Le sable et les étoiles de nos routes

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Photo libre de droits : pixabay

Homélie pour le 14e dimanche TO, année C

Is 66,10-14c / Psaume 65(66)  /  Ga 6,14-18 / Luc 10,1-12.17-20

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Vous, ici, à la Pelouse… Vous, de l’autre côté de la magie de la radio chez vous ou à l’hôpital… Nous voici en juillet, et en juillet très souvent on part. A moins que vous ne soyez plutôt d’août pour les vacances !

Pour ma part, ma voiture me sert… pas seulement en juillet et en août, je dois l’avouer. Nous, les prêtres, nous roulons beaucoup. Elle me sert à voyager. Vous me direz que c’est fait pour cela, un véhicule ! Mais si je vous dis cela d’entrée de jeu, c’est parce qu’elle ne me sert pas à briller. A me faire remarquer.

Ah j’en connais certains, leur voiture… c’est quasi aussi important qu’un de leurs enfants. Ils la soignent avec tendresse, ils la bichonnent, ils lui offrent des cadeaux… impressionnant !

Pour moi, non. Tant que ça roule, ça va. C’est tout ce que je lui demande !

Ma voiture ne passe donc pas tous les quinze jours au tunnel de lavage et ce n’est qu’une fois par année – en général ! – que je fais l’intérieur à fond. Enfin, les années où j’y pense.

Mais l’autre soir, la clé de mon appartement est tombée et s’est glissée sous mon siège. Je vois à certains de vos sourires que c’est déjà arrivé à certains ou certaines d’entre vous.

Et vous avez remarqué, ça n’arrive jamais en plein jour, ça ! Ni par une nuit de pleine lune, ce serait trop simple n’est-ce pas ? Ça arrive en pleine nuit dans un endroit, si possible, où il n’y a pas de lumière ! Comme ça, c’est complet.

A la lueur de ma lampe de poche, j’ai donc cherché mes clés et j’ai même enlevé le tapis de sol que je n’enlève jamais ou presque.

C’est là que j’ai eu la surprise d’y découvrir du sable. Du sable de l’Océan Atlantique, qui était resté là depuis l’été dernier. Qui avait fait tous les kilomètres que j’ai fait pendant toute cette année avec moi.

En secouant le tapis à la lueur de ma lampe, je repensais à notre Evangile de ce matin. Effectivement, en montant dans ma voiture l’été dernier, après mon dernier passage à la plage, j’ai secoué la poussière de mes sandales mais probablement pas assez puisque du sable s’est glissé dans la voiture.

Je n’avais d’ailleurs aucune raison, à vrai dire, de secouer la poussière de mes sandales puisqu’on m’accueille chaque année avec beaucoup de sympathie dans le Sud-Ouest de mes origines et notamment dans le Pays Basque. On s’y retrouve en famille et c’est l’occasion de fêter, de chanter.

J’y retrouve les sœurs carmélites de Bayonne chez qui je loge et chez qui je célèbre chaque jour. Ensemble nous acclamons le Seigneur, nous le glorifions, nous écoutons sa parole. Toutes choses que rappelait le psaume que nous avons entendu il y a quelques minutes.

Toutes choses que nous avons faites aussi ici à la Pelouse à l’écoute de la Parole de Dieu toute cette semaine. Nous avons chanté, joué même hier soir, fêté, loué le Seigneur.

En regardant ce sable qui tombait du tapis de sol de ma voiture, je me disais qu’il est aussi une promesse. La promesse de retrouver les miens d’ici quelques semaines. En somme, ce sable est lié à mes racines, à ma famille, exactement comme les nombreux grains de sable qui correspondent à la descendance d’Abraham. Souvenez-vous la promesse que le Seigneur lui avait faite : « Ta descendance sera aussi nombreuses que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de la mer… »

Ce sable que je voyais s’écouler est un peu ma demeure ici-bas.

