Une hérésie que l’on dit tous…

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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

Nous vivons dans un pays de montagne, ici en Suisse. Et dans les montagnes, il y a un personnage que l’on rencontre régulièrement, on ne peut pas y échapper si on se balade ici ou là, on ne peut pas le louper celui-là… c’est le berger. On le connaît bien.

Est-ce que vous imaginez un seul instant, Chers Amis, le berger livrer ses brebis au loup ?

Non ! C’est impensable.

Est-ce qu’on imagine un seul instant un berger faire lui-même du mal à ses brebis ? Non !

Nous connaissons bien ce personnage, il est doux comme la plupart de ses agneaux, même s’ils ont parfois des caractères bien trempés, les bergers de chez nous.

Mais c’est le modèle du bon type, le berger !

Écoutez un berger appeler ses brebis par leur petit nom : « Blanqui, Noiraude, viens ici ! »

Il s’arrange d’ailleurs pour les mener paître sur de beaux pâturages. Et nos montagnes n’en manquent pas. Des prés magnifiques avec de l’herbe fraîche, de l’eau pour les chaudes journées d’été… Il les conduit par les sentiers qu’il connaît bien. Il les conduit pour monter à l’alpage, pour en redescendre au temps voulu.

Et même si l’une de ces bêtes vient à mourir, il la soigne jusqu’au bout, on les connaît nos bergers !

Il ferait tout pour une de ses bêtes qui est malade, le berger de chez nous !

Et s’il pouvait, il l’accompagnerait même jusqu’au paradis des moutons !

Je le vois assez bien, le berger de chez nous, avec son caractère bien trempé, aller jusqu’à Saint Pierre des Moutons – ça doit être Saint François, j’imagine – et lui dire : « Attention hein ! Je te surveille d’en bas ! Mon petit Blanqui que je t’amène aujourd’hui, tu en prends soin, tu lui prépares la table, tu lui offres un bon repas ! Parce que moi, j’en ai pris soin toute ma vie, là-en-bas, alors je te surveille ! »

On n’imagine pas, c’est vrai, une seule seconde, un berger faire du mal à l’une de ses brebis.

Or la Bible est constellée d’images du Dieu-Berger. De Dieu vu comme un bon berger. On en avait aujourd’hui dans nos textes, et il y a bien d’autres textes comme cela qui parlent de Dieu comme d’un berger.

Le psaume que je vous ai chanté reprenait toutes les images que je viens d’évoquer avec vous, avec dans le rôle du berger… Dieu, et dans le rôle de la brebis… nous : je ne manque de rien… Dieu me fait reposer sur des prés d’herbe fraîche… il me mène vers les eaux tranquilles… il me conduit par le juste chemin… Et même si je traverse les ravins de la mort, il me guide, il me conduit… et il ne faudrait pas qu’on me fasse du mal parce qu’il me protège de mes ennemis. C’est même pour moi qu’il prépare la table.

Tout cela, vous l’avez entendu.

Vous voyez, je n’ai rien inventé dans ma petite histoire de berger.

Nous avons entendu ces mots, mais… on les connaît tellement bien qu’en fait, on les oublie !

Eh oui, vous ne me croyez pas ? On la connait la gentille petite histoire du berger, c’est mignon… d’ailleurs même le refrain, « le Seigneur est mon berger », vous l’avez entonné comme ça…

Et pourtant, Chers Amis, et pourtant… Comment se fait-il que quand il nous tombe une tuile sur la tête on dise : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? »

Vous imaginez une seule seconde un berger faire du mal à ses brebis ? Non !

Si Dieu est un berger, comment, par quel prodige est-ce qu’on a pu prêcher pendant des siècles un Dieu capable de faire du mal à l’être humain, un Dieu qui l’attendrait au contour s’il n’avait pas tout fait correctement, un Dieu qui nous punirait…

Qu’est-ce que c’est que cette hérésie ? Parce que c’en est une, hein !

Dieu, c’est le bien. Il n’a rien à voir avec le mal, mais alors rien ! Et il ne viendrait pas à l’idée de Dieu un seul instant, de faire du mal à l’être humain. Jamais !

Si, quand vous avez un problème dans votre vie, vous dites : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ? », ça n’est valable que pour un film de cinéma ! Dieu, ça ne le fait pas rire du tout.

