Jésus et les 3 tamis

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Homélie pour le 8e dimanche TO, année C

Siracide 27,4-7 / Psaume 91 / 1Corinthiens 15, 54-58 / Luc 6, 39-45

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
 
Vous connaissez j’espère la célèbre histoire des trois tamis. Pas des trois amis, hein ! Des trois TAMIS. C’est une histoire de Socrate, qui appartient à la Grèce Antique… Socrate, un jour, voit arriver une de ses connaissances qui lui dit : « Il faut absolument que je te dise quelque chose… »
 
Combien de fois entrons-nous chez un ami ou dans un bistrot en disant : « Il faut absolument que je te raconte… »
 
Et pour celles et ceux d’entre nous qui sont sur les réseaux sociaux, sur internet, combien de fois empoignons-nous notre clavier, persuadés qu’il faut absolument que le monde entier soit au courant de ce que nous avons à lui dire…
 
Socrate, très sagement, demande à son ami s’il a bien fait passer ce qu’il a à lui dire par les trois tamis. Et tout d’abord le premier :
 
–       Est-ce que ce que tu as à me dire est vrai ? demande Socrate.
 
Et son ami de bredouiller que… il tient cette information de quelqu’un… qui l’a entendue de quelqu’un d’autre qui, lui-même, la tenait de… on connaît ce genre de chaînes improbables, n’est-ce pas…
 
En version moderne, ça donne : est-ce que c’est vrai ? Bien sûr, puisque je l’ai lu sur internet.
 
L’information que l’ami de Socrate veut absolument lui dire ne passe donc pas le premier tamis, celui de la vérité. Socrate demande alors à son ami s’il a au moins fait passer ce qu’il a à lui dire par le deuxième tamis :
 
–       Est-ce que ce que tu veux me dire est bon ?
 
Et l’ami de se râcler la gorge…
 
–       Ben c’est-à-dire que non, pas forcément, ce serait même plutôt le contraire… mais ça concerne une personne très importante…
–       Oui-oui-oui-oui-oui, dit Socrate… ce que tu as à me dire ne passe donc pas forcément non plus le deuxième tamis…
 
Est-ce que ce que voyons à la télévision, ce que nous lisons sur Internet ou dans les journaux est bon ? Posons-nous sérieusement la question avant de vouloir absolument le raconter à nos amis autour d’un café. Si cela ne passe pas non plus le deuxième tamis, mieux vaudrait peut-être se taire.
 
–       Mais bien sûr, reprend Socrate, tu as au moins fait passer ce que tu as à me dire par le troisième tamis : est-il indispensable que je le sache ?
 
Et là, silence.
 
–       Alors, termine Socrate, si ce que tu veux me dire n’est pas ni vrai ni bon et qu’il n’est pas indispensable que je le sache, je ne veux pas le savoir. Et quant à toi, je te conseille de l’oublier.
 
C’était une belle sagesse, n’est-ce pas ?
 
Jésus, dans l’Evangile que nous venons de ré-entendre, nous présente lui aussi trois tamis. Trois tamis qui nous sont utiles lorsque nous entendons avoir un avis sur quelqu’un. Même sur quelqu’un de très connu, hein !
 
Il y a là aussi trois tamis à travers lesquels faire passer notre jugement.
 
Le premier tamis, c’est celui du regard, le tamis de l’aveugle.
 
Est-ce que je suis certain d’avoir le bon regard sur la personne que je m’apprête à juger ? Est-ce que par hasard mon regard n’aurait pas été faussé par la jalousie, par la colère, par le préjugé ? Ou tout simplement par la certitude que j’ai de la véracité de mes informations puisque je les ai lues sur Internet ?
 
Faisons passer nos avis par le tamis de l’aveuglement et, si nous avons l’impression d’avoir un tout petit peu été aveuglés, il serait bon de nous abstenir d’avoir un avis…
 
Faisons passer aussi nos avis par le deuxième tamis, celui de la paille et de la poutre.
C’est le tamis de la réciprocité. Est-ce qu’avant de prétendre avoir un avis sur quelqu’un d’autre je me suis passé moi-même au crible ? Ai-je balayé devant ma porte ? Si ce n’est pas le cas, comment est-ce que j’ose reprocher à l’autre ce que je ne suis pas forcément capable de respecter moi-même ?
 
Faisons donc passer nos jugements par le tamis de la réciprocité. Est-ce que je me suis mis à la place de l’autre, par exemple ?
 
Puis Jésus nous présente le troisième et dernier tamis, celui des fruits. Du raisin ne poussera jamais sur des ronces, il nous le dit très justement.
 
Est-ce qu’avant d’ouvrir ma bouche j’ai la certitude que ce que je vais dire est de nature à porter de bons fruits ?
 
Parce que, comme nous le disait aussi Jésus à la fin de l’Evangile : ce qui sort de la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Si, dans le cœur, j’ai de la colère, il y a fort à parier que ce qui va sortir de ma bouche ne sera pas très bon…
 
Dans ce cas, mieux vaudrait sûrement adopter le silence. Cela m’évitera d’être jugé sur de vaines paroles puisque c’est bien souvent sur nos dires que les autres portent un regard plus ou moins bon sur nous, comme le rappelait la première lecture, Ben Sirac le Sage. Une lecture où l’on trouvait d’ailleurs le mot « tamis » tout au début.
 
Soyons fermes, Chers Amis, soyons inébranlables aussi, comme nous le suggérait Paul dans notre deuxième lecture. C’est ainsi que nous construisons ensemble le Royaume. Mais soyons inébranlables dans notre façon de juger, aussi. Ne nous laissons pas colorer, fausser par ce que nous lisons sur Internet ou par ce qui déborde de nos cœurs.

Et si vraiment nous voulons nous exprimer au bistrot ou sur les réseaux sociaux en ayant la certitude que ce que nous avons à dire passe les trois tamis, eh bien faisons ce que le psaume nous suggérait : louons le Seigneur, racontons les bontés du Seigneur à qui veut l’entendre.
 
Ça, c’est à la fois vrai, bon et utile que les autres le sachent, ça passe tous les tamis du monde.
 
Que l’urgence de nos paroles, Chers Amis, ne soit pas de commenter une guerre mais d’annoncer la Bonne Nouvelle !
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Roche, samedi 26 février 2022, 18.00
Aigle, dimanche 27 février 2022, 10.00 (version enregistrée)

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