Transmettre la lumière qui nous a traversés

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Homélie pour la Solennité de la

Transfiguration, année A

Daniel 7,9-10, 13-14  /  Psaume 96  /  2Pierre 1,16-19 / Matthieu 17,1-9

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Voici une expression bien connue, que vous utilisez peut-être vous-mêmes : « Tu as de la lumière dans les yeux ! »

« Tu as de la lumière dans les yeux ! »… On peut dire cela dans de nombreuses occasions ! Par exemple à quelqu’un qui a un visage particulièrement souriant, lumineux, après une grande joie… Il y a de la lumière dans les yeux des enfants lorsqu’ils voient les cadeaux d’anniversaire ou de Noël s’approcher d’eux, par exemple. Tu as de la lumière dans les yeux…

C’est une expression qui me fait régulièrement réfléchir parce que, comme aumônier d’hôpital, j’ai très souvent l’occasion de donner le sacrement de l’Onction des Malades – qui comme chacun sait, j’espère, peut être reçu à plusieurs reprises dans une vie. On peut le recevoir à chaque fois que l’on se sent en grand danger… ah oui si vous en êtes restés à l’extrême-onction recevable uniquement à l’article de la mort, il faut vous renseigner, ça fait quand même 60 ans que c’est fini, cette histoire-là ! On a évolué un peu, depuis !

Je donne donc régulièrement l’Onction, y compris bien sûr en vue de la vie ! Je donne régulièrement l’Onction à des personnes qui vont guérir, on l’espère bien. Et il n’est pas rare qu’après avoir donné ce sacrement à quelqu’un, cette personne ait soudain de la lumière dans ses yeux.

Cela m’est arrivé encore il y a peu de temps. Je donnais cette onction à une femme qui en avait bien besoin. Son visage, quelques minutes auparavant était vide, souffrant, malade. Et soudain, après l’onction, après notre prière commune, il y avait de la lumière dans ses yeux, véritablement !

Il y a, évidemment aussi, une lumière très particulière que je contemple dans les yeux de celles et ceux qui reviennent à la vie après être passés juste à côté du grand passage. Il arrive que ces personnes aient fait ce que l’on appelle une expérience de mort imminente. Cela reste bien mystérieux, mais un des points communs de tous les récits de toutes ces personnes est qu’ils ont vu une grande lumière.

Cette grande lumière blanche plus brillante que le soleil, disent-ils, mais qui n’éblouit pas. ET ils ont énormément de peine à la décrire avec des mots humains. « C’est plus blanc que blanc, me disait quelqu’un, c’est plus fort que le soleil mais je pouvais le regarder en face ! »

Mais voilà précisément ce que nous relatent Pierre, Jacques et Jean, en descendant de la montagne, par la voix de Matthieu aujourd’hui.

Ils ont vu le Christ devenir soudain lumineux. Et ses habits étaient d’une blancheur incroyable, dit le texte. Plus blancs que blancs, comme nous le vantent certaines lessives qui peuvent toujours s’aligner pour faire mieux que le Royaume des Cieux !

Pierre nous le confirmait dans sa lettre, c’était notre deuxième lecture : il a vu cela, il était là, il en est le témoin oculaire, et il a entendu la voix venue du Ciel ce jour-là.

C’est aussi cette même blancheur qui n’appartient qu’au monde du Ciel dont parlait le prophète Daniel dans la première lecture, lorsqu’il disait que l’habit du vieillard, sur son trône, est blanc comme la neige et les cheveux de sa tête comme de la laine immaculée.

Cette lumière, cette blancheur pour laquelle il nous manque des mots humains pour la décrire convenablement, c’est la lumière de Dieu.

Quand on a de la lumière dans les yeux, c’est comme si on levait un petit coin de voile sur cette lumière divine dont nous parlent ces textes, cette lumière vers laquelle nous irons, un jour ou l’autre, et dont témoignent volontiers celles et ceux qui l’ont entraperçue.

Ce sont des êtres lumineux, en quelque sorte. Pas des illuminés, hein ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Mais ils sont lumineux, véritablement.

Alors ce n’est pas réservé aux malades ou à celles et ceux qui ont vu un petit coin de l’au-delà, bien sûr. Les amoureux parmi nous, ceux qui le sont depuis longtemps également, les amoureux ont souvent de la lumière dans les yeux lorsqu’ils se regardent.

