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Homélie pour le 5e dimanche de Carême, C
Isaïe 43,16-24 / Psaume 125 / Philippiens 3,8-14 / Jean 8,1-11
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Qu’est-ce que Jésus écrivait sur la terre ce jour-là ?
Il y a eu 1000 interprétations de cette question !
Mais ce qui est intéressant dans notre traduction actuelle, c’est qu’elle nous offre un petit jeu de mots en français, une ambiguïté. « Jésus écrivait sur la terre », ça peut vouloir dire deux choses : « écrire sur la terre », ça peut être bien sûr, comme on le voit sur l’image, écrire sur le sol. Mais ça peut être aussi écrire au sujet de la terre. Je peux écrire sur la théologie parce que j’écris au sujet de Dieu.
Alors je me demande, qu’est-ce qu’écrirait Jésus au sujet de notre terre ? Qu’est-ce qu’il nous écrirait peut-être, s’il avait une lettre à nous écrire aujourd’hui au sujet de notre terre ? Il aime notre terre, il nous demande de nous aimer, il nous demande de la respecter… Sûrement que ça tournerait autour de tout ça, hein, sûrement…
Je me demande s’il écrirait à des adultes.
Je me demande s’il nous écrirait que nous sommes devenus adultes sur cette terre, ou plutôt adult…ères. Peut-être que nous ne sommes pas encore des adultes par rapport à la terre.
Nous la connaissons bien, cette histoire que nous venons de réentendre dans l’évangile ! Celle de la femme dite « adultère ». Cette femme prise en flagrant délit, ça pose une première question, c’est « où est l’homme ? » Parce qu’on est deux, en général, dans ce genre de coup, hein ? Enfin moi, ce que j’en dis… Mais a priori, il faut être deux. Où est passé l’homme ? C’est une vraie question !
Est-ce qu’il s’est caché ? Peut-être, au contraire, s’est-il subrepticement glissé parmi la foule, lui aussi avec une pierre en main ? C’est tellement pratique…
Et si l’adultère était parmi la foule ? Et si les scribes et les pharisiens qui ont tendu ce piège magnifique à Jésus, c’étaient eux, les adultères ?
Réfléchissons-y un instant, Chers Amis !
Ils tendent un piège très subtil à Jésus. Ils lui disent : « Voici une femme qui a enfreint la loi de Moïse. Or la loi nous demande de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’est-ce que tu dis ? » C’est très-très-très vicieux comme piège, ! Parce que si Jésus dit « Ne la lapidez pas ! » ça veut dire qu’il les encourage à enfreindre la loi. Mais s’il dit : « Allez-y lapidez-la ! », ça veut dire qu’il les encourage à enfreindre une autre loi : « Tu ne tueras pas ! »
La lapidation, c’était d’ailleurs un acte extrêmement lâche. Parce qu’elle permettait à chaque personne qui a lancé la pierre de dire : « C’est pas moi ! »… « Moi j’ai lancé le caillou, mais c’est pas ce caillou qui l’a tuée ! C’est pas moi, le meurtrier ! » Et comme ça, il n’y avait personne qui était le vrai meurtrier. C’était très lâche, quand on y pense hein !
Oh, on n’a pas beaucoup fait mieux depuis 2000 ans. Dans certaines dictatures, quand on organise une exécution capitale, y a 10 fusils et, vous le savez peut-être, y a 9 balles normales et une à blanc et on mélange les fusils au hasard. Comme ça, personne n’est coupable.
Voyez qu’on n’a pas fait mieux, hein ?
Les vrais adultères, ce sont ceux qui imaginent de tels stratagèmes pour supprimer leur prochain.
Ils sont adultères de quoi ? Ils sont adultères face à la loi de l’amour, celle qui surpasse toutes les autres lois, normalement. Cette loi répétée par Jésus et qu’il nous écrirait peut-être à nouveau aujourd’hui : « aime ton prochain comme toi-même ! »
Et elle existait bien avant lui, elle existait dans le lévitique, dans l’Ancien Testament.
