Un truc de fou !

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Photo libre de droits : pixabay

Voilà chers amis, ça va ?

Peut-être avez-vous fêté tard hier soir… peut être avez-vous veillé… célébré la messe de minuit, pourquoi pas ? Peut-être étiez-vous déjà à l’une des dix-huit célébrations que notre secteur vous propose en vingt-quatre heures, s’il vous plaît !

Peut-être, au contraire, avez-vous passé la soirée de Noël de manière plus sombre, ou à l’hôpital comme moi et comme beaucoup de personnes, patients ou personnel soignant.

Peut-être avez-vous les yeux encore un peu ensommeillés… Vous regardez alors cette crèche avec le regard un peu flou, un peu trouble des lendemains de fête. C’est joli…

Peut-être, au contraire, êtes-vous très bien éveillés, le repas de Noël attend dans le four, vous êtes en train de vous demander si je ne vais pas être trop long – parce qu’il faudrait quand même pas que ça brûle, n’est-ce pas ? Alors vous, vous regardez cette crèche avec empressement sans y faire trop attention : c’est joli, bon, la suite maintenant !

Quand j’étais enfant – et que je servais la messe – je regardais le prêtre s’agenouiller devant la crèche, lors de la messe de la nuit… Ce prêtre était beaucoup plus grand que moi et je le regardais d’en-bas comme ça… Il m’impressionnait beaucoup. Je me disais que si lui, tellement grand, se faisait tout petit devant un tout petit bébé, c’est qu’il y avait un grand mystère. Quelque chose de forcément gigantesque que je ne percevais pas encore assez bien.

Oui, il y a là un très grand mystère, « un truc de fou », me disait un ado hier. Quelque chose de gigantesque dans un être tout petit !

Alors tout à l’heure, Chers Amis, avant de sortir, n’oubliez pas de passer voir cette crèche, de vous y arrêter, de contempler intensément ce qui se joue ici : l’une des choses les plus surprenantes de toute l’histoire des religions !

Nous, les Chrétiens, nous aurions presque tendance à être blasés : Jésus est Dieu, on le sait, sa naissance est le 25 décembre, on le sait, c’est un petit bébé dans la crèche, on le sait et puis on le célèbre chaque année et c’est bien.

Mais nous sommes la seule religion au monde à avoir cette vision-là de Dieu :

  • un Dieu qui n’est pas un vieux barbu tout en haut, distant de nous, complètement étranger à nos problèmes ;
  • un Dieu qui n’est pas non plus un Dieu vengeur auquel on aurait tendance à croire encore un peu souvent ;
  • Un Dieu qui ne pique pas de sainte colère avec des éclairs dans tous les sens ;
  • un Dieu qui n’envoie évidemment pas de malheur, Dieu ne veut jamais le mal ;
  • un Dieu qui ne soumet personne à quoi que ce soit ;
  • un Dieu qui n’a pas besoin qu’on lui sacrifie quoi que ce soit…

Non, notre Dieu à nous – regardez ! – notre Dieu à nous c’est un bébé. Et ça, c’est unique, parmi toutes les religions du monde ! Dieu a voulu se faire l’un de nous depuis le début de la vie, depuis le fait de naître fragile, humble, et il nous rejoint dans toutes nos fragilités humaines. Il a voulu se faire l’un de nous jusqu’à la mort aussi, jusqu’à vivre ce que nous aussi, comme la naissance, nous avons tous en commun.

Et il est là comme les bébés que nous connaissons dans nos familles, tendre avec cet immense confiance qu’ont les tout petits lorsqu’ils s’endorment tout contre leur maman… voilà notre Dieu, Chers Amis !

Dieu a cette même confiance en nous. Il est notre Dieu, il nous fait une entière confiance, il s’endort contre le monde comme un petit enfant contre sa mère.

Je viens de vous proclamer l’une des plus belles pages de la Bible, le fameux prologue de Saint Jean. Et cela commençait, vous l’avez entendu, par nous rappeler qui est Dieu : Tout-Puissant, Créateur, « rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui », disait le texte.

Regardez autour de vous dans la nature, regardez un flocon de neige – puisqu’il y en a cette année ! Mais regardez aussi un sommet de granit… regardez les étoiles… regardez l’immensité de l’océan… regardez la fragilité d’une rose… et vous verrez Dieu. Il y a sa signature tout autour de nous.

Saint Jean nous dit, ensuite, que Dieu envoie des hommes comme Jean le Baptiste pour témoigner de lui, pour l’annoncer, pour baptiser, pour célébrer.

Ces hommes que Dieu envoie s’appellent aujourd’hui des prêtres. Et il continue d’en envoyer pour célébrer, pour baptiser, pour annoncer, pour enseigner.