Et en pensant à tout cela j’ai arrêté de secouer le tapis. « Il est bon qu’il y reste quelques grains tout de même » me disais-je. « Cela me rappelle l’endroit d’où je viens et que je vais retrouver bientôt. »

Non, vraiment, je n’avais aucune raison valable de secouer la poussière de mes sandales ou du tapis de ma voiture ce soir-là. Au contraire.

En remettant soigneusement le tapis de sol encore empli de grains de sable, j’éprouvai même le réconfort de savoir que j’allais bientôt revenir vers ce lieu qui m’est cher. C’est là que j’ai retrouvé mes clés. Celles de chez moi, ici en Suisse.

J’étais tout joyeux ! Joie de savoir qu’à cette heure tardive de la nuit, j’allais quand même pouvoir rentrer chez moi.

J’ai donc éteint ma lampe de poche, fermé ma voiture. Et j’ai levé les yeux au ciel. J’étais en montagne, chez moi, à Champex en Valais.

Le ciel était somptueux, piqué de milliers d’étoiles.

Et je me disais que ces étoiles, dont Dieu a aussi parlé à Abraham jadis, ces étoiles sont les grains de sable de là-haut. Ceux qui nous emmènent vers notre maison céleste, la Jérusalem d’en-haut, dont nous avions parlé, Chers Amis de l’ABC, l’an dernier ensemble.

Là où Dieu, qui ne nous abandonne jamais, nous consolera le moment venu, comme le rappelait le prophète Isaïe dans notre première lecture.

Là où il n’y aura plus ni circoncis ni incirconcis, plus aucune différence entre les êtres humains comme l’a si bien annoncé l’Apôtre Paul.

Parce que Dieu nous veut libres. S’il a fait habiter son Esprit au fond de nous, comme nous l’avons redécouvert cette semaine ensemble, c’est parce qu’il nous veut profondément et pleinement libres. L’Esprit n’est pas là pour nous téléguider d’une manière ou d’une autre. Il est une force gigantesque, certes, qui habite en nous, mais qui nous donne sa liberté.

Notre deuxième lecture rappelait admirablement que la foi nous rend libres. La foi de croire qu’un jour, nous rejoindrons ce ciel aux milliers d’étoiles.

Dieu nous veut libres de le suivre ou non.

Libres d’entrer dans telle ou telle ville, libres de secouer la poussière de nos pieds en en ressortant. Libres d’annoncer, chacun à notre manière, la Bonne Nouvelle aux gens vers lesquels nous sommes envoyés.

Avec les membres de l’Association Biblique Catholique qui s’est réunie ici, à La Pelouse, depuis une semaine, nous allons repartir tout à l’heure, riches des fruits, des charismes, des dons de cet Esprit que nous avons creusés ensemble et redécouverts.

Et peut-être que certaines et certains de vous, peut-être aussi que certaines et certains de vous Chers Auditeurs, iront plus loin que leur domicile helvétique, en repartant tout à l’heure vers leur lieu de vacances. Peut-être que vous vous apprêtez à partir ou peut-être êtes-vous déjà en train de nous écouter dans votre voiture, précisément, sur la route qui vous mène vers vos racines ou vers des lieux inconnus.

Dieu nous envoie, sur nos routes estivales.

Nous avons pris le strict nécessaire et peut-être ramènerons-nous un peu de poussière ou de sable sous nos chaussures ou sous les tapis de nos voitures.

Mais lorsque vous regarderez le ciel, ou que vous soyez, contemplez les lumières de la Jérusalem d’en-haut, là où les étoiles remplacent les grains de sable, là où il n’y plus besoin d’emporter quoi que ce soit pour la route, ni voiture, ni tapis de sol, ni clés, ni bourse, ni sac, ni sandales, là où il n’y a plus que des agneaux et aucun loup.

Dieu nous y accueillera. Il secouera la poussière de nos vies. Et alors il y aura encore plus d’étoiles dans le ciel.

D’ici-là, bon été à Chacune et Chacun !

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La Pelouse, dimanche 3 juillet 2022, 9.00, RTS

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