Un peu d’humilité, SVP…

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Homélie pour le 4e dimanche de l’Avent C

Michée 5,1-4a  /  Psaume 79  /  Hébreux 10,5-10 / Luc 1,39-45

Photo libre de droits : pixabay
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

J’entendais hier soir, à la télévision, un politicien dire qu’il pensait être la bonne personne pour sauver la France !

Inutile que je vous donne un nom, ils le disent tous, de toute manière, de quelque bord qu’ils soient !

Et ça m’a fait réfléchir… A quelques jours de la fête du Sauveur, se prendre soi-même pour un sauveur… Quelle humilité, n’est-ce pas ?

Alors que notre Sauveur, précisément, nous apprend l’humilité.

A travers tous les textes que nous avons entendus ce soir, c’était flagrant. C’est comme le fil rouge qui traverse tous ces textes, l’humilité.

Humilité géographique, d’abord. Notre Sauveur ne vient pas naître dans la capitale des capitales, non. Encore moins dans la ville-lumière, n’en déplaise à nos voisins… Il vient naître dans un bled paumé, à Bethléem.

Ou pour le dire avec les mots du prophète Michée de la première lecture, le plus petit des clans de Juda. Humilité géographique.

Humilité des spectateurs ensuite.

Notre sauveur ne va pas naître dans un hôpital dernier-cri mais bien au milieu des animaux et des bergers. Ces mêmes bergers que le psaume élève au rang divin. Vous l’avez entendu, dans le psaume : « Berger d’Israël, resplendis au-dessus des Kéroubim ! »

Vous savez ce que c’est, les Kéroubim ? Ce sont les Chérubins, ce sont des Anges. Et le psaume place les bergers AU-DESSUS des anges !

Ceux qui sont parmi les plus humbles se retrouvent élevés au-dessus des anges, cette nuit-là…

Humilité, aussi, de deux femmes qui se rencontrent, Elisabeth et Marie. Ça, c’était l’Evangile. De Marie, on connaît déjà la simplicité de l’humilité depuis qu’elle a dit à l’ange qu’elle était la servante du Seigneur.

Mais on découvre l’humilité de sa cousine, Elisabeth, enceinte de Jean-Baptiste. Sa cousine qui s’écrie : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »

Sous-entendu : « Mais qu’ai-je fait pour mériter cet honneur ? »

Tout le contraire de ce que notre monde supposerait : « Non mais vous savez qui je suis ? Je suis la cousine de la mère du Messie ! Ça mérite au moins un ministère, hein ! »

Ben non. Rien de tout cela. Humilité, là encore.

Humilité du Christ enfin, bien sûr. La deuxième lecture, la lettre aux Hébreux, le disait parfaitement : il est venu faire la volonté du Père. Pas la sienne ! La volonté du Père.

Imaginez deux secondes un candidat à l’élection présidentielle à qui on demande son programme, ses volontés, et qui répondrait : « Moi je n’ai pas de programme. Je viens appliquer l’Evangile, c’est tout. »

Il ne serait pas élu, celui-là, je peux vous dire !

Et pourtant, c’est l’attitude du Christ !

Jésus ne vient pas faire sa propre volonté mais simplement celle de son Père. Et il obéira jusqu’à la croix. S’il me faut mourir pour sauver les autres, d’accord Seigneur. Humilité encore. Gigantesque humilité.

Alors bon, l’humilité c’est comme la paix, hein, Chers Amis ! A la base, on est plutôt pour ! Tous, hein ! Si je vous posais la question, je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un parmi vous qui soit contre l’humilité ! C’est la même chose pour la paix dans le monde.

Mais quand il s’agit d’appliquer cela à nos existences à nous, bien concrètes, des fois c’est plus difficile…

La paix dans le monde, on est tous pour, hein ! Mais faire la paix autour de soi, c’est pas toujours simple. Être prêt à mourir pour les autres, c’est pas toujours simple non plus.

Parfois c’est la peur qui gouverne nos sentiments. C’est humain.

Voyez, dans l’une des unités dans laquelle je travaille à l’hôpital, actuellement les patients sont tous positifs au CoVid dans ces deux couloirs. Pour aller les voir, on met une blouse spéciale, des gants, un masque renforcé, parfois même parfois des lunettes de protection. On n’est pas tellement téméraires devant un virus qui tue.

Et j’aime mieux vous dire que quand je rentre dans une chambre où le CoVid est là… je ne fais pas le malin. Cela dit, j’essaie de transformer la peur qui pourrait survenir en humilité.

Comment est-ce qu’on transforme une peur en humilité ?

Eh bien, l’humilité, c’est déjà de ne pas croire qu’on sait tout mieux que les autres. De ne pas se croire supérieur… de ne pas se croire tout puissant.

Nos lits d’hôpitaux, actuellement, sont remplis de gens qui se sont crus plus fort que la maladie. Persuadés qu’à eux, ça n’arriverait pas. Ou pas trop gravement. Qu’ils n’auraient qu’une simple grippe.

Et ils se retrouvent, un masque à oxygène sur le visage, à nous dire « si j’avais su… ».

Si l’on veut combattre le mal, Chers Amis – par exemple le virus qui nous obsède en ce moment – il faut aussi un peu d’humilité, je crois. Ne pas se croire invincibles. Parce qu’on sait où ça mène, quand on se croit les meilleurs.

Un peu d’humilité… Ecouter ce que nous conseillent ceux qui savent, les médecins, les infirmières qui voient mourir chaque jour des gens à l’hôpital. J’en ai vu mourir deux, cette semaine, pour ma part, du CoVid.

Demandons à Dieu la grâce de combattre ce virus de manière unie entre nous, sans se laisser diviser par l’orgueil qui vient nous susurrer à l’oreille qu’on ne risque rien parce que si… ou parce que ça.

Demandons-lui la grâce de l’humilité.

L’histoire nous montre que celles et ceux qui ont voulu se croire plus forts que les autres ont toujours mal fini. Toujours.

Les trois fondateurs de notre pays, Chers Amis, étaient tout petits face aux puissances qui les entouraient, il y a sept-cents et quelques années.

Ils se sont unis tous les trois, un pour tous, tous pour un. En prenant en plus pour rythme d’avancement toujours celui du plus faible.

Comme on le fait quand on marche en montagne et qu’on adapte notre rythme à celui qui marche le plus lentement.

Celui qui marche le plus lentement aujourd’hui, c’est celui qui est malade. L’humilité consiste aussi à adapter notre marche, notre vie, au plus faible.

Humilité. Simplicité. C’est une recette gagnante, à tous les coups.

Alors pendant les quelques heures qui nous séparent de Noël, chers Amis, vraiment, demandons à Dieu la grâce de la simplicité, de l’humilité.

Seigneur, je veux te prier pour cela, ce soir. Et je te prie spécialement pour les jeunes. Ceux qui sont ici, en-haut, ceux qui sont dans l’assemblée. Puisqu’ils sont les dirigeants de demain, donne-leur la simplicité et l’humilité…

Et à nous qui sommes jeunes depuis plus longtemps que les autres, apprends-nous à appliquer cela, jour après jour, dans nos vies.

Amen.

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Bex, samedi 18 décembre 2021, 18.00 (version enregistrée)

Aigle, dimanche 19 décembre 2021, 8.30

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