Nous, disciples bien-aimés…

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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

Vous tous qui êtes ici rassemblés ce matin, même si vous avez passé une toute petite nuit à cause du passage à l’heure d’été, si je vous dis « Marie-Madeleine », quel est le premier mot qui vous vient en tête ?

Ne répondez pas tous à la fois mais je gage que ce ne serait pas forcément un mot très glorieux.

Pour beaucoup de gens dans le monde, quand on dit « Marie-Madeleine », on pense trop souvent encore à  « pécheresse », voire pire… Alors que, finalement, dans la Bible on nous dit simplement qu’elle était disciple de Jésus, qu’elle le suivait. Il n’y avait donc pas que des hommes qui suivaient Jésus comme on l’entend trop souvent encore aussi aujourd’hui. D’ailleurs la Bible nous dit qu’il n’y avait pas qu’elle, il y avait d’autres femmes aussi, dans le groupe.

On nous dit que cette Marie vient du village de Magdala, d’où son nom de Magdeleine, qui est devenu Madeleine. Eh oui, ça vient de Magdala, tout simplement. Et la Bible nous dit aussi qu’elle avait jadis sept démons qui sont sortis d’elle grâce à Jésus, qu’elle a été guérie par Jésus.

Le fait d’avoir eu des démons ne fait pas d’elle une pécheresse !

Chacune, Chacun de nous avons nos démons, nos petits démons intérieurs parfois assez difficiles à expulser, il faut bien le reconnaître… ça ne fait pas de nous de plus grands pécheurs que les autres. Ça fait de nous des êtres humains, tout simplement.

Si je vous parle de Marie-Madeleine c’est d’abord pour vous rappeler qu’il y a huit ans exactement, en 2016, notre pape François a déclaré que Marie-Madeleine était non seulement une personne importante, non seulement une des disciples de Jésus, mais qu’elle était l’Apôtre des Apôtres, c’est son titre depuis huit ans.

Apôtre des Apôtres. Ce n’est pas rien. L’Eglise reconnaît enfin les mérites de cette femme.

Et si je vous parle d’elle, la Madeleine, comme on la surnomme aussi parfois, c’est parce que – vous l’avez entendu – c’est la première personne à avoir été citée dans l’Evangile que nous réentendons chaque année à Pâques.

Réfléchissez deux secondes à ce point, ça pourrait nous surprendre !

Pour l’Evangile de la Résurrection, on aurait pu attendre que la première personne dont le texte parle soit… Jésus, par exemple, ou éventuellement la Vierge Marie, ou peut-être Simon-Pierre, sur lequel va être bâtie l’Eglise…

Non…

La première personne dont parle le texte le plus important de notre Bible, c’est Marie-Madeleine.

Or, dans la Bible, quand quelqu’un est cité en premier dans un événement, ça n’est jamais innocent.

Et c’est étonnant qu’il ait fallu tant de siècles pour qu’un pape proclame l’importance capitale de cette femme alors que Jean, l’Evangéliste, l’avait écrit noir sur blanc ! Il suffisait de lire !

La première à qui il est donné de voir le tombeau ouvert, c’est elle. La première, dans un autre passage du même évangile, à qui il est donné de rencontrer le Ressuscité dans le jardin, c’est elle.

Ce n’est pas Pierre, sur lequel Jésus bâtit son Eglise. Ce n’est pas Jean qui signe pourtant l’Evangile… il aurait pu se mettre en avant puisqu’il est l’auteur du texte… Non.

Et ce n’est aucun des autres hommes dont les pages précédentes nous ont pourtant abondamment parlé. Les Douze, ou les Onze puisque Judas n’est plus là.

Ce n’est pas un homme qu’on met en avant le matin de Pâques. C’est une femme, Marie de Magdala. Comme si, Mesdames, on voulait vous faire comprendre votre importance essentielle dans l’approche du mystère de la vie – c’est la vie que nous célébrons à Pâques – c’est ce mystère de la vie que vous portez en vous, et pas nous Messieurs. En tout cas très différemment.

La Résurrection c’est évidemment la fête de la vie. Ce n’est d’ailleurs pas innocent que cette fête tombe TOUJOURS au printemps. Vous avez remarqué ? Même si la date de Pâques est mobile, elle ne peut pas tomber en hiver, c’est impossible. Elle tombe toujours dans les premières semaines du printemps. Et ça aussi, ça vient nous dire quelque chose. Ce n’est pas un hasard, c’est la fête de la vie qui revient.

