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Homélie pour le 2e dimanche TO, année C
Isaïe 62,1-5 / Psaume 95(96) / 1 Corinthiens 12, 4-11 / Jean 2,1-11
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
C’est donc à une noce que nous sommes invités. Cette célèbre noce de Cana.
Jésus est invité lui aussi à cette noce, tout comme Marie et les disciples. C’est d’ailleurs le premier point intéressant à noter au début de ce texte et on passe par-dessus comme chat sur braise. Si vous avez fait attention : Marie est citée en premier.
Je vous redis le texte : « Il y avait là Marie, la mère de Jésus, et Jésus était invité aussi avec ses disciples. » Marie est citée avant Jésus. Gardez cela dans un coin de la tête, j’y reviendrai. C’est loin d’être un détail.
Jésus et les disciples sont donc là avec Marie.
Et puis, vous l’avez entendu, il y a d’autres personnages dans cette page d’Evangile. Chacun a sa place, chacun a son rôle, tout comme le disait Paul dans la deuxième lecture, chacun son charisme, bien sûr. On ne va pas demander à notre lectrice de présider l’Eucharistie, c’est évident. Chacun son rôle, ici aussi.
Il y a des serviteurs, j’y reviendrai.
On a pris soin de nommer un major de table, comme on dit en Suisse, ou plutôt, comme on dit là-bas, un maître du repas.
Il y a l’époux, bien sûr, qui n’est pas Jésus, sans quoi on ne les différencierait pas dans le texte.
Mais l’épouse ? Avez-vous entendu parler de l’épouse, Chers Amis ?
…Je vois sur certains visages que vous cherchez dans votre mémoire… Je suis pernicieux avec ma question, parce que, oui, vous avez entendu QUATRE fois « épouse » ou « épousée ». Quatre fois ! Mais pas dans l’Évangile… dans la première lecture, le livre du prophète Isaïe.
Et avez-vous noté, au passage, qui est cette épouse dans la première lecture ? Et bien c’est nous.
Isaïe traite le peuple de Dieu d’ « épousée » : « on t’appellera d’un nom nouveau, on t’appellera l’ « épousée » parce que tu seras l’épouse de ton Dieu. »
C’est donc vous et moi l’épouse, en tout cas dans la première lecture. Reste à voir si la mystérieuse épouse qui manque à Cana, ce ne serait pas, peut-être aussi, un peu nous. Gardons aussi cela dans un coin de la tête.
Et puis il y a également le vin, dans cette histoire, nous ne le savons que trop bien. Et là aussi, il faut creuser un petit peu au-delà des apparences.
Au début de l’Évangile, vous l’avez entendu, on nous dit qu’on est le troisième jour. Mais le troisième jour après quoi ? Le texte ne le dit pas. Il faut aller regarder dans nos Bibles. Il faut lire ce qu’il y a juste avant.
L’Evangile de Jean se déroule, pour ce qui est du premier chapitre, sur quatre jours, puis ensuite il y a l’épisode de Cana où l’on nous dit que trois jours encore sont passés, ce qui fait sept. Nous sommes donc, à Cana, le septième jour.
Ce n’est pas innocent parce que tout le début de l’Evangile de Jean est un parallèle avec la création, avec le début de la Bible, les sept jours.
Et Saint-Jean est beaucoup trop profond pour que cela soit une simple coïncidence : il place les Noces de Cana le jour de la fête, le jour du Shabbat, le septième, le jour du repos. Le premier des signes de Jésus va avoir lieu un septième jour, ce n’est pas pour rien.
Et on va retrouver ce chiffre « sept », parce que, vous l’avez entendu, il y a là six jarres de pierre… Ah, on a envie de dire : « il en manque une pour faire sept ! » C’est très inhabituel que la Bible s’attache au chiffre six. Ça ne va pas, six jarres ! Il en manque une !
C’est étrange, vous ne trouvez pas ? Il manque une épouse, il manque une jarre… Mais que mettent les serviteurs dans ces jarres de pierre ? Vous l’avez entendu aussi : ils y placent de l’eau. Et qu’est-ce que le maître du repas y goûte, ensuite, puisé par les serviteurs ? Du vin, nous le savons bien.
