Marie… la vraie.

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Photo : Olivia Hussey dans le rôle de Marie de Nazareth (Zeffirelli, 1977)

J’aimerais, Chers Amis, vous faire un petit exercice… j’aimerais que vous fermiez les yeux quelques instants…

Allez-y, n’ayez pas peur, fermez les yeux…

Ne vous endormez pas, hein !

Fermez les yeux quelques instants, et essayez d’imaginer la Vierge Marie sur un de ces tableaux de la Renaissance qu’on connaît par cœur, ou alors prenez dans votre tête la statue de la grotte de Lourdes puisque nous sommes dans une église consacrée à Notre Dame de Lourdes… Marie est là, les mains jointes, la tête penchée à 45 degrés, elle est grande, elle est habillée en bleu et en blanc, toutes les couleurs sont pastel autour d’elle, elle a de longs cheveux blonds, de très beaux yeux bleus…

Arrêtez, rouvrez les yeux ! C’est pas Marie, ça ! C’est pas Marie, ça ! Ça c’est une représentation de Marie. Comme il y en a dans beaucoup d’églises, comme celle-ci par exemple.

Mais si vous voyagez un petit peu, Chers Amis, que vous cherchez la représentation d’une crèche de Noël dans le pays où vous vous trouvez – eh bien suivant l’endroit où vous êtes… vous allez avoir des surprises !

Si vous allez dans le grand Nord, en Norvège, vous trouverez Marie effectivement avec les cheveux blonds, très blonds, avec la peau presque blanche… mais elle aura des moufles et un bonnet sur la tête, et il y aura de la neige, sur la crèche ! Et vous aurez des bergers avec de solides peaux de mouton pour se tenir chaud.

…alors que la neige, à Bethléem c’est vachement rare, hein !

Au contraire, si vous allez en Amérique du Sud, vous trouverez des crèches avec une Marie à la peau sacrément basanée, les cheveux bien noirs, avec un poncho typique de là-bas, et probablement un lama à la place du chameau pour les Rois Mages…

Et tout est à l’avenant suivant le pays où vous vous allez, c’est bien normal !

Parce qu’on représente toujours la famille de Jésus comme « une famille à nous » ! Où que l’on se trouve, c’est une famille de chez nous qu’on représente. C’est une manière qu’on a de rendre Marie, Joseph, Jésus un peu plus proches de nous. On les représente comme on connaît les gens d’ici.

Et on aime bien s’approprier Marie, on a – chacune, chacun – notre petite Marie à nous dans notre tête. On aime bien se l’approprier parce que c’est notre maman du Ciel, après tout.

Mais la vraie Marie échappe à toutes ces représentations.

D’ailleurs – et je vous le dis d’autant plus volontiers que nous sommes dans une église « Notre Dame de Lourdes » – vous savez qu’il y a un élément totalement faux à Lourdes ?

…non, vous ne voyez pas ?

…La statue ! La statue de Marie à la grotte de Lourdes !

S’il y a une certitude à la grotte de Lourdes c’est que Marie n’était pas comme ça !

Vous allez me dire : « On le sait comment ? » Mais on le sait par Bernadette ! Lorsque les sculpteurs qui allaient placer cette statue à la grotte de Lourdes sont venus tout fiers présenter à Bernadette, dans son couvent, l’image qu’ils avaient essayé de faire à partir de sa vision… elle a regardé… et puis elle a dit : « Elle était pas du tout comme ça ! »

Et pourtant, c’est la statue qui est aujourd’hui à Lourdes, hein ! Donc s’il y a une certitude à la grotte, c’est qu’en tout cas elle n’était pas du tout comme ça ! On ne l’a pas changée pour autant…

Mais ce n’est pas grave. Elle est comme on l’imagine, comme chacun l’imagine, Marie. Elle ne se laisse pas enfermer dans nos concepts.

Mais essayons de lui redonner son apparence… la vraie… celle qu’elle était réellement.

C’est une petite jeune fille de là-bas…

Elle était dans son adolescence lorsqu’elle a été promise à Joseph, on le sait… elle devait avoir 14 ou 15 ans, pas plus. C’est une petite jeune fille aux cheveux sombres, les blondes sont quasi inexistantes là-bas… elle a la peau tannée…

Si vous avez un vêtement bleu et que vous parcourez le désert, votre vêtement va très rapidement devenir brun… elle devait plutôt avoir la tunique des gens de là-bas dans les couleurs ocres, brun, blanc-cassé… Elle devait plutôt avoir les yeux sombres qu’ont aussi les gens de là-bas…

Cette jeune fille juive chantait, dansait les chants et les danses de son pays… Elle allait à la synagogue, elle pratiquait sa religion juive…

Rendons-lui son visage, nous le lui avons trop souvent volé pour le représenter comme nous, on aimerait la voir. Rendons-lui son visage en ce jour de fête.

Et puis ne cherchons pas trop à essayer d’expliquer ce mystère, cette « Assomption de Marie », comme on appelle la fête d’aujourd’hui. Cette Marie qui monte au ciel sans avoir connu la dégradation du tombeau…

Il y a des mystères qu’il faut savoir ne pas expliquer, parfois, dans la vie.

Si elle est ce personnage universel qui transcende plusieurs religions, si elle est ce personnage qui nous relie entre les peuples, c’est aussi parce qu’elle contient cette part de mystère qu’il faut avoir la sagesse de ne pas expliquer et de simplement contempler dans le silence de nos cœurs.

Elle est cette mystérieuse femme couronnée de douze étoiles, la lune sous les pieds, dont on fit le chant que nous entonnerons à la fin de cette messe…

Etait-ce pour autant la femme dont parlait le livre de l’Apocalypse ? Pas sûr. Rien, dans l’Apocalypse, ne nous dit qu’il s’agit de Marie. Il y a des ressemblances, évidemment, mais il y a aussi des éléments qui sont différents.

Est-elle la fille de roi, vêtue d’or, dont parlait le psaume ? Pas sûr.

Est-elle le personnage dont parlait Paul dans notre deuxième lecture, ce personnage qui met la mort sous ses pieds pour mieux l’écraser – or on représente souvent Marie avec le serpent sous ses pieds… ? Pas sûr.

Marie échappe à tout ce qu’on essaie de dire d’elle. Elle est simplement l’humble jeune fille dont parlait l’Evangile, qui vient rendre visite à sa cousine Elisabeth, un beau jour, et qui prédit qu’un jour viendra où les puissants seront renversés de leurs trônes.

Marie, c’est l’humilité incarnée. Et l’humilité, précisément parce qu’elle se rit des apparences, l’humilité échappe à toutes nos tentatives de description.

Alors fermez les yeux à nouveau, Chers Amis. Essayez de remonter jusqu’au temps où vous étiez dans le ventre de votre Maman… Cette chaleur, cette douceur, cet amour que vous ressentez, voilà un peu de ce que l’on pourrait dire de Marie.

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Roche (VD), jeudi 15 août 2024, 19.00

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