Une femme d’humilité…

Classé dans : Homélies, Méditer | 2
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Chers Amis,

Peut-être que, comme beaucoup d’autres personnes, vous ne comprenez pas tout à fait ce dogme de l’Immaculée Conception que nous célébrons aujourd’hui.

Peut-être qu’au contraire, vous êtes tout à fait persuadés de l’avoir bien compris, et tant mieux si c’est le cas !

Mais comme à chaque fois que je fais cette prédication, à la sortie 90% des gens me disent : « on n’avait jamais entendu ça », je me dis que ce que je m’apprête à vous dire n’est peut-être pas inutile…

Le problème avec cette fête, c’est qu’on n’est pas aidé par la liturgie, à première vue. Eh non, parce qu’aucun texte de la Bible ne parle de l’Immaculée Conception de Marie. Et donc, nous avons d’autres textes aujourd’hui, qui parlent d’autres choses… à priori.

L’évangile qu’on vient de relire nous parle de la conception virginale de Jésus… et ce n’est pas la même chose, hein ! Mais comme cet évangile a été choisi pour la fête de l’Immaculée Conception, 90% des chrétiens à peu près sont persuadés que l’Immaculée Conception, c’est la conception virginale de Jésus.

Alors que non, pas du tout, erreur totale. Que vous ne faites pas, j’espère ?

L’Immaculée Conception, c’est la conception immaculée de la petite Marie par ses parents Anne et Joachim.

Et surtout pas la conception virginale de Jésus par l’Esprit-Saint et Marie que nous fêtons à l’Annonciation chaque année le 25 mars. Et ça joue : 25 mars +9 mois ça fait bien 25 décembre.

Mais nous ne sommes pas le 25 mars, nous sommes le 8 décembre… et 8 décembre +9 mois, ça fait : 8 septembre, naissance de Marie. C’est donc bien la conception de la petite Marie qui est immaculée.

Première chose à bien retenir. 

Mais alors vous me direz : « Qu’est-ce que c’est, la conception immaculée, par rapport à la conception virginale ? »

C’est tout autre chose !

Seulement, là aussi, il y a un bon 90% des chrétiens qui croient que c’est la même chose… et qui tombent dans le panneau.

La conception virginale de Jésus, on sait ce que c’est : c’est la conception sans relation sexuelle. Mais l’immaculée conception, rien à voir, mais alors, rien à voir !

Anne et Joachim ont conçu Marie de manière tout à fait classique, hein, comme vous avez conçu vos enfants pour ceux qui en ont. Mais c’est une conception « immaculée », qu’est-ce que ça veut dire ? Ça signifie que Marie a été préservée du péché de l’orgueil.

Le péché originel, c’est ça, hein ! Ça, c’est une autre chose à déconstruire dans nos esprits ! Parce que, dans nos esprits, le péché originel, c’est croquer la pomme. Donc ça doit vaguement avoir un lien avec la relation sexuelle…

Pas du tout : le péché d’Adam et Ève, c’est pour cela qu’on avait cette première lecture, c’est l’orgueil, c’est d’avoir voulu se prendre pour des dieux, c’est ça le péché des origines.

Et ce péché, nous l’avons tous. À plus ou moins forte dose, hein ! Y en a des plus humbles que d’autres… Mais c’est dans notre nature humaine, l’orgueil, de vouloir nous prendre pour des dieux, parfois.

Je suis sûr que ça vous est déjà arrivé, ne serait-ce qu’au volant, quand la neige tombe, de dire : « Je m’en sortirai ! » Et puis vous glissez, puis vous ne vous en sortez pas, en fait.

Ça, c’est l’orgueil, on est pétri de cela, nous les êtres humains.

Eh bien ce péché des origines, celui d’Adam et Êve, Marie ne l’a pas. Et c’est ça, la conception immaculée.

C’est pour ça qu’en cette fête, la liturgie nous propose de relire l’histoire d’Adam et Ève.

Dieu, par Marie, vient préparer la route pour son fils. Dès la naissance de Marie, Dieu fait naître la future mère de son fils sans l’orgueil commun à toutes les autres créatures. C’est donc une bénédiction par avance pour Jésus, et à fortiori c’est une bénédiction par avance pour nous.

C’est exactement ce que disait la deuxième lecture, la lettre aux Ephésiens : « Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils. »

Ça ne fait pas de Marie une créature divine. Ça serait une autre erreur célèbre à corriger et qui est parfois présente dans nos esprits. Marie n’est pas divine, Chers Amis, ce n’est pas la 4e personne de la Trinité ! Non, c’est une femme comme vous, Mesdames, c’est une femme de Nazareth. Mais avec une petite chose en moins : l’orgueil. À part cela, elle est exactement comme vous.