Ça ne vous rappelle rien ? Un serviteur, de l’eau, du vin… mais… c’est exactement ce que je verserai dans le calice tout à l’heure : de l’eau et du vin.
Et vos prêtres ne sont que des serviteurs, Chers Amis. Ce n’est pas parce que nous avons un bel habit que nous sommes des personnes au-dessus du lot, pas du tout ! Un prêtre, c’est un serviteur. Nous sommes là pour servir un repas. Tout comme dans un très bon restaurant, les serviteurs sont très bien habillés en l’honneur des convives. Et c’est d’ailleurs eux qui goûtent le repas en premier, avant de vous le servir.
Nous sommes de simples serviteurs, exactement comme à Cana.
Ici, dans ce repas, l’eau et le vin mélangé deviennent du sang, nous le savons bien.
Or, à quel moment l’eau et le sang sortent pour dire que tout est accompli ? Eh bien c’est à la croix.
Saint Jean nous le dit : à la croix, de l’eau et du sang sortirent du flanc de Jésus.
Le vrai septième jour, le vrai jour du Shabbat, c’est le jour de la croix, bien sûr !
La septième jarre, Chers Amis, elle n’est pas absente à Cana… elle est là : c’est Jésus ! C’est Jésus dont sortira l’eau et le sang, plus tard. C’est lui la septième jarre de Cana.
Et l’épouse, elle n’est pas absente, elle est là ! C’est l’Église qui est en train de naître, c’est nous. C’est Marie, les disciples, qui vont épouser Dieu. L’épouse est présente à Cana, mais elle ne le sait pas encore.
Ce sont nos fiançailles que nous célébrons à chaque Eucharistie, Chers Amis, avant de vivre les noces éternelles là-haut. Et les prêtres, qui sont les serviteurs d’aujourd’hui, sont là pour célébrer avec nous ces fiançailles. Le Christ a besoin de nous autres serviteurs pour célébrer les noces et les fiançailles.
Et Marie alors ? Et bien terminons avec elle puisque nous avons commencé avec elle.
Je vous l’ai dit au début de l’épisode, elle est citée en premier. Et à la fin ? …et à la fin ? Et ben là, ne cherchez pas, vous ne pouvez pas me répondre. Parce qu’on coupe toujours le dernier verset de cet épisode.
On estime que vous n’avez pas à l’entendre, peut-être parce que on estime qu’il n’a rien à voir avec le reste de l’histoire. Le dernier verset, c’est celui qui dit qu’ils redescendent de Cana comme ils y sont montés. Donc on s’est dit : « oh, pas très important… »
Sauf que si ! C’est très important ! Parce que, quand on monte à Cana, on dit que Marie est là, et Jésus et ses disciples aussi. Et à la fin, vous irez voir dans vos Bibles : « Après cela, Jésus descendit à Capharnaüm avec Marie sa mère, et ses disciples. »
Ah, elle a changé de place !
Saint Jean n’écrit jamais une virgule pour des prunes, et ce n’est pas pour rien qu’il inverse l’ordre. Il redescend, suivi de sa mère : Marie devient disciple, à Cana.
Elle suit désormais son fils qui a fait son premier signe. Ce signe qui nous invite, nous aussi, à être des fiancés de Dieu et à devenir ses disciples… jusqu’à être l’épousée, là-haut, dans le Royaume que nous construisons ensemble.
Retenons tout cela, Chers Amis !
Souvenons-nous que nous sommes des fiancés de Dieu et qu’un jour, dans le Royaume, là où nous serons tout en Dieu, nous serons pleinement l’« épousée ».
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Montreux, samedi 18 janvier 2025, 18.00
Villeneuve, dimanche 18 janvier 2025, 9.30 (version enregistrée)
Christian NOEFNET
Bonjour,
Il se fait que j’ai écrit une chanson sur ce thème; je me permets de vous la proposer.
https://youtu.be/jZgkRQYtirI?si=l-JVVIpAukzC9iys