Photo libre de droits : pixabay
Homélie pour le 5e dimanche de Pâques, C
Actes 14, 21b-27 – Psaume 144 – Apocalypse 21,1-5a / Jean 13,31-35
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
C’est vrai que quand on entend cette phrase, ce commandement nouveau qu’on connaît par cœur, « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », il arrive que le projecteur de cinéma démarre dans notre tête et que nous viennent à l’esprit des images un peu fleur-bleue, des images d’un Jésus façon hippie, façon année septante, voyez…
Il a les cheveux longs, il a sûrement les yeux bleus. Peut-être même une fleur dans les cheveux, allez savoir !
Aimez-vous les uns les autres, ça fleure bon ces années-là. C’est tout juste si le décor n’est pas rose bonbon.
Et en fait, dans le cas de ce texte, le décor n’est pas rose bonbon du tout. D’ailleurs, il fait nuit quand Jésus prononce cette phrase.
Il est à table avec ses amis, Judas vient de sortir pour le vendre pour quelques pièces d’argent. Jésus le sait.
Quant à Simon-Pierre, il va le renier dans quelques heures, lui qui avait promis de mourir pour Jésus s’il le fallait. Jésus le sait probablement aussi.
Et tous les autres, tous sans exception, vont s’enfuir, Jésus le pressent certainement déjà.
Donc, quand Jésus prononce cette phrase, il fait nuit non seulement dehors… mais probablement aussi dans son cœur. Et il leur laisse ce commandement : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Évidemment, ça calme quand on redonne le contexte de cette phrase. Elle n’a pas du tout été prononcée lors d’un goûter d’anniversaire. Jésus, ce soir-là, est peut-être le plus proche de nous de toute son histoire, il est humain à 200% à ce moment-là.
Il pleure probablement dans son cœur cet ami qui est en train de le vendre. Il pleure probablement dans son cœur cet autre ami qui est encore à table avec lui, mais qui va aller jusqu’à dire qu’il ne le connaît pas.
Comme nous pleurons nous aussi sur les amis qui nous trahissent quand ça arrive dans une vie, Dieu sait si c’est douloureux.
Il a peur aussi. Il sait ce qui va se passer le lendemain, le procès, le chemin de croix, le fouet, les clous, la mort. Dans quelques heures, il va même aller jusqu’à transpirer du sang et demander à Dieu que tout ceci passe.
Il fait nuit quand Jésus prononce cette phrase magnifique, « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il fait nuit dehors, il fait nuit dans son cœur, il fait nuit dans sa tête, sûrement aussi, parce qu’il a toutes les bonnes raisons de s’enfuir, et il ne le fait pas.
Il vient même de faire un geste inouï, il vient de laver les pieds de ses disciples en prenant lui-même le rôle de serviteur. Et le voilà qui leur dit que le seul commandement qui compte désormais – et ce n’est pas rien, parce qu’à l’époque il y en avait 613, des commandements – le seul qui compte désormais, c’est « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Jésus vient balayer l’ancienne loi, non pas en disant que les autres commandements n’ont pas de valeur, non, pas du tout ! Mais en nous donnant un nouveau commandement qui les surpasse tous : l’amour.
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Alors s’il n’y avait que le début de la phrase, ce serait facile ! Enfin facile… « Aimez-vous les uns les autres », on sait assez ce que ça signifie : quand les paniers vont passer tout à l’heure, vous y glisserez une pièce, un billet, parce que vous êtes solidaires des personnes qui en ont besoin, on connaît.
Mais il y a la deuxième partie de la phrase : « aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés. » Jésus n’a pas glissé une pièce dans un panier de quête. Il a donné sa vie pour nous, c’est un tout petit peu différent !
Aimer par beau temps, c’est facile. Aimer ses amis, aimer les gens qu’on aime bien, aimer les gens qui nous font du bien, c’est facile. Encore faut-il le faire hein, mais c’est facile.
Mais aimer de nuit… Aimer quand il fait nuit dans notre cœur… Aimer celui qui nous a trahis… Aimer celui qui prétend ne même pas nous connaître… Aimer celui qui s’enfuit pour ne pas être vu avec nous… Ça, c’est autre chose.
