Mourir pour revivre

Classé dans : Homélies, Méditer | 0
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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

J’aimerais commencer par vous poser une petite devinette : que va-t-il se passer ce mercredi qui vient à 04 h. 06 du matin ?

…Vous avez une idée ? Ça fait tôt, hein, 04 h 06.

…C’est l’arrivée du printemps, bien sûr ! Ce mercredi à 04 h 06 du matin. Bon, si vous vous levez à 04 h 05 vous n’allez pas voir tellement de grandes différences, hein, vous n’allez pas voir un grand signe dans le ciel puisqu’on le sait bien, l’arrivée du printemps c’est l’équinoxe, c’est à dire le moment où le jour et la nuit sont exactement de la même durée. Il faut vraiment rester éveillé pendant 24 h. pour s’en rendre compte !

Mais l’arrivée du printemps, je ne sais pas pour vous, mais en tout cas pour moi, ça me rend toujours une énergie, une joie extraordinaire.

J’ai l’impression de ressusciter quand le printemps arrive !

C’est peut-être pas pour rien, d’ailleurs, que Pâques est toujours au printemps. Vous avez remarqué ? Quelle que soit la date de Pâques, Pâques ne peut jamais échapper au printemps.

Remarquez bien que, pour que des beaux jours comme celui d’aujourd’hui reviennent, il faut qu’il y ait eu de mauvais jours. Pour que le printemps revienne, il faut l’hiver, c’est une évidence. Je ne vous apprends rien, c’est le cycle des saisons.

Mais imaginez une personne venue d’ailleurs qui débarquerait sur notre planète au mois de septembre : elle verrait la magnifique nature de septembre… et puis petit à petit, elle verrait les feuilles se flétrir, tomber, les arbres devenir tout secs, le froid arriver… Et cette personne se dirait : « Mais… mais c’est catastrophique ! Où sont les feuilles ? Où est le soleil ? Où est la chaleur ? Tout cela ne reviendra donc jamais ! »

Nous, nous savons bien sûr que l’arbre en question va refleurir, qu’il portera à nouveau du fruit. Mais en plein hiver, il faut sacrément croire au printemps pour le savoir.

Et pour que le printemps revienne, il faut que l’hiver se vive pleinement. Il faut traverser tous les mois de l’hiver. Il faut que la nature s’endorme en hiver pour ressusciter au printemps.

Pourquoi je vous dis cela ? Mais c’est parce que c’est l’image que Jésus prend dans l’Évangile.

Alors lui, il utilise l’image du grain de blé, bien sûr, mais c’est la même idée : si le grain de blé ne meurt pas, il reste tout seul. Mais s’il meurt, alors il va porter du fruit.

Et dans l’histoire de notre foi, chers amis, c’est exactement la même chose : pour qu’il y ait un Nouveau Testament, il fallait un Ancien Testament.

C’est notre première lecture qui nous le rappelait, le livre de Jérémie : si la première alliance n’avait pas été rompue, il n’y aurait pas eu de deuxième alliance. Et vous savez que le mot « alliance » se dit « testament », ça vient du latin.

Pour qu’il y ait un Nouveau Testament, il fallait un Ancien Testament. Pour qu’il y ait une Nouvelle Alliance que Dieu conclut avec nous, il fallait qu’on rompe l’Ancienne Alliance.

Sans quoi, pas de Jésus. Ça aurait quand même été dommage ! Nous en serions toujours autant du œil pour œil, dent pour dent… Remarquez, quand on regarde le monde, force est de constater qu’il y a des gens qui en sont toujours là !

Mais avec Jésus, nous sommes appelés à aller plus loin, évidemment. C’est la Nouvelle Alliance. Il est venu nous apprendre le commandement de l’amour. S’il n’y avait pas eu rupture de l’Ancienne Alliance, nous ne serions jamais passés à cette étape-là !

Cette Nouvelle Alliance avec Dieu change tout. C’est un printemps, mais c’est un printemps éternel, celui-là.