[aux Sœurs] Et les amoureuses du Christ aussi !

Et si on perd cette lumière, cela dit quelque chose de l’amour qui demeure en nous.

Et je me dis que, comme Chrétiennes, comme Chrétiens, nous devrions – pas seulement de ce côté-ci de la chapelle [montre les Sœurs] – être amoureux du Christ, de Dieu.

Bien sûr [montre les fidèles] pour vous un peu moins que pour nous [montre les Sœurs]… nous, nous avons donné notre vie à Dieu, tellement nous sommes amoureux de lui ! Mais tout de même : on devrait avoir de la lumière dans les yeux lorsqu’on s’approche de Dieu.

Par exemple lorsque, tout à l’heure, vous viendrez communier à la petite hostie…

Je ne sais pas si, parmi vous, il y a des personnes qui distribuent la communion, parfois, dans leur paroisse, mais… c’est terrible, dans certains lieux ! Quand on voit la tête des gens qui s’approchent pour communier, vous savez… moi, des fois, j’ai l’impression que je leur distribue un horrible sirop pour la toux, je ne vois que ça ! Vu la tronche qu’ils tirent ! C’est terrible !

Alors que c’est la vie que nous recevons dans la petite hostie, c’est Dieu que nous venons recevoir dans la communion ! On devrait approcher de cet autel avec des yeux lumineux ! Avec des yeux amoureux ! Pas besoin d’un sourire jusqu’aux oreilles, je ne dis pas cela… Mais au moins, cela devrait se voir dans nos yeux que c’est la grâce que nous allons recevoir, la grâce de la vie éternelle !

La grâce… c’est quelque chose d’invisible en temps normal. Mais il arrive qu’elle se fasse visible, notamment dans l’hostie ou notamment quand elle passe à travers notre figure, quand on a de la lumière dans les yeux.

Et si je dis qu’elle passe à travers notre figure, ce n’est pas pour rien. L’Evangile que nous avons réentendu aujourd’hui, le nom de la fête que nous célébrons – TRANS-FIGURATION – parle exactement de cela. Être « trans-figuré », c’est avoir quelque chose qui passe à travers – « trans » – notre figure.

Il nous revient donc, si nous vivons de la grâce de Dieu, d’être parfois (et même pourquoi pas, souvent !) transfigurés, de laisser traverser la présence de Dieu à travers notre regard, notre sourire.

Et c’est très important parce que, lorsque nous serons ressortis tout à l’heure, nous allons croiser dans la rue des gens qui ne sont pas là ce matin, des gens qui ne connaissent peut-être pas Dieu. Si on ne leur offre pas un sourire – même des yeux – ils vont se dire : « dis donc, ça a pas l’air très sympa d’aller à l’église, hein… vu la tête qu’ils tirent en ressortant, ça donne pas envie ! »

Alors que si, au contraire, nous ressortons avec de la lumière dans les yeux, d’une manière transfigurée, au moins un petit peu, peut-être croiserons-nous quelqu’un qui ne connaît pas Dieu et qui va se dire : « tiens… ça a l’air beau ce que cette personne a vécu dans ce bâtiment dans lequel je ne suis encore jamais entré… peut-être que ça vaut la peine… » C’est une responsabilité importante, Chers Amis, d’être transfigurés nous-mêmes !

Et au fond, lorsque nous venons dans la plupart des églises, comme d’ailleurs ici, nous avons un exemple sous les yeux !

Mais oui regardez !… regardez autour de vous… ces vitraux : voilà des lieux à travers lesquels la lumière passe, et c’est ce qui leur donne toute leur splendeur ! Et si les visages ou les formes de ces vitraux sont si beaux, si belles, c’est précisément parce que la lumière les traverse !

A nous alors de les imiter, en nous faisant « vitraux du Christ », en laissant sa lumière traverser notre visage, quelle que soit sa forme, pour l’offrir à celles et ceux qui nous regarderont aujourd’hui, et pour qu’ils se disent : « Cette lumière-là, j’aimerais mieux la connaître. C’est beau, ce qu’ont l’air d’avoir vécu ces gens. Alors moi aussi, j’ai envie de connaître cette lumière, pour être un jour aussi transfiguré ! »

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Carmel de Bayonne, dimanche 6 août 2023, 8.30

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