Il faut sans doute toute une vie pour apprendre cet amour-là.
Et c’est un commandement. Ce n’est pas une suggestion ou une proposition que nous fait Jésus, c’est un commandement.
Un commandement nouveau, certes, tout différent des autres parce qu’il va tellement plus loin. Mais un commandement qu’il nous faut tenter d’appliquer dans nos vies, même si c’est pas tous les jours facile !
Ce commandement, il nous le donne ce matin ici à Villars. Oui, parce que Chers Amis, si la Bible n’était qu’un vieux recueil de textes d’il y a 2000 ans, elle serait tout juste bonne à tenir les autres livres sur l’étagère et à prendre la poussière ! Mais la Bible, c’est notre livre sacré. Et comme tout livre sacré, quand on l’ouvre, il nous parle de l’aujourd’hui de notre vie.
Quand on ouvre la Bible, elle nous parle de ce qu’on est en train de vivre. Et donc la Bible nous dit ce matin ici à Villars « aimez-vous les uns les autres comme il nous a aimés. » Vaste programme.
Je crois que cet amour que nous devons sans cesse essayer d’exercer entre nous, c’est une constituante du Royaume des Cieux que nous construisons ensemble peu à peu. Ce Royaume – la deuxième lecture, nous en parlait – ce Royaume c’est la Jérusalem Céleste dans laquelle nous vivrons, ensemble, dans l’amour le plus total.
C’est pour ça qu’ici, on est dans un laboratoire. Sur terre, on apprend l’amour. C’est le but de notre passage sur terre : on essaie d’apprendre à aimer pour qu’un jour, là-haut, nous puissions être dans l’amour total. Et puis là-haut, ce sera le règne éternel de Dieu, le psaume nous en parlait très bien.
Dans notre première lecture, les Actes des Apôtres, on nous rappelait que pour parvenir à ce Royaume, il nous faudra encore passer par bien des épreuves.
Nous le savons bien : il n’y a pas de vie sans épreuve, sans trahison, sans des amis qui finalement prétendent ne pas nous connaître. C’est ce que Jésus nous a laissé en exemple.
Alors je nous propose – Je dis « nous » parce que je m’inclus dans le lot, je ne suis pas meilleur que vous, au contraire ! – je nous propose, pendant les quelques minutes qui vont suivre et pendant lesquelles je mettrai un peu de musique, de prendre une résolution.
Alors attention, pas une résolution du type « premier janvier » ! Celles-là, on les tient trois jours et puis après on les oublie ! On connaît !
Non, une vraie résolution. Mais une résolution facile parce qu’elle sera à tenir quelques heures, quelques jours jusqu’à ce qu’on l’applique.
Cette résolution, c’est : imaginer dans notre esprit le prochain acte d’amour que nous allons réaliser. Le prochain acte de paix que nous allons faire. Pas dans un an, dans un mois… là, cet après-midi, ce soir, demain, pas plus tard.
Cette visite qui attend, ce coup de fil que nous n’avons pas encore fait, cette carte postale qu’on aurait déjà dû écrire il y a bien longtemps, cette prière qui n’attend que notre bonne volonté pour exister…
Quel est le prochain acte d’amour que vous vous engagez, que nous nous engageons à faire ? Cherchons quelques instants et prenons la résolution de l’accomplir cet acte dans les heures qui viennent.
Car Jésus nous le dit aussi : c’est à l’amour que nous aurons les uns pour les autres, que l’on reconnaîtra que nous sommes ses disciples.
Alors à nous de savoir dès lors si nous souhaitons être reconnus comme ses disciples.
___________________________________________
Montreux, samedi 17 mai 2025, 18.00
Villars-sur-Ollon, dimanche 18 mai 2025, 10.00 (version enregistrée)
…et, dans une version assez semblable jadis :
Roche, samedi 14 mai 2022, 18.00
Leysin-Village, dimanche 15 mai 2022, 10.15
Laisser un commentaire