Cette Nouvelle Alliance qui est symbolisée par le Christ qui, comme par hasard, lui aussi, comme le grain de blé, est mort pour revivre. Pour porter du fruit.

Et ça, c’est notre deuxième lecture, la lettre aux Hébreux qui nous le rappelait : le Christ, lui aussi, est passé par là, mort et ressuscité.

Et puis, en nous-mêmes, Chers Amis, c’est la même chose. Vous le savez sûrement, chaque minute, chaque seconde, il y a des cellules qui meurent dans notre propre corps. Vous savez combien de cellules meurent chaque seconde dans notre corps ? 2000 !

2000 cellules meurent chaque seconde en nous. Alors évidemment, il y en a quasiment autant qui naissent, hein, sans quoi on serait assez vite fini ! Même si on sait que le processus de la vieillesse commence assez vite : après 20 ans, on commence à ne plus avoir tout à fait le même nombre de cellules. Il y a un petit peu moins de cellules qui naissent par rapport aux cellules qui meurent…

Et puis si on est jeune depuis plus longtemps que les autres, eh bien ça s’accélère hein ! Il y a de moins en moins de cellules qui naissent par rapport aux cellules qui meurent. C’est ainsi, c’est la vie.

Le phénomène de mort et de résurrection, d’hiver et de printemps, on le vit tous les jours dans notre propre corps. On le vit chaque année en regardant la nature autour de nous, c’est tellement évident. On l’a sous les yeux !

C’est comme si Dieu avait voulu nous dire : « Regarde ! Si tu ne crois pas à la résurrection, regarde ! Je t’ai mis tout cela sous les yeux. Tu n’as qu’à regarder ce qui se passe dans la nature chaque année. Alors… tu crois maintenant ? »

Et puis ce phénomène se passe aussi dans notre vie. Il y a des choses que nous devons parfois laisser mourir, nous le savons bien. Laisser ces choses mourir pour que d’autres puissent naître.

Il y a même des personnes, des fois, dont on doit se séparer. Laisser une amitié mourir, cela arrive, pour que d’autres naissent. Parfois, ce n’est que pour un temps : il y a des liens qu’on croit morts et qui ressuscitent à nouveau.

On ne le comprend pas tout de suite parfois. Mais il suffit de regarder autour de nous pour se rappeler que ce phénomène fait partie de la vie.

Et ce n’est peut-être pas si étonnant que cela lorsque ce phénomène arrive en Carême, précisément dans la période où il est bon de laisser mourir certaines choses, de nous séparer peut-être de certaines choses pour mieux revivre à Pâques.

Alors en ces derniers jours de Carême, Chers Amis, demandons-nous… demandons-nous ce qui doit mourir en nous. Pour que nous puissions revivre.

Y a-t-il des habitudes qu’il serait bon de laisser mourir ? Y a-t-il des gens qu’il serait bon de laisser partir loin de nous ? Y a-t-il des objets dont il serait bon de se détacher, qui nous encombrent ?

Un ami a l’habitude de dire que les choses que nous possédons et que nous n’utilisons plus, ce sont elles qui nous possèdent en réalité. Peut-être faut-il s’en séparer…

Y a-t-il des pensées qu’il serait bon de laisser mourir, des jugements sur l’autre, des mots que l’on dit trop vite ? Je parle déjà pour moi !

Il y a sûrement des choses qu’on peut laisser mourir pour mieux revivre avec Jésus à Pâques.

Osons nous poser cette question : « En moi, dans ma vie, chez moi, qu’est-ce qui doit mourir ? Qu’est-ce qui va revivre ? Qu’est-ce qui est appelé à durer ? Qu’est-ce qui passe l’hiver sans encombre cette année encore ?

…Ce sont de vraies questions de Carême.

Et n’ayons pas peur de laisser mourir ce qui doit mourir en nous. C’est le seul moyen de laisser une chance à ce qui doit naître et renaître.

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Champex-Lac, samedi 16 mars 2024, 17.00

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