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Homélie pour le Baptême du Seigneur, année C
Isaïe 40,1-5.9-11 / Psaume 103(104) / Tite 2,11-14.3,4-7 / Luc 3,15-16.21-22
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis
Je suis à peu près certain que vous avez tous déjà entendu cette phrase de la part de parents au sujet de leur enfant : « Oh, nous, vous savez, on ne baptise pas. Il choisira plus tard, quand il sera grand. »
Habituellement, quand j’entendais des parents me dire : « on ne le baptise pas, il choisira plus tard… » je leur répondais : « Surtout, ne lui apprenez pas le français ! Il choisira plus tard quelle langue il veut parler, quand il sera grand. » C’est absurde, n’est-ce pas ?
Alors vous me direz : « Oui, mais effectivement plus tard, il peut choisir de parler chinois ou anglais… et même de ne plus parler français. » Oui, seulement pour cela, il faut qu’il ait une langue maternelle. Le Français, pour cet enfant n’est pas n’importe quelle langue, c’est sa langue maternelle. Ça ne l’empêchera pas de ne plus la parler ensuite, et de parler une autre langue.
Et c’est la même chose pour la religion. Le Christianisme, pour un enfant de chez nous, n’est pas une religion comme les autres, c’est sa religion maternelle.
Et celle-là, on l’apprend ! C’est précisément ce qui va permettre à cet enfant de changer plus tard si bon lui semble, de devenir bouddhiste ou musulman s’il le souhaite. Mais pour cela, il faut qu’il y ait une religion de base, sans quoi le choix est impossible.
Pour aller à la rencontre d’autres cultures, d’autres croyances et pour ne pas en avoir peur, il est essentiel d’en connaître au moins une. Il est essentiel qu’on nous l’ait apprise, qu’on la pratique.
La religion, c’est la langue de l’esprit et du cœur, il est essentiel d’en avoir une. Vous le savez bien, puisque vous êtes ici, vous, ce matin.
Cacher Dieu a ses propres enfants sera source de peur lorsqu’ils rencontreront d’autres croyants. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le psaume que je vous ai chanté : « Tu caches ton visage, alors ils s’épouvantent ! », disait le psaume.
Et vous savez, Chers Amis, il y a une statistique que les médias évitent soigneusement que vous connaissiez, tant c’est politiquement incorrect… et pourtant exact.
Cette statistique, elle dit qu’une frange très importante des personnes qui se livrent au terrorisme – à peu près 8 sur 10, ce n’est pas rien ! – n’ont reçu aucune instruction religieuse dans leur enfance.
8 terroristes sur 10 n’avaient reçu aucune instruction religieuse dans leur enfance !
Et ces futurs terroristes se sont construits ensuite adultes, dans la peur de l’autre, dans la peur des croyances de l’autre, à travers l’extrémisme d’une religion. C’est à dire à travers une déviance, une déviance qui trouve, les études le montrent très bien, un terreau d’autant plus fertile dans des cœurs vides de toute éducation religieuse.
Eh oui, c’est beaucoup plus facile de remplir un verre vide qu’un verre plein, n’est-ce pas ?
Autrement dit, c’est beaucoup plus facile de faire dévier quelqu’un qui n’a reçu aucune ligne. Tenter de faire dévier quelqu’un qui a déjà une ligne, c’est beaucoup plus compliqué !
Ne donner aucune ligne religieuse, aucune valeur spirituelle à nos enfants, c’est le plus sûr moyen de permettre un jour à des esprits mal intentionnés de les faire dévier.
Et ce n’est pas moi qui le dis, c’est statistique.
J’avoue, je ne comprends pas bien ces parents qui ont refusé de transmettre jadis ce que leurs propres parents leur avaient transmis. Parce que l’histoire du monde, depuis des millénaires fonctionne sur la transmission. On transmet ce qu’on a soi-même reçu.
Avec parfois quelques différences, bien sûr : on ne vit plus maintenant comme vivaient nos arrière-grands-parents, évidemment ! On transmet en adaptant, mais on transmet !
Il n’y a qu’une seule génération dans toute l’histoire de l’humanité qui a refusé de transmettre ce qu’elle avait reçu, c’est la génération 68. Et on voit le dégât que ça fait !
Il ne viendrait pas à l’idée d’une Maman de ne pas apprendre à son enfant à dire « Je t’aime » dans sa propre langue ! Mesdames, vous qui êtes Mamans, vous l’avez toutes fait, bien sûr. À commencer par le leur dire.
Comment se fait-il, alors, qu’il ne vienne pas à l’idée de ces mêmes mamans d’apprendre à leurs enfants comment Dieu dit « je t’aime » dans sa langue à lui ?
Par le baptême, notamment, par les sacrements qui sont des signes d’amour de la part de Dieu.
