Charmantes vipères

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Charmantes vipères

Is 11,1-10 et Mt 3,1-12

Vipères… le mot revient deux fois dans les lectures de ce 2e dimanche de l’Avent. La première fois dans la première lecture, le livre du prophète Isaïe. En parlant du Royaume de Dieu qui est un royaume de justice, de paix, Isaïe utilise de splendides images empruntées à la nature pour nous dire que tout sera différent dans le Royaume de Dieu et que même l’enfant pourra étendre la main sur le trou de la vipère.

Mais un deuxième texte nous parlait de vipères, l’Evangile. Pour désigner des gens cette fois-ci. Il faut bien le reconnaître, Jean-Baptiste n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Mais comme ce sont les Pharisiens et les Sadducéens qu’il qualifie ainsi, on pourrait être tenté de croire – un peu vite – que nous ne sommes pas concernés.

Pourtant, Jean-Baptiste nous appelle vous et moi à la conversion du cœur au début de cette deuxième semaine de l’Avent. Il critique assez fortement ceux qui agissent bien en apparence mais qui sont mauvais au fond de leur cœur. Ceux qui ont un double langage, en quelque sorte. Ceux qui vous font un grand sourire par devant et qui vous critiquent, dès que vous avez le dos tourné. On les appelle parfois les « langues de vipères ». Comme par hasard.

Il n’est pas facile de les reconnaître, justement parce que ce sont des personnes qui sont très gentilles en apparence, face à nous. Qui nous sourient quand elles nous rencontrent. Qui nous disent tout le bien qu’elles pensent de nous. Il existe un truc imparable pour les différencier de nos vrais amis. Une « langue de vipère », c’est avant tout une personne qui l’est aussi face à nous. Mais au sujet de quelqu’un d’autre. C’est une personne qui va nous dire tout le bien qu’elle pense de nous mais, en même temps, qui va nous dire tout le mal qu’elle pense d’autres personnes, qui ne ratera jamais une occasion de nous raconter le dernier ragot qui se propage dans les rues, la dernière rumeur au sujet de telle ou telle personnalité plus ou moins publique…

Ces gens si bien intentionnés qui nous disent tout le bien qu’ils pensent de nous mais qui crachent sur tous les autres… il y a fort à parier qu’ils font la même chose à notre sujet quand ils sont avec les autres… Forcément ! Si ces personnes sont capables de dire du mal des autres tout en nous faisant un grand sourire, c’est quand elles font de grands sourires aux autres que nous pouvons nous faire du souci quant à ce qu’elles racontent de nous…

Tu es bien dur avec cette personne… je n’aimerais pas qu’on parle ainsi de toi quand tu as le dos tourné…

Pour convertir leurs cœurs, il suffit de leur dire ceci, lorsqu’elles nous parlent négativement de quelqu’un en son absence : « Tu es bien dur avec cette personne… Je n’aimerais pas qu’on parle ainsi de toi quand tu as le dos tourné… »

Seulement voilà… si l’Evangile nous parle de vipères en tant que personnes c’est aussi pour que nous puissions nous convertir, nous-mêmes. Parce qu’il faut bien reconnaître que ça nous arrive aussi, à nous, d’avoir la langue fourchue de temps en temps, d’ailleurs c’est ce que je viens de faire en vous parlant des langues de vipères, au fond ! Alors les vipères deviendront charmantes, et il sera même possible de laisser un enfant jouer devant elles sans souci. C’est le Royaume que nous construisons ensemble, peu à peu.

Vincent Lafargue

Publié sur www.cath.ch le 2 décembre 2022

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