les gros titres de nos journaux ! Nos médias font exactement l’inverse. Une avalanche avec des gens en-dessous, ça fait toute la largeur et la hauteur de la première page. Mais si on retrouve quelqu’un de vivant… ça fera un petit carré comme ça le lendemain.

C’est incroyable ! C’est au contraire la vie qu’il faudrait mettre en avant ! La bonne nouvelle, c’est la vie ! La nouvelle essentielle, c’est la vie ! La nouvelle à communiquer le plus vite possible sur les réseaux sociaux, c’est la vie !

Et pour cela, on devrait engager les enfants, comme journalistes ! Parce que, eux, ce sont les bonnes nouvelles et les rires qu’ils aiment annoncer. Ils n’aiment pas du tout propager les mauvaises nouvelles, vous avez remarqué ? Ils se taisent, quand ils sont tristes ou qu’il y a une mauvaise nouvelle. Par contre, quand il y a quelque chose de joyeux, ils le disent à tout le monde.

Une petite fille qui m’est chère, alors qu’elle avait 4 ans, sortait de la Vigile de Pâques avec ses parents, dans les bras de son papa. Et son papa lui dit : « Je t’expliquerai le coup de la Résurrection parce que… ce qu’il a raconté, le prêtre, c’est pas évident à comprendre ! »

Et la petite – 4 ans ! – regarde son Papa et lui dit :

  • Bah j’ai compris, moi !
  • Ah bon ? Qu’est-ce que tu as compris ma chérie ?
  • Ben c’est Jésus… il est mouru… il a revi… c’est le premier qui l’a fait… et puis comme ça on pourra tous le faire aussi !

Eh bien voilà, tout est là. Il n’y a pas besoin d’énormes traités de théologie : tout est là. Il y aura besoin d’un petit peu de conjugaison plus tard, mais ça viendra…

Une autre petite fille me disait, lors d’un enterrement au cimetière, au moment le plus dur, au moment précis où on descendait le cercueil dans la fosse… tout le monde pleurait… et elle regarde ça… et elle dit tout fort :

C’est génial !

Vous imaginez la tête des gens ? Devant notre étonnement, elle continue :

C’est génial, elle va pouvoir pousser maintenant, Grand-Maman ! C’est pour ça qu’ici il y a toujours plein de fleurs ! Elle va renaître en fleur!

Elle avait tout compris !

Et une de mes filleules, adolescente, à Pâques, me disait :

  • Mais Parrain, comment les gens peuvent croire à la mort sans rien derrière ? Y a qu’à regarder la nature ! L’hiver tout semble mort. Mais au printemps tout revit, toujours ! Et chaque année ça recommence ! Si Dieu nous a donné le signe des saisons, c’est pas pour rien !

Eh oui, chers Amis… les enfants, les jeunes comprennent parfaitement la joie de Pâques. Pâques, c’est un enfant qui éclate de rire, heureux de vivre. Joyeux comme nous devrions toutes et tous réapprendre à l’être.

Pâques, c’est la première des Bonnes Nouvelles ! C’est celle que nous devrions mettre tout à l’heure, sans plus attendre, sur les réseaux sociaux, c’est celle qui devrait faire éclater de joie toutes les salles de rédaction du monde.

L’événement de Pâques, chers Amis, c’est aussi le Christ qui renverse tout, qui renverse les valeurs des médias de notre monde moderne ­– si toutefois on peut parler de valeurs !

Oui, il y a une nouvelle à annoncer, mais ce qui est renversant, c’est qu’elle est bonne, précisément !

Oui, il y a une nouvelle sensationnelle, inédite, bouleversante, qui mérite la première page… Mais ce qui est nouveau, c’est qu’elle est BONNE, cette nouvelle ! Et c’est pour cela qu’il faut être les premiers à l’annoncer !

 « La mort est vaincue ! », quel magnifique titre cela ferait sur « Le Matin Dimanche » demain…

« Christ est ressuscité ! », quel beau titre ça ferait ! Si seulement ça pouvait faire la « une » de nos journaux dominicaux demain ! J’en rêve… vous aussi peut-être…

Quand je reviens à la réalité, je me dis que, même si nos journalistes ne le font pas demain, il nous revient à nous de le faire. Il nous revient, à nous, de transmettre cette Bonne Nouvelle ! Parce que le Christ, par notre baptême, fait de chacune, chacun de nous ses journalistes à lui, ses prophètes.

Nous avons à annoncer, à être porteurs de cette Bonne Nouvelle !

Je vous invite donc à vous entraîner maintenant : tournez-vous vers votre voisin de gauche, de droite, et dites-lui « CHRIST EST RESSUSCITE ! »

Voilà la Bonne Nouvelle de Pâques ! Quand nous sortirons tout à l’heure, n’hésitons pas à mettre cela sur les réseaux sociaux… ça va poser question… et quand la Bible pose question, c’est pas mal !

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La Grant-Part, samedi 30 mars 2024, 20.15

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