Alors que faire par rapport aux lois quand elles se contredisent, comme c’est le cas ce jour-là ?
Passer par-dessus la loi, façon mai 68, vous savez : « Il est interdit d’interdire » ? On a vu où ça nous a menés, hein ! Une société complètement dégénérée où tout est permis, où l’enfant-roi à qui l’on n’interdit plus rien devient peu à peu l’enfant-tyran, qui dicte ses ordres… Avant de devenir ce qu’il est parfois aujourd’hui, l’enfant-Dieu que l’on vénère, sans plus oser lui dire quoi que ce soit.
Ce n’est pas le cas des enfants qui sont ici, hein ! Il y en a aussi des bons. Mais ça pose question, quand on interdit d’interdire.
Comme le dit un ami : « Ce qui m’inquiète au sujet de la planète, ce n’est pas d’abord quelle planète je vais laisser à mes enfants, c’est quels enfants je vais laisser à ma planète… La planète, je ne peux pas l’éduquer… mes enfants, oui. »
Quels enfants je vais laisser à ma planète ?… Des enfants qui seront adultes face à la loi, ou des enfants à qui je n’aurais rien osé interdire ? Ou des enfants qui seront des tyrans qui interdiront tout à tout le monde ?
C’est une vraie question.
Et Jésus le dit ailleurs, dans l’Évangile : « Malheur à celui qui ôtera un seul petit trait de la loi ou qui enseignera à faire pareil ! »
Il faut donc garder la loi. Mais il faut apprendre à être adulte face à la loi, lui donner du sens. Être adulte, c’est aussi ce que Jésus enseigne, être adulte et non pas adultère, ne préférer aucune autre loi à celle de l’amour qui est au-dessus de toutes les autres.
Mais se souvenir que les autres lois existent aussi, et les appliquer en leur donnant du sens, si possible.
La nouveauté dont parlait le prophète Isaïe quand il disait : « Je fais une chose nouvelle », nous avons eu cette phrase sur cet écran, cette nouveauté, c’est le Christ, c’est Jésus. Avec lui, une nouvelle loi existe, la loi de l’amour, et elle surpasse les autres.
Aimerais-tu que les autres te condamnent à mort ? Non ? Alors commence par ne pas lancer la pierre toi… C’est tout simple.
Alors attention, Chers Amis, ce n’est pas un chèque en blanc, évidemment ! Jésus ne nous invite pas à continuer dans notre péché !
Il nous invite à nous transformer, à nous convertir, à être chaque jour meilleurs.
À cette femme, une fois que tous les autres sont partis, Jésus ne dit pas : « C’est très bien ce que tu as fait, recommence quand tu veux ! », non !
Il dit trois choses :
- Moi non plus je ne te condamne pas.
- Va
- et désormais ne pèche plus.
Mais pourtant, il sait que cette femme est humaine, comme vous, comme moi. C’est impossible à un être humain de ne plus pécher du tout. Ce n’est pas possible, on est des êtres humains. Il sait très bien, en lui disant cela, qu’elle va pécher, sûrement. Mais qu’elle ne retombe pas dans ce péché-là. Qu’elle ne retombe pas aussi bas.
Quand il lui dit : « Va ! », il lui dit : « Va et fait mieux désormais, essaie de te convertir. Suis-moi ! »
En somme, laisse ton ancienne vie derrière toi. Comme le disait Paul : « oublie ce qui est derrière et cours, cours vers l’avant ! » Cours vers Jésus ! Il t’attend pour faire de toi une personne nouvelle.
Et puis… si par hasard nous avons des pierres en main et l’intention de les jeter… ne les jetons pas et devenons cette pierre que nous avons en main. Devenons pierre, parce que Jésus bâtit aussi son Royaume sur chacune de nos pierres.
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Clarens, samedi 5 avril 2025, 18.00
Bex, Foyer de Charité, dimanche 6 avril 2025, 10.00 (version enregistrée)
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