Cygnes d’étang ? Signes des Temps !

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Homélie pour la solennité de la Nuit de Noël

Isaïe 9,1-6  /  Psaume 95  /  Tite 2, 11-14 / Luc 2,1-14

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Quand j’étais enfant (oh c’était déjà il y a quelques années, hein !) je vivais à Genève – vous savez, la grande ville au bout de l’étang du Bouveret… et mes parents m’emmenaient souvent en promenade au bord du lac. J’admirais les cygnes. C’est magnifique, un cygne ! Et quand j’écoute le Lac des Cygnes de Tchaïkovski, je repense à ce temps-là.

Mais quand venait la messe du soir de Noël, comme ce soir, et que j’écoutais les textes, je ne comprenais jamais rien à cet évangile que nous venons de ré-entendre, lorsque l’ange dit aux bergers : « Voilà le signe (cygne) qui vous est donné »…

Je ne voyais pas bien pourquoi on offrait un cygne, avec ses plumes, aux bergers !

J’étais encore tout petit et je ne savais pas que le mot « signe » peut s’écrire de plusieurs manières, évidemment, et qu’il a différents significations, du coup.

Pour moi, un cygne, c’était ce bel oiseau blanc que je voyais tranquille sur les eaux de l’étang du Bouveret.

D’ailleurs, vous connaissez certainement ce proverbe, en forme de gag :

« Si tu vois un oiseau blanc sur l’eau, c’est un signe (cygne)…

Et si l’eau ne bouge pas, c’est un signe des temps (un cygne d’étang)… »

Je vous laisse quelques instants, hein…

Bon le lac Léman est loin d’être un étang. Mais ce n’est que bien plus tard que j’ai compris toutes les expressions liées aux nombreuses significations du mot « signe ».

Un cygne d’étang, ce peut être un oiseau blanc sur un étang. Un signe des temps, ce peut aussi être une signification pour les temps à venir ou pour notre temps à nous.

Le signe… c’est un mot utilisé à toutes les sauces, vous avez remarqué ?

Vous êtes de quel signe, vous ? Vous voyez !

Un petit enfant m’a dit un jour que je devais être « colombe », comme signe astrologique.

Alors comme je lui expliquais gentiment que ce n’est pas un signe du zodiaque, jusqu’à nouvel avis… il m’a dit : « Mais c’est le signe de Jésus ! Puisqu’il apporte la paix, il est Colombe, lui ! Alors comme toi, tu es marié à Jésus, tu dois être Colombe, toi aussi ! »

C’est depuis ce jour-là que je sais que je ne suis pas Verseau, comme je le pensais, mais Colombe !

La théologie des enfants, c’est magnifique ! Il faut leur donner la parole, vous savez ! Surtout au moment de Noël, ils en ont des choses à dire sur Dieu ! Bien plus justes que bien des savants, très souvent !

Et puis, il y a la langue des signes aussi.

Or Jésus étant venu pour faire voir les aveugles et entendre les sourds, on peut espérer qu’un jour, grâce à Jésus, la langue des signes ne soit plus nécessaire.

Jésus aussi, il a parlé par des signes, remarquez ! Notamment en écrivant quelques signes dans le sable, un jour, devant ceux qui voulaient lapider la femme adultère, vous vous souvenez ? Il ne fait que quelques signes dans le sable… on n’a jamais su ce qu’il avait écrit !

Et puis pour nous les Chrétiens, le langage des signes, ce sont les sacrements.

Le mot « sacrement », vous le savez sans doute, vient d’un mot latin qui veut dire, doublement, « signe ». Or un sacrement c’est un double signe, pour nous les croyants. L’Eucharistie, c’est le signe du pain, mais c’est en même temps le signe de la présence de Dieu dans ce pain.

Un sacrement, c’est un double-signe : il y a quelque chose qui nous est donné à voir, l’eau du baptême,  et il y a quelque chose d’invisible qui passe à travers, la grâce de Dieu.

