Appelés à accueillir

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> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Nous avons entendu trois textes qui, a priori, n’ont pas grand-chose à faire ensemble.

Le premier nous parlait de Amos, un simple agriculteur devenu prophète 750 ans avant Jésus.

La deuxième lecture, la lettre de Paul aux Ephésiens, nous rappelait que le salut est universel. Il est proposé à tous.

Enfin, l’Evangile que nous venons de réentendre relatait l’envoi des premiers disciples par Jésus.

A priori, difficile de trouver le lien entre ces trois textes ! Et pourtant, si on nous les propose ce matin, c’est bien qu’il y en a un, vous le supposez…

Le fil rouge, c’était la première phrase du psaume que je vous ai chanté : « J’écoute, que dira le Seigneur Dieu ? »

…J’écoute que dira le Seigneur Dieu ?

Parce que ces trois textes nous parlent de notre manière d’écouter – ou non – le Seigneur et son appel pour Chacune, Chacun de nous.

Dans la lettre aux Ephésiens, Paul nous apprend d’abord que cet appel est pour tous.

Et la première lecture venait renforcer cette idée, car Amos était un simple agriculteur qui ne savait ni lire ni écrire… et pourtant c’est lui que Dieu va appeler à être prophète, c’est à dire à parler au nom de Dieu pour confondre ceux qui se croyaient sages, les prêtres de son époque. Amos va tellement les mettre mal à l’aise qu’il en sera contraint de partir de chez lui. C’est l’épisode que nous avons entendu.

Cela nous confirme, Chers Amis, que Dieu appelle tous types d’individus.

J’ai entendu la semaine passée encore : « Oh, vous savez, les prêtres, ils sont plus proches de Dieu ! » Quelle énorme bêtise que de dire une pareille chose ! Il y a des prêtres qui sont très proches de Dieu, mais il y a dans cette assemblée des personnes qui sont tout aussi proches de Dieu.

Et même je connais des gens parmi vous qui sont bien plus proches de Dieu que moi. Et pourtant je suis prêtre. Et puis il y a des prêtres qui sont de sacrés voyous. L’actualité nous le rappelle ad nauseam, si j’ose dire ! C’est donc absolument idiot de dire que les prêtres, parce qu’ils sont prêtres, sont plus proches de Dieu. Ça n’a aucun sens.

Et la Bible passe son temps à nous rappeler que Dieu appelle tout le monde. Des personnes savantes comme des personnes qui n’ont aucune éducation.

Amos, simple agriculteur, Dieu l’a appelé pour être prophète, ça correspondrait à Evêque aujourd’hui !

Et puis il y a un autre élément dans la lettre de Paul, qui est aussi très important : on nous rappelle que Dieu nous a choisis – non pas seulement nous les prêtres, mais vous tous – il nous a choisis dès avant notre naissance. « Dès avant la création du monde », disait le texte. Il nous choisit quelle que soit notre vie, quelles que soient nos erreurs, nos qualités, nos défauts. C’est une sacrée bonne nouvelle, non ?

Une fois que nous avons compris que nous sommes choisis, qui que nous soyons, que nous sommes choisis pour être sauvés, encore faut-il savoir à quoi nous sommes appelés. Et ça, c’est l’Evangile qui tentait d’y répondre.

Nous avons entendu cette scène étonnante dans laquelle Jésus envoie ses disciples en leur demandant de ne rien emporter pour la route. Vous avez entendu ça ? Ni sac, ni pain, ni argent, ni vêtements de rechange.

Vous savez qu’ici, à côté, à la cure, nous accueillons très régulièrement des pèlerins de la Via Francigena puisque Aigle est une des étapes-clés si on veut marcher encore un jour pour atteindre Saint Maurice. Donc nous avons régulièrement des pèlerins et on les voit arriver avec leurs gros sacs, leurs bâtons, leurs bonnes chaussures de marche. En général, ils ont de quoi manger et ils ont un peu d’argent.

Parce que si vous vous lancez dans un tel périple – aller à pied jusqu’à Rome – sans sac, sans pain, sans vêtements de rechange et sans argent, vous n’allez pas dépasser Ollon, hein !

Et pourtant, ce sont des pèlerins que nous avons accueillis jadis ici, à la cure, Karine, Jérôme et leurs enfants, qui m’ont fait comprendre le sens de ce texte. Sans le vouloir. Mais par la belle soirée que nous avons vécue ensemble ce soir-là, j’ai mieux compris ce texte.

Jésus ne s’adresse pas d’abord au pèlerin dans ce texte, il ne s’adresse pas d’abord aux personnes qu’il envoie, dans ce texte. Il les envoie pour convertir les personnes qui les recevront.

C’est donc à nous qu’il s’adresse, dans ce texte. Il s’adresse aux personnes qui vont recevoir des gens chez eux.

La personne n’a pas besoin d’argent, il ne vous viendrait pas à l’idée, j’espère, de faire payer la personne que vous recevez à souper ou à dîner. La personne n’a pas besoin de vêtements de rechange parce que, si elle reste pour la nuit, vous allez bien sûr lui proposer la machine à laver, par exemple.

Cette personne n’a absolument pas besoin de sac, s’il lui manque quelque chose, vous allez forcément trouver le moyen de le lui donner. Et il en va de même pour les pèlerins de la Via Francigena.

Ce texte vient donc d’abord, Chers Amis, nous parler de nous. Dieu nous appelle à accueillir.

Alors bien sûr, on n’accueille pas tous des pèlerins chez nous ! Mais en ce mois de juillet, on accueille : on accueille des touristes qui viennent dans notre pays… Quelle est notre manière de les accueillir ? Est-ce qu’en voyant une plaque française on dit « Ah ça y est ! Encore un Français ! Qui roule à 40 sur la… » Ou est-ce qu’on a une autre manière d’accueillir ?

Ce texte vient nous appeler à la conversion dans notre propre manière d’accueillir l’autre.

Et nous le savons, par un autre extrait de l’Évangile, qu’à chaque fois que nous accueillons l’autre, c’est Dieu lui-même que nous accueillons.

« À chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », dit Jésus.

Réfléchissons donc à notre manière d’accueillir, tout spécialement pendant ce temps estival.

Réfléchissons en nous rappelant que nous sommes appelés, qui que nous soyons, quels que soient notre profession, nos erreurs, nos qualités, nos défauts, que nous sommes appelés pour être sauvés, que nous sommes appelés pour accueillir les autres.

Réfléchissons à tout cela.

Et pendant les quelques notes de musique qui vont suivre, reprenons la phrase du psaume et disons à Dieu : « J’écoute… Qu’est-ce que tu as à me dire ? J’écoute… Qu’est-ce que tu as à me dire ? »

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Bex, samedi 13 juillet 2024, 18.00 (version légèrement différente)

Aigle, dimanche 14 juillet 2024, 10.00 (version enregistrée)

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