Mais c’est une femme sur laquelle on a plaqué un tel wagon de clichés que ça en devient parfois affligeant. Tenez, on la représente très souvent blonde aux yeux bleus avec la peau digne de Blanche-Neige.

Alors que si vous allez regarder une femme de Judée… les cheveux blonds sont assez rares là-bas, hein… on serait plutôt sur du noir profond ! Les yeux bleus, même chose ! On serait plutôt sur des yeux plus sombres. Quant à la peau, je ne vous raconte pas, hein ! Marie était plutôt bronzée !  Mais on a plaqué sur elle un nombre de clichés impressionnants…

Marie a bien quelque chose de supérieur à nous autres, sans être divine pour autant. C’est ce péché qu’elle ne connaît pas, qu’elle ne connaîtra jamais : l’orgueil.

Et c’est pour cette raison qu’on lit l’évangile de Luc.

Parce qu’on pourrait légitimement se demander pourquoi on est allé nous placer dans les lectures de cette fête, cet épisode de l’Annonciation de la naissance de Jésus, qui n’a à priori rien à voir avec l’immaculée conception de Marie… et qui nous induirait plutôt en erreur.

Pourtant, les sages de Vatican II qui ont choisi les textes de chaque fête, ne sont pas fous. Tout a raison d’être…

La première lecture, la Genèse, on l’a vu : pour nous rappeler que le péché des origines, c’est l’orgueil et rien d’autre.

La deuxième lecture, Paul aux Philippiens, on l’a vu : nous annonce que Jésus va être béni d’avance, et nous aussi par la même occasion, par ce péché de l’orgueil que n’a pas sa mère.

Mais l’évangile alors ? Eh bien l’évangile nous montre que, effectivement, Marie est humble. Elle n’a pas d’orgueil. Le texte insiste sur ce point.

La première chose que Marie dit à l’ange qui vient lui annoncer la naissance d’un fils, c’est : « Comment c’est possible ? » C’est une attitude tout à fait humble.

Et la deuxième chose qu’elle dit, c’est : « Je suis la servante du Seigneur ! » Si ça, c’est pas une marque d’humilité, alors là… les mots n’ont plus de sens !

Cet évangile est donc bien là pour nous montrer l’humilité de Marie.

Si vous retenez ces quelques éléments, Chers Amis, et mieux : si vous les redites autour de vous aux personnes qui ne savent pas forcément ce que c’est que cette fête, vous aurez rendu un immense service à notre Dieu. Une façon aussi de le servir humblement à la suite de Marie.

Vous aurez fait reculer ce 90% d’incompréhension autour de l’Immaculée Conception, fêtée le 8 décembre.

Mais comme je vous connais, vous êtes comme moi : une fois sortis sur le parvis, tout à l’heure, vous aurez tout mélangé ! Parce que c’est pas simple tout ça !

Alors, pour ne pas oublier les 3 points et les 3 lectures que nous avons redécouverts aujourd’hui, je vous ai préparé une petite feuille que vous allez reprendre à la maison.

Et puis de l’autre côté, j’ai imprimé un visage de Marie… Un visage qui vient de sortir en 2024. Très inhabituel. Mais probablement beaucoup plus authentique que la plupart des statues qu’on voit.

Ce visage, il a été réalisé à partir du Saint Suaire, donc à partir du visage du Christ. Et c’est une scientifique américaine qui a demandé à des ordinateurs de remonter – à partir du visage de Jésus sur le Suaire – pour essayer de concevoir quel visage pourrait avoir la mère de ce visage.

C’est assez bluffant, mais elle est loin d’être blonde aux yeux bleus, vous allez le voir !

Feuillet distribué :

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Villars s/Ollon, dim. 7 décembre 2024, 10.00

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2 Responses

  1. Alice Penpenic

    Merci Vincent pour cette homélie, très claire et explicative qui remet bien les choses à leur place. C’est vrai que je n’avais jamais entendu parler de l’Immaculée Conception comme cela. Ni le lien entre péché originel et péché d’orgueil.
    Jaime vous lire, vous écouter, vous nourrissez ma foi. Merci pour votre simplicité, votre liberté, votre vérité. Peut-être un jour aurons-nous la joie de vous rencontrer lors d’un passage ou séjour en Suisse. (Je suis dans les Vosges en France).
    Bien fraternellement,
    Alice

    • Vincent Lafargue

      Merci beaucoup Alice, votre message me touche beaucoup et me fait chaud au coeur !
      Il faut, un jour, que je prenne le temps de découvrir votre belle région !
      Bien cordialement,
      Vincent

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