Présence bien réelle

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Homélie pour la solennité de la FÊTE DIEU – année A

Deutéronome 8,2-16a / Psaume 147 / 1Corinthiens 10,16-17 / Jean 6,51-58

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Je vous le disais au début de cette célébration : le mystère du corps et du sang du Christ est difficile à comprendre ! Sommes-nous des vampires ? Ah oui, on peut se poser la question puisque nous mangeons de la chair et nous buvons du sang, comme nous l’affirme Jésus dans l’Evangile que nous venons de réentendre ! Serions-nous des êtres épouvantables ?

Vous sentez bien que non. Jésus a voulu nous dire autre chose à travers ce texte…

Et pourtant, ce serait tout aussi faux d’aller dans l’extrême inverse, de dire que ce pain et ce vin sur lesquels je prierai tout à l’heure sont un pur symbole. Que le pain, une fois que j’aurai prié tout à l’heure, reste du pain. Non, non…

Dans notre foi, le pain que nous rompons est non seulement communion, comme le dit l’apôtre Paul, au corps du Christ mais devient la chair du Fils de l’Homme, c’est Jésus lui-même qui le disait dans l’Evangile.

Pas facile à comprendre…

Pour bien mesurer tout cela, il faut que je vous parle des fleurs. Si, si vous allez voir…

Mesdames… – Mesdames vous qui êtes nettement plus nombreuses que nous Messieurs, ce matin, comme à chaque fois d’ailleurs en Eglise, heureusement que vous êtes là – Mesdames… vous avez déjà reçu des fleurs, j’espère ? Chacune ! Et vous en recevez encore, j’espère ! Eh bien, lorsque vous recevez des fleurs, il y a en général une personne qui a réfléchi avant de vous les offrir.

Messieurs, nous le savons bien : on ne va pas offrir à ces dames deux roses. On quatre, ou six… Le minimum du langage des fleurs que nous connaissons, Messieurs, c’est déjà de savoir que ça s’offre par chiffre ou nombre impair.

Pour ne pas commettre d’impair, il faut vous précisément vous offrir des fleurs en nombre impair. C’est un paradoxe, mais celui-là, en général, on le connaît.

Mais nous savons bien aussi, Messieurs, que si nous offrons une rose à l’une de ces dames, il va falloir faire attention à la couleur de cette rose ! Parce qu’une rose rouge ne veut pas dire la même chose qu’une rose rose, ni qu’une rose blanche, encore moins qu’une rose jaune.

Si je veux exprimer mon amour, j’utiliserai le rouge… si je veux exprimer l’amitié ou la tendresse, j’emploierai du rose… si je veux exprimer la pureté, j’offrirai des roses blanches. Quant au jaune… mieux vaut ne pas trop en parler, n’est-ce pas ?

Ensuite, je réfléchirai au nombre, certainement aidé par ma fleuriste. Un bouquet de 9 roses rouges exprimera un amour beaucoup plus ardent qu’une seule rose rouge toute seule, même si c’est une Baccara !

Je vous parle des roses, mais chaque fleur a son langage, nous le savons bien ! Une jacinthe sera une déclaration à votre beauté, Mesdames, alors qu’une jonquille dira notre estime envers vous. Une orchidée dira la sensualité, l’amour ardent, alors qu’un cyclamen dira le doute et le besoin d’être rassuré.

Il ne me viendrait pas à l’idée, Mesdames, de vous offrir des chrysanthèmes. Cela porterait une autre idée que celle de l’amour, de la tendresse, de l’amitié ou de la pureté !

Il y a donc derrière une simple fleur un message. Et beaucoup plus encore qu’un message ! Elle porte en elle des sentiments, des émotions.

Alors qu’à la base, c’est une fleur, hein ! Je n’ai jamais vu, mais alors jamais, une fleur avoir des émotions ou des sentiments ! C’est un végétal. Avec tout le respect que j’ai pour les fleurs, mais c’est un végétal !

Pourtant, il y a mieux ! Comment se fait-il, Mesdames, qu’une fois que la fleur a été mise dans un vase joliment, chez vous, vous vous mettiez à lui parler ? Si, si, je sais que vous le faites !

Non seulement vous vous mettez à lui parler mais vous lui parlez parfois comme vous parleriez à la personne qui vous a offert cette fleur… Parce que derrière la fleur, sa couleur, son message, il y a une présence… La présence de la personne qui vous l’a offerte, cette fleur.

