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Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent C
Jérémie 33,14-16 / Psaume 24 / 1Thessaloniciens 3,12-4,2 / Luc 21,25-36
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
En ce premier matin de l’Avent, je vous invite à être dans l’attente.
…Alors pour les moins réveillés d’entre vous qui auraient mal compris et qui croiraient que je vous invite à faire du camping, je précise : quand je dis « je vous invite à être dans l’attente », je parle du verbe attendre naturellement, pas de la tente de camping.
Il me semble que nous avons, vous et moi, à réapprendre à attendre.
Il me semble que nous savons de moins en moins attendre, dans notre monde.
Que faites-vous, vous Chers Amis, quand vous avez à attendre ? Attendre une personne en retard, attendre un bus, attendre le moment venu… que faites-vous ? On regarde notre montre… une fois… deux fois… dix fois… On regarde notre téléphone – parce que c’est très souvent notre montre qui est sur notre téléphone, d’ailleurs…
Et puis ça n’aide pas, parce qu’on en profite pour regarder nos messages, vérifier nos emails, les réseaux sociaux, que sais-je encore ?
Si vous regardez un arrêt de bus, ou la gare, c’est flagrant ! Il y a plein de gens qui attendent, la tête légèrement inclinée, en direction de l’écran de leur téléphone. Vous n’en verrez que très peu qui relèvent la tête, qui regardent le ciel, les montagnes, qui écoutent le chant des oiseaux, toutes choses que nous pouvons faire en attendant…
Alors je parlais du téléphone, mais il y en a qui sortent un bon bouquin, ça arrive encore, Dieu merci ! Mais enfin, c’est le même problème : on ne sait pas attendre sans FAIRE.
Alors que c’est très beau d’attendre sans rien faire.
Il y a notamment un moment de la vie – et on est tous passés par là – où l’on attend sans rien faire : c’est les neuf premiers mois de notre vie.
Et notre Maman aussi a appris à attendre sans rien faire.
Ça ne sert à rien, quand on est une femme enceinte, de regarder la montre une fois, deux fois, dix fois, de toutes manières ça va durer neuf mois. Bon, il y en a qui sont un petit peu plus pressés d’arriver, certes, mais en gros, on en a pour plusieurs mois, de toutes manières.
C’est intéressant que tous, nous passions par cette étape. Comme si le Seigneur voulait nous apprendre, dès le début de notre vie, l’importance de savoir attendre.
Pour une femme enceinte, c’est même un chemin de plus en plus pénible, de plus en plus complexe ! Celles parmi vous, Mesdames, qui ont attendu un ou plusieurs enfants le savent bien : au début ça va – encore que, des fois, même au début ce n’est pas simple ! – mais plus ça avance, plus c’est compliqué.
Et pourtant, si vous regardez une femme enceinte, plus ça avance, plus elle est heureuse dans l’attente de ce bébé qui arrive.
Plus c’est difficile, plus on est joyeux… si on vit l’attente dans l’espérance bien sûr. Et c’est leur cas.
Vous voyez que le Dieu de la vie nous apprend beaucoup de choses à travers le temps de la grossesse.
Or l’Avent est un temps de grossesse, celui de Marie bien sûr. Alors, il est bien plus court que les autres puisqu’il ne dure que 24 jours, vous me direz… mais en réalité, non : depuis le 25 mars, l’Annonciation, jusqu’au 25 décembre il y a bien neuf mois, dans notre calendrier liturgique.
Les paroles du prophète Jérémie que nous avons entendues dans notre première lecture pourraient d’ailleurs tout à fait convenir à une future maman. Jérémie disait : « Voici venir des jours où j’accomplirai la parole de bonheur. » Ça va tout à fait une femme enceinte, cette parole de bonheur qu’elle a dite, quelques mois plus tôt, à son mari : « Chéri, nous attendons un bébé. » Eh bien cette parole de bonheur va s’accomplir au bout de ce temps d’attente. C’est tout à fait ce que disait Jérémie.
Et puis l’attente, c’est aussi un chemin. Et parfois, on aimerait bien connaître d’avance la route.
Ces bougies nous la montrent, la route, certes. Il faudra que toutes soient allumées pour que nous soyons à Noël. Nos calendriers de l’Avent nous montrent la route : il faut que toutes les fenêtres soient ouvertes pour que nous arrivions à Noël.
