Soyons des Signes des Temps !

Classé dans : Homélies, Méditer | 0
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Chers Amis,

Vous connaissez certainement ce gag : si tu vois un oiseau blanc sur l’eau… c’est un signe. Et si l’eau ne bouge pas, c’est un signe des temps, bien sûr.

Je vous laisse quelques secondes…

Je suis un peu vache avec vous, hein ? Faire des jeux de mots en ce soir de fête alors que vous avez peut-être déjà l’estomac chargé du repas de famille de ce midi… ou au contraire l’estomac qui gargouille à l’idée du festin de ce soir… mais il est bon de rire en cette nuit de Noël, n’est-ce pas ?

Il y a quelques années, j’avais fait ce gag dans l’une de mes paroisses précédentes, et quelques jours après, j’ai reçu une lettre outrée d’une dame présente ce soir-là, qui me disait que commencer la prédication avec un gag disait toute la bassesse de mon niveau intellectuel. Que faire rire les gens un soir de Noël… combien ça l’avait choquée !

C’est authentique.

Vous avez des gens qui ne sont jamais contents, même le soir de Noël, ça existe ! Mais si on ne peut plus rire à Noël, alors ! Il y a bien assez de choses tristes dans notre monde pour qu’au moins, ce soir-là, on puisse rire et se réjouir !

Parlons donc de signes, Chers Amis. Pas des cygnes blancs sur les lacs, mais des signes avec un « s ».

Parlons de signes et notamment des signes des temps, pas l’étant dont l’eau ne bouge pas, mais les temps.

Un signe des temps, c’est en tout cas ce qui avait été annoncé aux bergers par l’ange du Seigneur, cette nuit-là. Vous venez de le réentendre dans l’évangile de Luc. Le signe…

Voici le signe de cette nuit [désignant la crèche].

C’est un mot – signe – qui est utilisé un peu à toutes les sauces, vous avez remarqué ? Vous êtes de quel signe, vous ?

Ah, vous voyez !

Un petit enfant m’a dit un jour que je devais être « colombe », comme signe du zodiaque. Alors, comme je lui expliquais gentiment qu’il ne s’agit pas d’un des douze signes officiels, il me disait : « Mais si, tu es marié à Jésus ! Et lui, comme signe, il est colombe. Alors forcément que toi aussi ! » Voilà, c’est beau la théologie des enfants.

Depuis, je sais que je ne suis pas « verseau » comme je le croyais, mais « colombe ». Ça me va aussi.

Il y a le langage des signes, aussi. Or Jésus étant venu pour faire voir les aveugles et entendre les sourds, on peut espérer qu’un jour le langage des signes ne soit plus nécessaire grâce à la venue, à nouveau, de notre Messie dans le monde.

Lui aussi d’ailleurs a parlé par des signes, notamment en écrivant quelques signes dans le sable un jour. Mais c’est une autre histoire.

Et puis pour nous, les Chrétiens, le langage des signes, c’est aussi bien sûr celui des sacrements.

Vous savez que c’est le sens de ce mot, un sacrément, c’est un signe, c’est un signe sacré, c’est un signe venu de Dieu.

L’Eucharistie que vous êtes venus célébrer ce soir, c’est l’un de nos sept signes sacrés. L’un de nos sept sacrements.

Il y a le verbe signer aussi. C’est important de signer, de laisser son nom au bas d’un document. On en perd l’habitude parce qu’avec nos mails aux signatures automatiques, on n’a plus besoin de signer à la main. Et pourtant, la signature, cela prolonge une main. Comme les sacrements prolongent la main de Dieu dans notre vie, c’est important.

Et vous avez remarqué, quand on essaie de mettre ce verbe au mode réfléchi – se signer – alors ça parle aussi de Dieu ! Se signer, c’est faire le signe des signes, le signe de la croix.

…Qui n’est pas du tout, d’ailleurs, un signe morbide ! Quand j’étais ado – et donc révolté, comme tous les ados – je me disais : « mais pourquoi les Chrétiens ont choisi ce signe qui est un signe morbide pour dire l’amour de Dieu ? »

Et puis, là aussi, c’est un petit enfant qui m’a dit : « Vincent, tu n’as rien compris ! La croix, c’est un signe d’amour ! Il suffit de relier les pointes de la croix et, tu vois, ça fait un cœur ! »

Je n’oublierai plus jamais le dessin que m’a fait ce petit bonhomme ce jour-là. Un cœur… bien sûr ! Il suffit de relier les pointes de la croix pour comprendre ce signe !

On se fait signe ? Voilà encore une expression qu’on utilise souvent. Une manière de dire à l’autre qu’on souhaite rester en contact, qu’on attend la prochaine rencontre. Or notre Dieu est le Dieu de la rencontre par excellence, le Dieu de la relation, celui qui vient à la rencontre de notre monde, qui vient à notre rencontre. Jusqu’à se faire l’un de nous ! Il nous fait signe, mais quel signe ! Et nous attendons un nouveau signe de sa part, son retour, notre prochaine rencontre.

