50 nuances de Dieu

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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

J’aimerais commencer par vous raconter une scène – authentique – qui se déroule il y a quelques années dans un magasin de livres. Deux femmes, la cinquantaine, devisent joyeusement devant un rayon où s’étalent quelques exemplaires du dernier volume de « Cinquante nuances de Grey ».

Il s’agit d’un livre sulfureux vantant des pratiques sadomasochistes et qui fait un tabac chez les dames depuis la sortie de son premier volume, il y a quelques années… Sans parler des films qui en ont été tirés, qui sont tout aussi nuls… mais qui, comme les livres, ont dégagé des bénéfices alléchants.

Comme disait Coluche, jadis : « Il suffirait que vous ne l’achetiez pas pour que ça ne se vende plus », n’est-ce pas ?

Ces deux femmes parlent du premier volume, qu’elles ont aaaaaaadoré, et puis du deuxième, et puis du troisième, et puis du film… « Ah, la scène avec les menottes… »

Et soudain la conversation dévie sur les lectures bibliques du week-end. Je tends l’oreille… Tiens, elles sont catholiques, apparemment.

Et il se trouve que c’était le 21e dimanche de l’année B, comme aujourd’hui…

  • T’as vu les lectures de ce dimanche ? dit l’une d’elles… On va encore avoir droit à ce macho de Paul et à son « Femmes, soyez soumises à vos maris ! »
  • C’est pas vrai ! dit l’autre… « Femmes soyez soumises à vos maris » ? C’était vraiment un misogyne, ce gars.

Et elles s’en vont vers la caisse, un volume de Grey chacune sous le bras, en crachant sur ce sacré macho de Paul qui a osé dire aux femmes qu’elles devaient être soumises…

La traduction que vous avez entendue ce matin est certes meilleure que celle d’il y a quelques années lorsque se déroulait cette scène… mais tout de même, il demeure l’idée de soumission, qu’on le veuille ou non, dans cette deuxième lecture de ce matin.

Alors je ne sais pas si vous avez lu « 50 nuances de Grey » – je ne vous le conseille pas – mais en matière de soumission ça se pose là. Entre les menottes, les liens, les bâillons, les bandeaux sur les yeux, les chaînes, et j’en passe, Paul passe pour un militant féministe, à côté…

Et je me prends à réfléchir devant cette scène… et à me dire que c’est étrange tout de même… Ces mêmes femmes qui hurlent face à un texte vieux de 2000 ans, et qui ne serait évidemment pas écrit comme cela aujourd’hui – il y a le contexte de l’époque – ces mêmes femmes adorent et achètent un texte d’aujourd’hui, au contexte actuel, pervers au possible, et vantant la soumission de la femme par l’homme.

Y a un truc qui m’échappe…

Dans la Bible, il y a des paroles qui nous heurtent, qui nous choquent, comme ce passage de Paul. Enfin j’espère que ça vous choque parce que si ça ne vous choque pas, ça me pose un autre problème : que les femmes soient soumises à leurs maris, il y a quelque chose de choquant, si on le sort de son contexte !

Mais quand quelque chose nous choque, dans la Bible, Chers Amis, c’est plutôt bon signe. Ça vient nous dire : « Creuse encore ! Va chercher ce qu’il y a derrière ce texte ! Ne le mets pas de côté, surtout pas ! Ne le prends pas à la lettre, Jésus nous demande de ne pas le faire… Essaie d’en retirer l’esprit… »

C’est d’ailleurs tout à fait ce que nous disait Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui : « Cela vous scandalise ? disait-il… Mais les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. »

Il s’agit, lorsqu’une parole nous scandalise à priori, d’en chercher l’esprit. Il y a certainement mieux à comprendre que ce que cette parole de Paul semble nous dire au premier abord.

Et pour comprendre, évidemment, il suffit de lire la suite du texte de Paul : « Vous, maris, aimez votre femme à l’exemple du Christ. »

Messieurs… Paul nous dit exactement la même chose qu’à vos dames !

Vous l’avez entendu d’ailleurs, le texte commençait comme cela : « soyez soumis les uns aux autres ».

Il n’y en n’a pas qui sont plus soumis et d’autres moins soumis, non ! Soyez soumis les uns aux autres, ça s’appelle l’égalité, si les mots ont encore un sens !

Alors est-ce que ça veut dire qu’on doit se soumettre comme des esclaves ? Est-ce qu’on doit se soumettre à la personne qui partage notre vie ?

Non, vous le sentez bien.

Ou alors on serait en plein roman sadomasochiste, or la Bible ce n’est ni le « Marquis de Sade » ni « 50 nuances de Grey ».

Paul, vous le sentez bien, a un autre message. Un message qui a une portée beaucoup plus profonde que ce qui pourrait nous apparaître au premier abord.

Se soumettre LES UNS AUX AUTRES, et non seulement les femmes à leurs maris, se soumettre les uns aux autres, je crois, c’est d’abord ne pas se considérer soi-même en premier mais considérer l’autre d’abord, tout simplement. Voir notre prochain comme plus important que moi-même.

C’est une démarche d’humilité, et elle n’est pas réservée aux couples, Dieu merci ! De ce côté-ci de la chapelle, c’est très conseillé également [montrant la partie réservée aux sœurs carmélites] : voir notre sœur comme d’abord plus importante que nous-mêmes.

Si l’on considère l’intérêt de la personne qui vit avec nous avant notre intérêt personnel, alors notre histoire de couple ou de communauté a des chances d’avancer, tous les couples, toutes les communautés vous le diront.

Quand Paul parle de soumission dans le couple, il ne parle pas de chaînes, de menottes ou d’autre bêtises de ce genre. Il parle de la soumission à l’Amour. D’être prêt à donner sa vie pour l’autre. A pardonner – et Dieu sait si ce n’est pas évident.

A aimer même les défauts de l’autre, ses faiblesses.

Evidemment… si l’auteur de « 50 nuances de Grey » faisait un 5e volume sur le pardon… peut-être que, celui-là, je le lirais avec joie. Mais je doute qu’il fasse les mêmes ventes, hélas…

Alors, chers Amis, comme le disait Josué dans notre première lecture : à vous de choisir. Dieu ou le monde. Un Dieu qui soumet à l’Amour, effectivement, ou un Grey qui soumet avec des menottes.

Personnellement, je préfère les milliards de nuances de l’Amour de Dieu aux pauvres 50 petites nuances de Grey. Mais c’est mon avis. Mais je suis certain, cependant, Mesdames, Messieurs également, que vous partagez cet avis.

Alors autant choisir de relire la Bible – un livre qui ne s’est jamais autant vendu qu’aujourd’hui – plutôt que de salir l’âme avec les romans à la mode.

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Carmel de Bayonne, dimanche 25 août 2024, 8.30

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