Fenêtres à Jalousies

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Chers Amis,

Connaissez-vous les fenêtres à jalousies ? Je vois certains regards perplexes…

Les fenêtres à jalousie, vous savez, ce sont ces stores dont les lamelles sont réglables, c’est cela qu’on appelle les jalousies. On peut les écarter plus ou moins pour faire entrer le soleil à dose variable. Je vois que la chose vous est connue, et peut-être même en possédez-vous chez vous.

On peut aussi dire bien sûr « lamelles réglables », mais « jalousies » ça dit tellement mieux ce dont il s’agit au départ.

Aujourd’hui ces lamelles sont réglables et l’on peut voir l’utilité depuis l’extérieur – faire entrer plus ou moins de soleil dans la pièce – mais au départ les lamelles sont en bois et sont fixes… selon un angle bien précis. Et cet angle permet d’observer sans être vu. D’où leur nom de « jalousies », bien sûr.

La jalousie, Chers Amis, est bien souvent emprunte de lâcheté : on veut voir, mais on n’assume pas !

On veut épier, envier, mais il ne s’agirait pas qu’on le sache !

La jalousie, c’est une des plus remarquables armes du démon. Elle se nourrit d’abord d’envie : l’herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin, nous le savons bien ; elle se nourrit aussi d’insatisfaction :  on n’envie l’autre que parce que l’on ne voit pas notre propre bonheur ; elle se nourrit aussi de ces esprits chagrins qui voient toujours le verre à moitié vide ou qui n’arrivent pas à s’émerveiller des bonheurs de l’autre, de ses réussites, de ses qualités.

« La jalousie voit tout, excepté ce qui est. » disait un auteur du 19e siècle, Xavier Forneret. C’est très intéressant, comme phrase : « La jalousie voit tout, excepté ce qui est. »

Par une fenêtre à jalousies, on voit tout. Du moins, on en a l’impression. Mais on voit tout d’une façon déformée, masquée, zébrée par les lamelles.

Au fond, on a l’impression de tout voir, mais en réalité on ne voit rien, on ne voit pas du tout les choses et le gens telles qu’ils sont réellement.

Et les textes d’aujourd’hui, Chers Amis, nous mettent en garde contre ce défaut très humain qu’est la jalousie.

Jacques, notamment, dans la deuxième lecture, vous l’avez entendu, va très loin. Il dit que que c’est ce type de sentiments qui provoque les guerres.

Et si on y réfléchit quelques instants, ce n’est que trop évident ! Si l’on est heureux de ce que l’on a dans notre pays, nul besoin d’aller dans le pays d’à côté pour l’envahir et s’approprier sa terre !

C’est aussi le mécanisme de quelque chose qui nous est beaucoup plus proche : les publicités.  On vous montre quelque chose que vous n’avez pas, on vous fait croire que vous en avez absolument besoin, que vous ne pouvez pas vivre une minute de plus sans cet objet, et on vous pousse à le posséder.

Y compris si pour cela vous devez prendre sur ce que vous n’avez pas – c’est le principe de l’achat à crédit, on achète avec l’argent qu’on n’a pas.

C’est le drame de certains jeunes – et de certains moins jeunes également – qui s’endettent à n’en plus finir.

La jalousie, c’est aussi le principe de la presse people. Vous savez, ces magazines dont Coluche disait : « Il suffirait que vous ne les achetiez plus pour que ça ne se vende pas. »

Vous ne verrez jamais un champ de blé ou une jolie fleur en couverture de ces magazines, ça n’aurait aucun intérêt. On vous met une personne connue, admirée. Et vous l’enviez. Vous enviez sa vie, son argent, sa beauté, son pouvoir, ou sa célébrité, tout ce que nous n’avons pas.

Vous l’enviez avec un petit relent de voyeurisme, il faut bien le dire, parce que vous avez envie de savoir ce qui est arrivé à cette personne – d’autant plus que le magazine affuble la photo d’un titre racoleur en général.

Alors que franchement, chers Amis… vous savez bien que les gens qui font les gros titres de nos magazines ne sont pas les personnes les plus heureux de la terre, loin de là.

Sincèrement, vous enviez Emmanuel Macron, vous ? Vous enviez Julia Roberts, Mesdames… ou Messieurs peut-être ? Vous enviez Elon Musk, qui envoie ses satellites dans l’espace ? Ils ont pourtant… qui le pouvoir, qui la beauté, qui l’argent, et tous les trois ont la célébrité, mais ils ont des soucis à n’en plus finir, ils ont des gardes du corps tout le tour du ventre et des paparazzis jusque dans leur salle de bain…

Et même si l’on prend quelqu’un d’un peu plus proche de notre foi, le pape François, franchement, pouvons-nous l’envier une seule seconde ?  Il a certes la célébrité, le pouvoir, mais des nuits très courtes, un emploi du temps de ministre, sans parler des responsabilités qui pèsent lourdement sur ses épaules.

D’ailleurs ces gens sont aussi sujets à de grands dangers, à des menaces. La première lecture, le livre de la Sagesse, nous le disait très bien : ceux qui méditent le mal – les jaloux – veulent attirer toutes ces personnes dans un piège.

Le jaloux veut toujours le mal de celui qu’il jalouse, au final.

Alors Jésus, dans l’Evangile, nous invite à laisser de côté tout cela.

Il fustige la jalousie entre ses disciples qui étaient en train de se disputer pour savoir qui était le plus grand. Quelle vanité !

Avec Jésus, tout est toujours renversé, inversé. Avec Jésus, le plus grand, ce n’est pas le plus grand. Le plus grand, pour Jésus, c’est celui qui se fait humble, c’est le serviteur. Le plus grand, avec Jésus, c’est le plus petit en somme.

Et Jésus nous propose donc de nous faire petits, de retrouver notre âme d’enfant. D’accueillir Dieu comme un enfant.

Présentez à un enfant Emmanuel Macron, Julia Roberts ou Elon Musk, que fera-t-il ? Rien, il ne les connait pas. Ce sont des personnes insignifiantes, pour lui.

Mais montrez à un enfant un bonheur tout simple : rire aux éclats, ou se jeter dans l’eau d’une flaque,  ou courir dans le vent, ou manger à sa faim, ou faire un câlin à sa maman, tout de suite il voudra faire comme vous ! Parce qu’il sait, lui, que le bonheur est là.

Le vrai bonheur, chers Amis, est souvent tout simple, il est juste là, au coin de la rue !

Il ne s’embarrasse pas des soi-disant standards du bonheur que voudrait nous montrer notre monde. Il n’a rien à voir avec les couvertures de nos magazines, avec les écrans de nos téléviseurs ou de nos ordinateurs ou de nos tablettes. Il n’a rien à voir ni avec l’argent, ni avec le pouvoir, ni avec la beauté ni avec la célébrité. Le vrai bonheur nous attend au coin de notre vie.

Alors ne jalousons surtout pas trop les gens qui font la couverture de nos journaux. Et regardons la vie simple et belle que nous avons pour la plupart d’entre nous.

Ouvrons toutes grandes les lamelles de nos fenêtres à jalousies pour laisser entrer dans nos cœurs le grand soleil de Dieu et puis aussi pour être vus de l’extérieur, afin que notre joie, notre bonheur soit contagieux !

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Bex, 21 septembre 2024, 18.00

Clarens, 22 septembre 2024, 9.30 (version enregistrée)

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