Mais on aimerait bien connaître la route que nous, nous devons suivre pour aller jusqu’au Seigneur. Et c’est ce que disait le psaume : « Seigneur, fais-moi connaître ta route ! » …Fais-moi connaître le chemin qui mène jusqu’à toi. Et puis fais-moi connaître le chemin que toi tu empruntes pour nous rejoindre dans chacune de nos journées.
On aimerait connaître les chemins de l’attente.
L’Avent, Chers Amis, c’est un chemin d’attente. C’est parfois très douloureux pour nos enfants : ils aimeraient bien être déjà au matin de Noël, pouvoir déjà ouvrir les cadeaux !
Mais il est bon que nos enfants apprennent à attendre.
Pendant le temps de l’Avent, il y a aussi une double attente. On attend bien sûr la naissance de Jésus, mais on attend aussi – et nos textes de ce matin le disaient – on attend sa venue à nouveau dans notre monde, le jour où il reviendra, la fin des temps.
Jésus, dans l’Evangile, nous informait des signes avant-coureurs de son retour parmi nous : « Il y aura, disait-il, des signes dans le Soleil, la Lune, les étoiles… Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. »
Pas très réjouissants, tous ces signes-là ! Et certains sont peut-être déjà présents, d’ailleurs. L’attente peut aussi être douloureuse, notre monde est en grossesse, en enfantement…
Alors on en est pas encore au bout, si on en croit le descriptif fait par Jésus, on a encore quelques siècles devant nous. Et en même temps, à chaque tremblement de terre, vous trouvez des gens pour vous dire : « ça y est ! C’est l’Apocalypse ! »
Non, un peu de calme, : si on lit bien la Bible, le retour du Messie se fera effectivement après tous ces signes, mais après aussi que la Parole de Dieu ait été comprise par le monde entier…
…Et là… jusqu’à ce que 8 milliards de personnes appliquent « aimez-vous les uns les autres », je crains fort qu’on ait encore quelques siècles devant nous !
Les textes de la Bible nous aident eux aussi à attendre et c’est alors, et enfin, la deuxième lecture de ce matin qui va nous donner la bonne attitude à avoir pour ce temps d’attente. Elle nous apprend à attendre, non pas l’œil rivé sur un téléphone portable ou sur un livre, mais avec d’autres manières d’attendre.
« Que le Seigneur vous donne, disait la deuxième lecture, la lettre de Paul aux Thessaloniciens, que le Seigneur vous donne entre vous et à l’égard de tous, un amour de plus en plus débordant, intense. »
Voilà une belle manière d’attendre ! Attendre avec amour les uns pour les autres.
On retrouve d’ailleurs la femme enceinte qui attend avec amour son bébé.
Attendre avec amour, avec espérance, avec bienveillance… et par la prière, nous disait aussi l’Évangile.
C’est donc, Chers Amis, à une véritable conversion de notre façon d’attendre que nous sommes invités au début de l’Avent. Plutôt qu’attendre avec énervement quelqu’un qui est en retard, ou bien notre bus, attendons avec de bons sentiments ! Souhaitons au chauffeur du bus de faire une bonne route jusqu’à nous. Pensons aux personnes qui sont dans son véhicule. Pensons aux personnes qu’il va nous emmener retrouver. Attendons avec amour !
Et puis, plutôt que d’attendre avec angoisse nos invités qui sont en retard à notre repas, eh bien souhaitons-leur au contraire que tout aille bien sur la route. Espérons que ce temps supplémentaire leur permette d’arriver, certes avec quelques minutes de retard, mais en ayant fait tout ce qu’il leur restait à faire et donc plus détendus pour passer une bonne soirée avec nous…
Transformons notre manière d’attendre, Chers Amis ! Plutôt que de maudire la personne en retard, bénissons-la d’exister, réjouissons-nous de la retrouver, prions pour elle jusqu’à ce qu’elle arrive !
C’est en transformant notre manière d’attendre que nous serons prêts, alors, lorsque le Christ reviendra dans le monde, que ce soit le matin de Noël comme chaque année, ou que ce soit le jour où il reviendra à la fin des temps.
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Montreux, 30 novembre 2024, 18.00
Aigle, 1er décembre 2024, 10.00 (version enregistrée)
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