Il y a les signaux lumineux aussi, on les appelle les feux. Vous allez me dire : « ça n’a rien à voir avec la foi ! » Eh bien si !

Car Jésus est venu apporter quoi ? Un FEU sur la terre, il le dit dans l’Evangile… Bien sûr, il ne s’agit pas d’un feu rouge ou d’un feu vert. Dieu merci, ce ne sont pas des créatures de Dieu ceux-là !

Ceci dit, il s’agit de lumière aussi, car dans la première lecture, le prophète Isaïe nous disait que le peuple a vu quoi ? Une grande lumière. Si ça, ce n’est pas un signal lumineux…

Vous suivez toujours, ça va ? C’est bon signe !

Ah voilà encore une expression avec le mot « signe ».

Quel que soit le signe que nous avons suivi pour venir jusqu’ici, Chers Amis, le signe des signes, il est là, sous vos yeux. C’est le moment où Dieu rejoint notre humanité. C’est le moment où il se fait l’un de nous. C’est le moment où il embrasse notre humanité. J’aime bien le dire ainsi, car cela dit aussi toute la douceur, tout l’amour de Dieu pour nous.

C’est véritablement le signe des signes qu’est Jésus ce soir. 

Comme s’il venait nous dire qu’il est un signe non seulement pour nous ce soir ici, mais pour tous ! Les Chrétiens comme les autres, les croyants comme les autres, les Chablaisiens comme les autres. Mais oui ! Comme vous, présents ce soir, qui venez en visite chez nous passer quelques vacances enneigées… Il est un signe pour tous.

Parce qu’il est le signe des signes, parce qu’il est le signe de l’amour… et l’amour, c’est universel, ça n’a pas de frontières, ça n’a pas de barrières, ça n’a pas de religion, de langue, de culture… l’amour, c’est Dieu.

C’est d’ailleurs ce que disait Paul dans notre deuxième lecture, dans sa lettre à Tite : « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de TOUS les hommes ! » Et, Mesdames, ne vous sentez pas exclues : bien évidemment qu’on vous prend aussi dans l’expression, hein !

Pour tous, il est venu. Ceux qui sont à l’Église ce soir comme les autres, ceux qui y croient comme ceux qui n’y croient pas, ceux qui cherchent Dieu comme ceux qui sont persuadés de l’avoir trouvé, ceux qui doutent, ceux qui se posent des questions, ceux qui ont peur.

Il est venu pour tous.

Comme cet homme, aux portes de la mort, dont je tenais la main ce week-end, et qui me disait : « Qu’est-ce qu’il y a, après ? Dites-moi ce qu’il y a, après ? »

Eh bien après, il y a une grande lumière. Et ce n’est pas pour rien qu’on nous donne ce signe-là, à Noël : « Vous verrez une grande lumière ! »

Ça prend un autre sens, lorsqu’on se souvient que ceux qui reviennent des portes de la mort disent précisément avoir vu ce signe, une grande lumière.

Il est venu pour tous, Chers Amis, ceux qui sont dans la joie comme ceux qui souffrent, ceux qui sont heureux en ce soir de Noël – et j’espère que c’est votre cas – ceux qui ont de la chance comme nous, de vivre Noël dans un pays en paix, comme ceux qui vont passer cette nuit à l’hôpital ou dans un pays en guerre, ou sous les bombes…

Il est venu pour tous.

Alors, comme nous accueillons dans notre monde le signe des signes, qu’est Jésus, ce signe à la fois humain et divin, ce signe d’amour absolu, ce signe de la paix qu’il est venu offrir à chacun de nous… je nous souhaite, Chers Amis, d’être nous-mêmes des signes, des signes extérieurs de la joie de Dieu, des signes de bonheur, des signes de vie éternelle.

Quand nous sortirons tout à l’heure sur le parvis derrière vous, soyons des signes ! Soyons des signes de l’amour de Dieu, soyons porteurs de rires, de sourires !

Dans le repas que nous allons peut-être rejoindre tout à l’heure, soyons des signes de partage de paix. Ce soir, demain ou après-demain.

Soyons porteurs de la joie de Dieu. Soyons des signes, parce que si nous, les Chrétiens, nous ne sommes pas des signes de joie le soir de Noël, alors qui le sera ?

Soyons des signes parce que Dieu nous le demande… et cette demande que je vous fais d’être des signes, permettez que je la signe d’un dernier mot qui signifie « j’y crois » dans la langue de Jésus : Amen ! Joyeux Noël à tous !

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Aigle, 24 décembre 2024, 18.00 (version enregistrée)

et dans une version légèrement différente jadis :

Bex, 24 décembre 2019, 17.00

Ollon, 24 décembre 2019, 19.00

Evolène, 24 décembre 2016, 24.00

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