Et c’est bien pour ça qu’on offre des œufs, à Pâques – vous en aurez tout à l’heure : c’est parce que l’œuf, de tout temps, c’est un symbole de vie. Parce qu’il contient la vie, l’œuf, précisément.

Le lapin même chose : ça ne vous a jamais surpris qu’on associe les lapins aux œufs ? Moi, je n’ai jamais un lapin pondre des œufs, personnellement, hein ! je ne sais pas vous… Et pourtant, à Pâques, on les associe tous les deux, pourquoi ? Mais parce que le lapin, de tout temps, est un animal qui se reproduit énormément, c’est un animal qui est symbole de vie !

Mais pour nous, Chrétiens, Pâques c’est bien sûr infiniment plus que des œufs ou des lapins !

Pour nous, Chrétiens, Pâques c’est la vie du Ressuscité, c’est la vie de celui qui a vaincu la mort. Marie-Madeleine en est le signe, le témoin privilégié, il est heureux qu’on la célèbre !

Mais que se passe-t-il ensuite dans le texte que nous avons entendu ? Les deux disciples qui sont là arrivent, ils courent, ils ont été alertés par Marie… Oui, Mesdames, les hommes ont toujours un temps de retard pour comprendre ce que vous essayez de leur dire…

Ils courent, ils arrivent au tombeau. Il y en a deux, de ses disciples. Pierre, et… ? Eh bien on ne sait pas, parce que l’autre n’est pas nommé. Et ce n’est probablement pas Jean. L’autre, c’est – dit le texte – « le disciple que Jésus aimait ».

Dans l’Evangile de Jean, il porte ce nom, du début à la fin, « le disciple que Jésus aimait ».

Alors il y a beaucoup de personnes qui se sont dit : « C’est étrange qu’il en aime un plus que les autres, ça ne ressemble pas tellement à Jésus, ça… Donc probablement qu’il y a autre chose derrière cette expression. »

Et on pense, aujourd’hui, que « le disciple que Jésus aimait » c’est une expression que jean a utilisée non pas pour parler de lui mais pour parler… de vous, de nous tous !

  • Tu veux suivre le Christ ? Eh bien regarde ce qu’il est dit du « disciple que Jésus aimait », parce que Jésus t’aime ! Donc relis l’Evangile de Jean et va regarder ce que fait le disciple que Jésus aime… parce que c’est de toi dont il s’agit.

Si vous relisez l’Evangile de Jean avec cela en tête, c’est vertigineux ! Vous allez trouver tout un programme de vie.

Le « disciple que Jésus aimait » se trouve à la croix, je vous le rappelle.

Exactement comme vous êtes allés à la croix, vendredi.

On a entendu ce texte, dans la Passion : « Voici ton fils ! » dit Jésus à Marie en parlant de ce disciple bien-aimé. Et il dit au disciple bien-aimé : « Voici ta mère ! » Il nous donne Marie comme mère, à Chacune et Chacun de nous. Vous voyez que ça change tout quand on se reconnaît dans ce disciple bien-aimé !

Et dans notre épisode de ce matin, si on se met à la place du disciple bien-aimé, qu’est-ce que ça donne ? Eh bien, alertés par un témoin de la Résurrection, une femme, nous avons couru au tombeau. C’est exactement ce que vous avez fait ce matin. Peut-être, pour les plus petits d’entre vous, réveillés par une femme précisément : votre Maman qui vous a dit : « Attention, c’est l’heure ! Il faut aller à la messe ce matin ! »

Nous sommes venus au tombeau… Mais bon… quand on est arrivé dans cette église, on n’a pas forcément tout de suite occupé les premiers bancs, n’est-ce pas ? Les églises, c’est comme les bouteilles, ça se remplit par le fond, c’est bien connu. On n’ose pas toujours aller devant !

Et puis, quand on est les derniers, on est obligé d’aller carrément dans le chœur, alors là c’est une expérience tout à fait particulière !