C’est une grave erreur de supposer que Dieu ait pu vous envoyer du mal.

La brebis perdue, nous le savons par un autre Evangile, non seulement il ne va pas lui faire du mal, mais il va tout donner pour aller la rechercher. Il va tout donner jusqu’à sa vie.

Parce que le bon berger, c’est le Christ aussi.

Et le livre de Jérémie, notre première lecture, le disait très bien : « Vous avez dispersé les brebis, disait Jérémie, eh bien moi je vais m’en occuper, je vais les rassembler et mieux, je vais leur envoyer un Messie, un fils de David, un bon berger. »

Le Christ.

Notre deuxième lecture le disait aussi, à sa manière : « Il a tué la haine, disait Paul à propos de Jésus, Il est venu annoncer la paix. »

Est-ce qu’une brebis qui a peur de son berger peut être en paix ? Non. Et si vous avez peur de Dieu, vous ne pouvez pas être en paix.

Le Christ est venu annoncer la paix. Et il est venu nous rappeler de ne pas avoir peur. « Cette paix, disait encore Paul, qu’il nous a lui-même obtenue. »

Et c’est ce même Jésus, dans l’Évangile que nous venons de réentendre, qui prenait soin de ses disciples comme le bon berger : « Venez à l’écart, reposez-vous un peu », disait Jésus.

Jésus n’est pas un patron qui ferait travailler ses employés 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, non ! « Reposez-vous un peu », dit Jésus. Prenez votre dimanche – ou votre lundi, si vous êtes prêtre. Mais prenez un jour de repos, venez à l’écart.

Vous voyez ? Dieu prend soin de ses brebis.

Alors vous me direz : « Aller à l’écart, c’est bien joli, mais on n’a pas le désert du Sahara sous la main, hein ! Quand il nous dit ‘Venez au désert’, bah… faut le trouver, le désert ! »

Oui mais… prendre un temps de désert, Chers Amis, c’est aussi une image !

  • C’est peut-être prendre un moment, dans sa journée, loin de notre téléphone, par exemple…
  • C’est peut-être prendre un temps loin de nos emails, par exemple…
  • C’est peut-être prendre un temps loin de nos soucis habituels, par exemple…
  • C’est peut-être prendre un temps loin de nos habitudes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, par exemple…

Le désert, c’est simplement prendre un temps différent, un temps dont on n’a pas l’habitude. Prendre un temps de vacances, même chez nous.

Prendre un temps de désert, c’est indispensable dans une vie. Un temps hebdomadaire de repos, le jour du Seigneur… un temps annuel de repos, les vacances. Tout cela est important.

Mais Jésus ne nous laisse pas comme ça, avec nos lectures d’aujourd’hui. Il veut encore nous donner une petite perle, rare. Une petite phrase, comme ça, sur laquelle on est peut-être passé un peu vite. Pourtant, elle a été très bien lue.

Une petite phrase dans la première lecture… Précisément dans le livre de Jérémie qui commençait si durement, il y avait cette petite perle qu’il vous faut reprendre avec vous aujourd’hui, chez vous : nous n’avons plus à avoir peur de Dieu, plus jamais, parce que – Jérémie le disait – « plus aucune de ces brebis ne sera perdue. »

Entendez-la bien, cette phrase de notre première lecture : « Plus aucune de ces brebis ne sera perdue ! »

Il ne s’agit pas de dire : « Ouais, lui, on ne sait pas trop, il a quand même eu une vie de patachon… » non… « Plus aucune de ces brebis ne sera perdue ! »

Gravez cela dans votre tête, Chers Amis ! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la Bible.

Ça ne veut pas dire que c’est un chèque en blanc pour faire le mal, hein, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Mais ça veut dire qu’on ne doit plus avoir peur de Dieu, plus jamais !

Parce que même si on se perd, même si on s’égare, même si on est la brebis perdue, la plus perdue de toutes, on sait qu’il va tout mettre en œuvre pour venir nous rechercher, pour nous ramener sur le bon chemin.

Parce qu’il n’est pas un berger qui ferait du mal à ses brebis, ça n’existe pas ! Il est le bon berger, celui qui nous aime aujourd’hui, demain, éternellement, dans les siècles des siècles.

Amen.

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Clarens, dimanche 21 juillet 2024, 9.30

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