C’est un signe, un sacrement. Un signe sacré venu de Dieu.

Et puis il y a le verbe « signer ». C’est important de signer, de laisser son nom au bas d’un document. Une signature, ça prolonge une main. Comme les sacrements prolongent la main de Dieu.

J’ai signé, comme plusieurs d’entre vous, certainement, des dizaines et des dizaines de cartes de vœux, il y a quelques jours. C’est important.

Cela prolonge ma main qui voudrait serrer toutes ces mains amies ! Et on ne peut pas le faire, en temps de CoVid, en plus ! Alors on signe, c’est le prolongement de notre main qui vient saluer l’autre.

« On se fait signe ? »… voilà encore une expression qu’on utilise souvent… une manière de dire à l’autre qu’on souhaite rester en contact, qu’on attend la prochaine rencontre.

Or notre Dieu est le Dieu de la rencontre, Chers Amis ! Le Dieu de la relation par excellence, celui qui vient à la rencontre de notre monde, qui vient à notre rencontre, jusqu’à se faire l’un de nous. Il nous fait signe, à sa manière.

Ce bébé, dans la crèche, est un signe !

Non… pas un cygne avec des plumes, n’y revenons pas ! C’est un signe avec un « s ». C’est même le signe des signes, même.

Et puis il y a d’autres signes, autour de nous : il y a les signaux lumineux qu’on appelle volontiers les feux verts, les feux orange, les feux rouges.

Or Jésus est venu apporter un feu sur la terre.

Pas un feu rouge, d’accord ! S’il était venu apporter des feux rouges ça ne ferait pas 2000 ans qu’on le célèbre chaque année, hein, quand même !

Mais derrière cette question de feux et de lumière, il y a autre chose : dans la première lecture le prophète Isaïe nous disait que le peuple a vu quoi ?

Une grande lumière ! Si ça, ce n’est pas un signe lumineux, alors les mots n’ont plus de sens.

Vous suivez toujours ? Personne ne dort ? C’est bon signe. Ah voilà encore un mot « signe » !

Et vous avez remarqué : quand on essaie de mettre le mettre « signer » au mode réfléchi – se signer – ça parle encore de Dieu… Se signer, c’est faire le signe de la croix.

C’est un signe magnifique, la croix. L’horizontalité de notre vie rejoint la verticalité du ciel. C’est ça, la croix ! C’est le point de rencontre entre la vie des hommes et la vie de Dieu !

C’est pour cela, d’ailleurs, qu’on en met sur nos montagnes. C’est l’endroit où la terre rejoint le ciel, où notre vie rejoint celle de Dieu.

Même chose au cimetière, c’est l’endroit où notre vie d’ici s’est arrêtée pour rejoindre la vie du ciel.

Quand je vois une croix, dans un cimetière, j’ai toujours l’impression de voir un tremplin : c’est l’endroit où la personne a pris son élan pour monter au ciel. C’est ça, une croix, ce n’est pas triste.

Un autre petit enfant me disait un jour que la croix, c’est le signe de l’Amour. Et comme je me montrais un petit peu dubitatif, il m’a dessiné, tout autour de la croix, un cœur. Et effectivement, si on relie les pointes de la croix… ça fait un cœur. Sacré signe ! Vous ne verrez plus une croix de la même manière.

Jésus est un signe. Il est le Signe des Signes. Et il se retrouve partout, si on veut bien ouvrir les yeux.

Comme s’il venait nous dire qu’il est un signe pour tous. Les Chrétiens comme les autres. Les croyants comme les autres. Les Chablaisiens comme les autres !

Il est un signe pour tous. Parce qu’il est le signe de l’Amour, et que l’Amour c’est universel. Ça n’a pas de frontières, ça n’a pas de barrières, ça n’a pas de religions, de langues, ou de cultures, ni encore même de couleur de peau.

L’Amour, c’est un signe universel.