Alors là, souvent, les esprits qui résistent me disent : « Oui, mais il n’est nul besoin d’être baptisé pour apprendre les valeurs chrétiennes ! »
C’est vrai. C’est vrai, en théorie, on peut tout apprendre. On peut apprendre ce que c’est que le christianisme dans un dictionnaire. On peut même l’apprendre avec une vidéo YouTube, il y en a d’excellentes.
Mais baptiser un enfant permettra, en plus, de lui faire pratiquer ce qu’il a appris.
Or, vous pouvez effectivement apprendre à skier en regardant une vidéo YouTube, mais le jour où vous vous retrouvez ici, en-haut des remontées mécaniques, si vous n’avez regardé qu’une vidéo, ça va être difficile, hein ! Même sur une piste bleue ! La théorie c’est bien, mais ça ne suffit pas, il faut pratiquer…
C’est comme nos amis chrétiens qui disent : « Oh vous savez, moi je suis croyant-non-pratiquant. »
Oui, moi aussi : je suis skieur non pratiquant… Bah, je ne suis pas skieur, du coup, hein !
– Je suis footballeur non pratiquant.
- Ah ?
- Ouais, ouais, j’ai appris ! Mais je ne joue jamais.
- Il y a un petit problème alors…
Eh oui.
Je crois que c’est très important, Chers Amis, d’apprendre qui est Dieu, à nos enfants, à nos petits-enfants. De le leur montrer, de leur dire : « Voici votre Dieu ! », comme le disait la première lecture.
Il est là, petit bébé dans la crèche, il est là sur la croix, c’est le même ! Il est là, au tabernacle et dans la petite hostie que vous allez recevoir, c’est le même ! C’est votre Dieu.
Il est important, ensuite, de leur montrer les autres croyances, bien sûr. Ça, c’est ce que fait l’école.
« Le salut de Dieu, disait notre deuxième lecture, s’est manifesté pour tous les hommes. » Pas seulement les catholiques romains, hein ! Tous les hommes.
Il est donc important de le comprendre, de leur montrer aussi.
Et il me semble ensuite très important d’apprendre à nos jeunes, une fois qu’ils sont ados, qu’il y a quelqu’un qui les aime de manière inconditionnelle, quoi qu’ils fassent !
Combien de jeunes se sont suicidés parce qu’ils ont eu, à un moment donné, un chagrin d’amour, le sentiment de n’être aimé par plus personne, d’être seul ? Là, si on a la foi, si on nous a transmis la foi, on sait qu’on n’est plus jamais seul. On sait qu’il y a quelqu’un, au moins, qui nous aime de manière inconditionnelle, quoi qu’on fasse, quelles que soient nos erreurs ! Combien c’est important de le redire à nos jeunes, ça !
L’Évangile nous rappelait cela, d’ailleurs, en relatant la phrase venue du ciel au moment du baptême de Jésus : « Toi, tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ! »
Eh bien, Chers Amis, à chacun de nos baptêmes – on ne s’en souvient évidemment pas – mais à chacun de nos baptêmes, Dieu nous a dit cette phrase dans notre cœur : « Toi, tu es ma fille bien-aimée, toi tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ! »
Dieu trouve sa joie en chacune, chacun de nous !
Le baptême, c’est certainement l’un des plus beaux cadeaux à faire à un être humain, à fortiori à un enfant. C’est lui dire « Je t’aime » de la part de Dieu, c’est lui apprendre la langue que Dieu parle. Redisons-le autour de nous, Chers Amis, notamment si nous entendons la phrase : « Oh nous, vous savez, on ne le baptise pas, il choisira plus tard… »
Réexpliquons cela aux gens, parce que c’est aussi notre rôle de baptisés que de proclamer les merveilles de Dieu tout autour de nous et la nécessité de ses cadeaux, dont le baptême.
C’est d’ailleurs aussi ce que disait le prophète Isaïe dans notre première lecture, en nous envoyant crier la bonne nouvelle du haut des montagnes.
Il y a les montagnes physiques bien sûr, comme les Alpes ici. Mais il y a les montagnes de nos vies. Toutes les fois où l’on a peur de parler de Dieu en famille, à nos enfants, nos petits-enfants, c’est une montagne ça ! Et Isaïe nous envoie au-delà de cette montagne pour oser parler de Dieu.
Alors soyons de vrais baptisés, Chers Amis, redisons autour de nous l’importance d’apprendre une langue du cœur à nos enfants et à nos petits-enfants, la beauté de leur offrir le baptême.
Et puis souvenons-nous, avec cette terrible statistique dont je vous parlais, qu’offrir le baptême à un enfant, c’est non seulement lui faire un cadeau à lui, mais peut-être bien faire un cadeau au monde en évitant que d’autres esprits mal intentionnés se saisissent de ses croyances parce qu’il n’en a reçu aucune.
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Bex, samedi 11 janvier 2025, 18.00
Villars s/Ollon, dimanche 12 janvier 2025, 10.00 (version enregistrée)
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