À notre sujet, nous les prêtres, le texte disait : « Cet homme n’était pas la lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. » Eh oui ! Je ne suis pas une lumière, hein ! Je suis bien placé pour le savoir, j’aime mieux vous le dire ! Je suis juste là pour vous montrer la lumière… alors il ne faut pas regarder le doigt, il faut regarder la lumière !

C’est ça un prêtre : il est juste là pour vous montrer où regarder, pour vous montrer la direction. Nous sommes de simples serviteurs.

Et un prêtre est là aussi pour parler de Dieu. C’est ce que sont les prophètes dont parlait notre deuxième lecture, la lettre aux Hébreux.

Dieu parle par les prophètes ! Et très souvent on ne les écoute pas parce qu’ils dérangent.

Les prophètes d’aujourd’hui, ce ne sont pas que les prêtres ! C’est chacune et chacun de vous, vous le savez bien : de par notre baptême, nous sommes prophètes, nous avons à parler de Dieu.

Une grand maman me disait récemment : « Je sais bien que j’ai à parler de Dieu, mais tu sais, j’ai essayé de parler de Dieu à mes petits-enfants… c’est pas facile ! »

Mais oui, les prophètes dérangent…

Relisez l’Ancien Testament : tous les prophètes ont toujours dérangé. Si quand vous parlez de Dieu, ça dérange, c’est plutôt bon signe ! Même si ce n’est pas facile.

Posons-nous la question nous-mêmes de ce qui nous dérange dans nos existences ? Qui a un discours qui nous dérange, qui vient heurter nos petites habitudes, nos conforts, nos richesses ? Quel est le voisin qui nous dérange systématiquement ? Quel est celui qui nous a dérangé sur la route en arrivant ce matin ?

Qui vient nous bousculer ?… Eh bien peut être s’agit-il d’un prophète, d’une manière que Dieu a de surgir dans notre journée, dans notre vie, pour nous bousculer un peu dans nos petites habitudes. Ça serait assez son style.

Enfin, l’Évangéliste Jean nous disait ce qu’a fait le verbe : « Il est venu chez les siens. Le verbe s’est fait chair. »

Quand il dit « il est venu chez les siens », c’est de nous qu’il parle, hein ! C’est de nous qu’il parle. Ici, Bex, canton de Vaud, 25 décembre 2023 : il est venu chez les siens, il est là.

Et nous le recevrons tout à l’heure à la table de l’Eucharistie, nous le recevrons en nous ! Autre mystère absolu dont notre religion a l’exclusivité. Aucune autre religion ne permet à Dieu de venir jusqu’au fond de nous.

Je suis pas en train de faire du prosélytisme, juste de nous dire : émerveillons nous de cela ! C’est un truc de fou, comme le disait le jeune dont je vous parlais tout à l’heure.

Ceci dit, nous savons bien comment continue l’histoire et nous l’avons entendu : « il est venu chez les siens, les siens ne l’ont pas reconnu. »

Ce n’est pas facile de reconnaître Dieu… on pourrait être tenté de ne pas le reconnaître… regarder la crèche et n’y voir qu’un tout petit bébé, et dire : « Oh, c’est un petit bébé, comme il est chou… » Non, il est pas « chou », c’est Dieu ! C’est Dieu ! Il est à la fois pleinement homme et à la fois pleinement Dieu !

Et Isaïe, dans notre première lecture, on nous le rappelait : « Il est roi, ton Dieu ! », disait le prophète. C’est pas n’importe qui !

Alors chers amis, Dieu nous attend aujourd’hui au détour d’un rire, d’un sourire, au détour de chaque visage que nous croiserons. Et aussi  dans une mangeoire, dans cette crèche… Il est venu chez les siens, à nous de le reconnaître enfin !

Mais, pour cela, il nous faut sa lumière… et Jean nous le disait aussi : « le Verbe est la lumière du monde ». Et, plus tard, Jésus va nous dire : « Vous êtes la lumière du monde ! »

Parce qu’il a besoin de vous pour transmettre cette lumière !

Alors, Chers Amis, regardons l’autre, tout spécialement en cette fête de Noël, regardons l’autre avec le regard du Christ, avec sa lumière dans les yeux. Ce regard qui pardonne, qui aime… Ce regard qui envisage et non pas qui dévisage… Ce regard de lumière.

C’est ainsi que, nous aussi, nous ferons advenir Dieu sur notre terre, nous serons prophètes… et même prêtres et rois de ce Royaume que nous construisons ensemble.

Dieu est là, parmi nous, fragile, vulnérable. Et il est là aussi sur le visage de chacune, chacun, sur le visage de mon frère, de ma sœur, sur tous les visages !

C’est tout le mystère de la fête que nous célébrons.

Alors encore une fois : Joyeux Noël à chacune et à chacun !

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Bex, 25 décembre 2023, 10.00

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