Et c’est d’ailleurs ce que disait Paul, dans la deuxième lecture, sa petite lettre à Tite : « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de TOUS les hommes. »

…TOUS LES HOMMES…

Ceux qui sont à l’église ce soir comme les autres, ceux qui cherchent Dieu, ceux qui croient l’avoir trouvé. Ceux qui doutent, ceux qui se posent des questions, ceux qui ont peur.

Il est venu tous les sauver.

Vous le savez, pour la plupart d’entre vous, je travaille une partie de mon temps à l’hôpital, un petit peu plus loin là-bas… et je tenais la main d’une personne en train de mourir, il y a quelques temps… Et cet homme que je connaissais bien me disait : « Qu’est-ce qu’il y a après, dis-moi ce qu’il y a après… ! »

Eh bien après, il y a une grande lumière… Ce n’est pas pour rien qu’on nous a donné le signe de la lumière, à Noël. Ce n’est pas pour rien que les gens qui approchent la mort disent avoir vu une grande lumière.

Il n’y a pas à en avoir peur, nous le savons bien.

C’est d’ailleurs l’Evangile qui nous le disait, c’est la parole des anges aux bergers : « N’ayez pas peur »… de cette grande lumière qui vous apparaît.

Il est venu pour tous. Ceux qui sont à l’hôpital comme les autres, ceux qui sont vaccinés comme les autres, il est venu pour tous. Pourquoi se diviser ? Surtout au moment de Noël !

Alors, Chers Amis, comme nous accueillons dans notre monde le Signe des Signes qu’est Jésus, ce signe à la fois humain et divin, ce signe d’amour absolu, ce signe de la paix qu’il est venu proposer à tous, je nous souhaite, vous et moi, d’être nous-mêmes des signes…

Pas des cygnes avec des plumes blanches, des signes pour notre monde !

Des signes extérieurs de la joie de Dieu, du bonheur, de la vie éternelle…

Soyons porteurs de rires, de sourires… Et dans nos familles, ce soir, demain, dans les jours qui viennent, soyons porteurs de joie, de paix, de douceur… soyons des signes.

C’est particulièrement important en ce temps de CoVid où les discussions partent tellement vite de travers entre les pro-vax, les anti-vax et que sais-je encore ?

Nous les Chrétiens, nous devons être au-dessus de tout cela, nous devons être des signes d’amour, de réconciliation, de paix, de douceur, je le crois.

Oh ce n’est pas facile, je le sais bien, ni pour vous ni pour moi ! Mais je pense que c’est notre responsabilité au moment de Noël, parce que si nous, les Chrétiens, nous ne sommes pas des signes de la joie et de la paix, alors qui le sera ? Et quand le serons-nous si ce n’est pas au moment de Noël ?

Soyons des signes, des signes des temps, parce que Dieu, tout petit dans la crèche, nous le demande.

Et à cela, je signe d’un mot : AMEN !

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Aigle, 24 décembre 2021, 18.00

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2 Responses

  1. Rémy-Pierre Berra

    Bravo et merci, cher abbé Vincent, pour ces paroles pleines de sagesse, d’amour et de bon sens. Votre homélie m’a touché. Je vous souhaite à mon tour un très beau et très lumineux Noël.

    Que Jésus se manifeste au travers de chacun d’entre nous.

    Rémy Pierre

  2. Dominique (Mme) LUDE

    Merveilleux! MERCI!
    Et je vous souhaite un Joyeux Noël cher abbé Vincent!
    Et que la Nouvelle Année vous garde en bonne santé et saInTEté!!
    Je remercie Dieu d’avoir fait de vous un chrétien « radioactif »- comme vous dites- …que dis-je, une chrétien…une centrale à vous tout seul!! Et pas de celles que l’on va mettre hors service, ça j’en suis sûre!
    Une immense gratitude de pouvoir accéder à vos homélies, même si je les lis avec un petit décalage.

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