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Homélie pour le 14e dimanche TO, année C
Isaïe 66,10-14c / Psaume 65(66) / Galates 6,14-18 / Luc 10,1-12.17-20
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
A l’hôpital, on me demande parfois quel est l’uniforme des aumôniers… Parce qu’au CHUV, ils sont en blanc comme les médecins, mais ici à Rennaz, on est en civil. Ça dépend des hôpitaux. Alors j’ai l’habitude de dire que l’uniforme des aumôniers, ce sont les baskets. Parce qu’on fait des kilomètres dans les couloirs. Et c’est pour ça que j’en porte toujours.
Mais vu la canicule de ces dernières semaines, l’autre jour, j’ai troqué mes traditionnelles baskets contre mes sandales d’été que j’avais remisées, l’été dernier, dans mon tiroir à chaussures.
Et c’est là que j’ai eu la surprise d’y découvrir du sable. Du sable de l’océan Atlantique qui était resté là depuis l’été dernier.
Machinalement, j’ai secoué mes sandales et j’ai été bon pour repasser l’aspirateur, du coup !
Je n’avais d’ailleurs aucune raison, à vrai dire, de secouer la poussière ou le sable de mes sandales, puisque l’Évangile nous disait qu’il faut faire cela quand on a été mal accueilli. Et chaque année, là-bas, dans le Pays Basque, on m’accueille très bien.
C’est le lieu de mes origines familiales. On s’y retrouve chaque été en famille. C’est l’occasion de fêter, de jouer, de chanter.
J’y retrouve les sœurs carmélites de Bayonne, chez qui je loge chaque année et chez qui je célèbre la messe tous les jours. Ensemble, nous acclamons le Seigneur, nous le glorifions, nous écoutons sa parole, toutes choses d’ailleurs que rappelait le psaume que nous avons entendu : fêter, chanter, être dans la joie, louer le Seigneur.
Mais en regardant ce sable qui tombait de mes sandales, je me disais qu’il est aussi une promesse. La promesse de retrouver les miens d’ici quelques semaines. Car c’est quand vous ne serez plus en vacances que je prendrai les miennes. C’est chaque année comme cela. Il faut bien qu’il y en ait qui partent après tout le monde, c’est normal.
En somme, ce sable que je voyais tomber à terre est lié à mes racines, à ma famille.
Exactement comme les nombreux grains de sable qui correspondent à la descendance d’Abraham. Souvenez-vous de ce texte, la promesse que Dieu fait à Abraham : « ta descendance sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel ou que les grains de sable au bord de la mer… »
Ce sable ne représente pas ma descendance, moi qui ne peux pas en avoir, mais mon ascendance, ma famille. C’est un peu ma demeure ici-bas.
Et en pensant à tout ça, j’ai arrêté de secouer mes sandales. Il est bon qu’il reste encore quelques grains de sable, me suis-je dit. Ça me rappellera l’endroit d’où je viens et que je vais retrouver bientôt.
Non, vraiment, je n’avais aucune bonne raison de secouer mes sandales ce jour-là, au contraire.
Et en enfilant mes sandales encore emplies des derniers grains de sable qui s’y trouvaient, j’éprouvais même le réconfort de savoir que j’allais bientôt revenir vers ce sable qui m’est cher.
Peut-être en est-il de même pour vous lorsque vous retrouvez un souvenir de vos vacances qui précède les vacances suivantes ?
Ce soir-là, en rentrant tard chez moi, comme très souvent après les patients de l’hôpital, après deux préparations de baptême à domicile et puis après avoir rencontré des fiancés pour un futur mariage, il était plus d’onze heures du soir lorsque je suis arrivé à Champex où j’ai la chance d’habiter, dans la montagne là-haut. Et le ciel était piqueté de milliers d’étoiles.
Et je me disais que ces étoiles – dont Dieu a aussi parlé à Abraham jadis – ces étoiles sont un peu les grains de sable de là-haut. Ceux qui nous emmènent vers notre maison céleste.
J’aime aussi à penser que toutes ces lumières qu’on voit dans le ciel sont les âmes de celles et ceux qui nous précèdent dans la lumière de Dieu, dans son amour.
Là où Dieu qui ne nous abandonne jamais nous consolera le moment venu, comme le rappelait le prophète Isaïe dans notre première lecture.
Il nous consolera dans sa ville, la Jérusalem d’en haut, là où il n’y aura plus de différences entre les êtres humains, comme l’a si bien annoncé l’apôtre Paul dans notre deuxième lecture.
Parce que Dieu nous veut libres. Et cette deuxième lecture nous le rappelait admirablement : c’est la foi qui nous rend libres. La foi de croire qu’un jour nous rejoindrons ce ciel aux milliers d’étoiles.
Dieu nous veut libres, Chers Amis ! Libres de venir à cette messe ce matin, comme vous l’avez choisi. Libres de ne pas y venir également. Si vous êtes venus parce que vous êtes obligés, repartez, hein ! Vous n’avez pas tout à fait compris la liberté que Dieu nous propose…
Il nous veut libres d’entrer dans telle ou telle ville, libres de secouer la poussière de nos pieds en ressortant, libres d’annoncer, chacun à notre manière, la Bonne Nouvelle vers les gens auxquels Jésus nous adresse.
De votre côté, Chers Amis, vous allez peut-être bientôt partir en vacances vers des lieux connus ou inconnus. Dieu nous envoie sur nos routes estivales.
Et comme d’habitude vous ferez une valise, vous prendrez le strict nécessaire… histoire de laisser de la place pour ramener quelques souvenirs. Et pourquoi pas un peu de poussière ou de sable dans votre valise, ou sous vos chaussures…
Peut-être est-ce l’inverse ? Peut-être y a-t-il parmi vous des gens qui viennent d’arriver dans notre région pour les vacances ? J’espère que ces personnes ne secoueront pas la poussière de leurs chaussures en repartant parce qu’on les aurait mal accueillies ! J’espère qu’ils se sentent les bienvenus et qu’ils ramèneront avec eux quelques souvenirs qui leur donneront envie de revenir, qui sait ?
Mais que vous soyez en partance ou en train d’arriver, que vous soyez peut-être de ces autres personnes qui ne partiront pas cet été, qui que vous soyez, ce soir prenez le temps, après cette chaude journée, prenez le temps de regarder les étoiles.
Alors en ce moment, il faut attendre longtemps, évidemment, parce que le soleil se couche tard. Mais c’est d’autant plus agréable de goûter la fraîcheur de la nuit !
Regardez le ciel étoilé, et puis si les étoiles ne brillent pas assez ici en plaine, montez, passez la soirée quelque part à Leysin, aux Diablerets, quitte à redescendre ensuite !
Regardez les étoiles, contemplez les lumières de la Jérusalem d’en haut, là où les étoiles remplacent les grains de sable, là où il n’y a plus besoin d’emporter quoi que ce soit, ni bourse, ni sac, ni sandales, ni valise, là où il n’y a plus que des agneaux et aucun loup… C’est là que Dieu nous accueillera un jour.
Alors quand nous arriverons, c’est lui qui secouera la poussière de nos vies. Et ça va faire, alors, encore plus d’étoiles dans le ciel…
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Bex, samedi 5 juillet 2025, 18.00
Aigle, dimanche 6 juillet 2025, 10.00 (version enregistrée)
Les Plans sur Bex, dimanche 6 juillet 2025, 11.45
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