Et je ne me permettrais pas, si vous me dites, chez vous, que telle rose vous rappelle la présence de telle personne, d’éclater de rire et de mettre cela en doute en vous disant : « Non mais c’est une fleur, c’est un pur symbole ! » Je ne me le permettrais pas…

Derrière une simple fleur, il y a donc un message, des émotions, une présence. Même, parfois, le simple parfum de la fleur nous rappelle la personne de la personne qui nous l’a offerte, vous avez remarqué ?

Et puis, bien sûr, tôt ou tard, la fleur fane. Parfois, vous les faites sécher. Mais ce n’est pas le but. Le but, c’est quoi ? C’est de la remplacer par une nouvelle fleur, bien sûr. L’intérêt, Messieurs, d’offrir des fleurs coupées, nous l’apprenons parfois à nos dépens, l’intérêt précisément c’est qu’elle va faner ! Ça signifie quoi ? Qu’il va falloir recommencer. Que rien n’est jamais acquis pour toujours…

Il ne nous viendrait pas à l’idée, Mesdames, de vous offrir des fleurs en plastique en disant : « Comme ça, la question est réglée pour toute l’année ! » Je pense qu’on se ferait recevoir, dans ce cas-là !

L’intérêt d’une fleur, précisément, c’est qu’elle fane et donc que c’est toujours à recommencer.

Alors, Chers Amis, si tout cela est tellement évident à comprendre pour des fleurs, comment se fait-il que ce soir si difficile à comprendre pour l’Eucharistie ? C’est exactement la même chose !

Derrière le pain – qui, je vous le fais remarquer, nous est offert d’une manière particulière, qui est rompu d’une manière particulière, qui est mis dans un vase particulier, dans un lieu particulier, qui est accompagné de paroles particulières – eh bien, derrière ce pain, il y a une PRESENCE. Une présence réelle.

Ce n’est pas plus compliqué que cela !

Une présence, par ailleurs, qui est toujours à renouveler. Il ne vous viendrait pas à l’idée de venir prendre l’hostie une fois dans l’année, comme ça c’est fait pour toute l’année, non ! Vous revenez.

Dieu, à travers cette hostie qu’il vous offre à chaque fois que vous le souhaitez, à chaque fois que vous estimez que la précédente est un peu fanée peut-être, Dieu vous redit son Amour, sa présence. Il a un message pour vous.

C’est la même chose que les fleurs, voyez-vous…

Et c’est bien ce que nous disait la première lecture, lorsque le peuple repense à l’Égypte… L’Egypte c’est beaucoup plus qu’un nom sur une carte de géographie, pour eux ! Le peuple pense au désert, à la faim, au dénuement, à la soif, au danger, à tout ce qu’ils ont vécu en Égypte.

Un mot devient porteur de toute une série d’éléments.

Et c’est la même chose dans la deuxième lecture : lorsque Paul nous dit que le pain que nous rompons à cette table est COMMUNION.

Ce pain est déjà la présence réelle du Christ parce que nous l’offrons dans des circonstances et avec des paroles particulières, je l’ai dit.

Mais ce pain, précisément parce que nous le rompons et, donc, parce que nous le partageons, devient communion. La communion rend présent le Christ, il nous l’a dit : « lorsque deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

En apparence, bien sûr c’est toujours du pain. Mais parce que ce pain se charge d’un message, d’une présence, il devient infiniment plus : le Corps du Christ.

Alors d’accord, la comparaison avec la fleur s’arrête précisément là. Parce que la fleur est toujours une fleur, même chargée de son message et de sa présence… alors que le pain, malgré les apparences, n’est plus du pain lorsqu’il est consacré. Il devient le Corps du Christ.

Mais je ne suis pas si sûr que la comparaison s’arrête là. Parce que… allez dire à une amoureuse que la rose rouge que vient de lui offrir l’élu de son cœur est toujours une simple fleur… si vous ne prenez pas une baffe, vous aurez de la chance.

Si Dieu peut se faire présence dans du pain au point que ce pain n’en soit plus, je suis certain qu’il est capable de faire pareil, par cette force gigantesque qu’est l’Amour, avec les fleurs que s’offrent les gens qui s’aiment.

Une rose rouge est une toute simple fleur, en apparence. Mais si les apparences demeurent, ce que signifie cette rose est gigantesque, jusqu’à se faire présence réelle de l’être aimé.

Chers Amis, si nous arrivons à comprendre cela pour les roses, faisons un petit effort intellectuel : je suis sûr qu’on y arrivera tout aussi bien pour le Corps et le Sang du Christ.

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CGR Providence Vevey, jeudi 8 juin 2023, 11.00

Roche, samedi 10 juin 2023, 18.00

Leysin-Feydey, dimanche 11 juin 2023, 10.15 (version enregistrée)

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