Eh bien c’est exactement ce qui était dit dans le texte : le disciple bien-aimé arrive mais… il reste à la porte, il n’ose pas aller plus loin, il n’ose pas rentrer. Il dit : « Allez-y, faites seulement, allez devant, moi je vais rester derrière, ça me va bien… » C’est nous…

Et c’est Pierre qui passe devant. C’est pas donné à tout le monde d’être Simon-Pierre, hein ! Il n’y en a qu’un. Il s’appelle François, en ce moment, c’est le pape. Lui, il est fait pour passer devant, et Dieu sait si ce n’est pas un rôle facile. Il en faut un qui passe devant, et Dieu sait si ce n’est pas facile. Il en faut bien un qui passe devant…

Vous voyez comme ce texte profond et spirituel qu’est l’Evangile de Jean prend tout son sens quand on le regarde à la lumière du Bien-Aimé !

Ce n’est pas un texte vieux d’il y a deux mille ans, c’est un texte qui traverse les âges, qui est toujours jeune, qui s’adresse à chacune, chacun de nous, ce matin.

Et que dire des autres textes que nous avons entendus ? La première lecture, le livre des Actes, nous confirme l’événement que nous célébrons ce matin : « Celui qu’ils avaient supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité au troisième jour ».

Nous avions l’annonce de ce que nous célébrons.

Seulement ce texte s’adressait DIRECTEMENT à nous. Parce que, juste après, le texte disait : « Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple. »  C’est nous qui sommes chargés tout à l’heure d’annoncer cette bonne nouvelle !

Parmi toutes les personnes auxquelles vous allez souhaiter « Joyeuses Pâques » par un petit message WhatsApp, sur Instagram, sur les réseaux sociaux, par un coup de fil (pour ceux qui n’ont pas forcément l’habitude de pianoter sur leur écran), parmi toutes ces personnes-là – et Dieu sait si ça en fait du monde ! – n’oubliez pas de leur dire : « Christ est ressuscité ! »

Ce n’est pas le tout d’écrire « Joyeuses Pâques »… n’importe qui va le faire ! Mais nous qui sommes Chrétiens, nous avons une autre bonne nouvelle à annoncer, à côté du lapin qui clignote, nous avons à dire : « Le tombeau est vide ! Christ est ressuscité, et il l’a fait pour que nous ayons la vie éternelle ! »…

C’est quand même pas mal, comme bonne nouvelle ! Être pleinement Chrétien, marcher à la suite du Christ, c’est devenir messagers de cette Bonne Nouvelle.

Le psaume le disait aussi : « Que le dise Israël, éternel est son amour ! » – Israël dans la Bible, ce n’est pas le pays, hein ! Israël, c’est nous tous, c’est le peuple de Dieu, dans la Bible. « Que le dise Israël ! Que nous le disions autour de nous : éternel est son amour ! »

Alors pour ça, évidemment, il faut qu’en sortant, tout à l’heure, on ait des têtes de ressuscités ! Si vous sortez tout à l’heure en tirant la tronche et que vous dites : « Vous savez… Jésus est ressuscité… joyeuses Pâques… » ça va pas forcément donner envie de vous croire !

Si nous avons des visages de ressuscités en le disant, alors peut-être que les gens qui ne sont pas là ce matin vont se dire : « Dis donc ! ça a l’air de remplir de joie cette personne d’être allée à la messe ce matin… peut-être que j’aurais dû y aller, peut-être que l’année prochaine j’irai… »

Donc, en sortant tout à l’heure, je vous fais confiance, ayons des visages de ressuscités ! Aidons les gens à voir la beauté du ciel plutôt qu’à regarder le bout de leurs chaussures, ça fait du bien de rencontrer des sourires, de rencontrer des gens qui ont la joie en eux !

N’oublions pas que chacune, chacun, a une place dans notre église. Même dans le chœur.

Que ce soit au premier rang, ou au dernier rang, ou au service de l’autel ou de l’assemblée. Chacune, chacun de vous fait partie pleinement, dignement de cette Eglise.

L’Eglise avec un grand « E », ce n’est pas seulement le pape, les évêques et les prêtres… C’est deux milliards et demi de personnes, c’est quand même pas mal ! La famille des Chrétiennes et des Chrétiens, c’est la plus grande de la terre, eh oui !

Et cette Eglise est en fête aujourd’hui. Alors soyons des disciples de la fête, soyons en fête quand nous ressortirons tout à l’heure. Rappelons aux gens que notre Seigneur est vivant, qu’il est ressuscité pour que nous ayons la vie éternelle. Joyeuses Pâques à Chacune, à Chacun, Christ est vivant ! Il est ressuscité !

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Aigle, dimanche 31 mai 2024, 10.00

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