Photo libre de droits : pixabay
Homélie pour le 21e dimanche TO, année C
Isaïe 66,18-21 / Psaume 116(117) / Hébreux 12,5-7.11-13 / Luc 13, 22-30
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Permettez que je commence par une question : « Est-ce que Dieu vous sauvera, vous ? »
Ah, évidemment, posée comme ça, c’est un peu frontal ! Si je promenais le micro dans l’Assemblée, il y aurait certainement beaucoup de réponses empreintes d’humilité : « Si Dieu le veut… » ou bien encore : « Oh, vous savez, moi je ne suis pas un Saint, je ne suis pas une Sainte… mais je ne suis pas un voyou non plus. Alors on verra bien ! »
L’Évangile que nous venons de réentendre ne nous aide pas beaucoup à répondre à cette question, à première vue. Puisque lorsque l’on pose la question à Jésus – n’y a-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? – Jésus répond… il répond quoi, d’ailleurs ?
Ah moi aussi j’ai dû relire…
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite », commence-t-il par dire.
Très souvent, cette parole a été vue comme élitiste ou exclusive. Du style : « Attention, soyez parfaits ! Parce que la porte est étroite ! Il sera plus difficile d’y entrer que de faire passer un chameau par le trou d’une aiguille, dit encore Jésus. »
Là, évidemment, vu mon gabarit, comme je tiens davantage du chameau que de l’aiguille… je n’ai aucune chance !
Mais bien sûr, l’étroitesse de cette porte n’a rien à voir avec ses dimensions supposées, même s’il existait à Jérusalem une porte très étroite par laquelle les chameaux avaient bien de la peine à passer à l’époque.
Mais c’est autre chose. La porte étroite, c’est une exigence. J’y reviendrai.
Restons quelques instants sur ce texte qui nous fait imaginer parfois des portes étroites et des images fausses dans nos esprits.
Parce que, attendez un instant, Chers Amis… où avez-vous lu qu’il n’y ait qu’une seule porte ? Ça n’est pas dit dans le texte !
Au contraire, le texte nous laisse supposer qu’il y a plusieurs portes, puisque Jésus nous dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » C’est donc bien qu’il y en a – en tout cas – une autre.
Sinon il nous dirait « Efforcez-vous d’entrer par la porte. » Non ! Il précise : « Efforcez-vous de choisir la porte étroite. » Il y en a donc en tout cas une autre, et peut être même plusieurs autres.
Et la suite du texte nous le confirme, puisqu’on nous dit ensuite qu’une fois que la porte étroite sera fermée, on viendra encore des quatre points cardinaux, de tous les peuples, prendre place au festin du Royaume. Il y a donc plusieurs portes et d’autres portes qui seront fermées moins vite.
Et même Jésus termine en disant qu’il y a des derniers qui seront premiers dans le Royaume. Il y a donc des personnes qui arriveront après que la plupart des portes se seront fermées, qui entreront en dernier et qui seront premiers davantage que celles et ceux qui sont passés par la porte étroite !
Ceci dit, si on écoute Jésus, il semble meilleur d’essayer de passer par cette première porte étroite, puisqu’il nous le dit, notamment parce que beaucoup n’y arriveront pas, dit-il aussi.
Qu’est ce qui les empêchera de franchir cette porte étroite ? Mais là aussi, le texte le dit : l’injustice. La porte étroite est fermée à toute personne qui pratique l’injustice.
C’est pour cela qu’il vaut mieux essayer d’y passer en faisant des actions justes au cours de nos vies. C’est à la portée de chacune et chacun d’entre nous.
Mais est-ce à dire qu’une personne injuste ne pourrait plus du tout entrer ? Non, absolument pas. Elle ne pourrait pas entrer par cette porte-là. Mais peut être que cette personne peut purger sa peine après avoir commis une injustice ou un crime et demander pardon sincèrement, puis entrer par l’une des autres portes plus larges.
Laissez-moi répéter ceci pour ne pas créer d’ambiguïté : purger sa peine, y compris devant Dieu, ET demander pardon sincèrement.
Il y a des personnes qui semblent croire – jusque dans l’Église de France – il y a des personnes qui semblent croire qu’une fois qu’on a purgé sa peine, tout va bien, on peut retrouver une place de prestige dans l’Église, aucun souci…
Non. Purger sa peine, c’est bien. Mais ça ne suffit pas. Encore faut-il demander pardon, sincèrement, ne pas minimiser ce que l’on a fait, ne pas relativiser la parole d’une victime.
Je dis tout cela au hasard, n’est-ce pas, Chers Amis… mais si par hasard l’actualité du Sud vous revenait à l’esprit, ce n’est certainement pas qu’un hasard…
Moyennant quoi, je vous repose la question : « Est-ce que Dieu vous sauvera, vous ? Et moi, par la même occasion ? »
La deuxième lecture nous donnait une clé, la lettre aux Hébreux : « Ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas ! » Peut-être que, dans nos vies, nous avons commis parfois le mal et nous avons reçu des leçons. « Ne te décourage pas ! », dit le Seigneur. Tout est encore possible, tu peux encore entrer.
Et puis, il y avait la première lecture, le prophète Isaïe, qui nous offrait une bonne nouvelle magistrale : c’est Dieu, au final, qui viendra rechercher tous les autres, de toutes les nations, de toutes les langues, pour les convier eux aussi au festin. Ceux qui ont entendu parler de Dieu comme ceux qui n’en n’ont jamais entendu parler, ceux qui sont dans cette église ce matin, comme tous les autres… Il viendra tous les chercher !
Alors attention, là encore, à ne pas me faire dire ce que je n’ai pas dit. Je ne suis pas en train de vous la jouer « Michel Polnareff, on ira tous au paradis ! » Dieu VEUT tous nous sauver, nuance.
Lui, il veut tous nous sauver. Mais cela dépend aussi de nous.
Jusqu’au bout, on peut refuser la main que Dieu nous tend. Jusqu’au bout.
Mais nous le savons aussi, jusqu’à la dernière seconde, on peut tendre la main à Dieu !
La porte étroite, Chers Amis, c’est la nôtre.
C’est la porte de celles et ceux qui ont la chance de connaître Dieu, qui n’ont pas cette excuse-là, qui ont rencontré Jésus dans leur vie.
Alors bien sûr, c’est plus exigeant. Parce qu’il faut essayer de le suivre toute notre vie. Mais j’en suis convaincu : il y a d’autres portes et Jésus nous le dit dans l’Évangile, il y a d’autres portes.
Chacune et chacun de nous peut passer cette porte qui mène au Royaume, quel que soit notre gabarit, quelle que soit notre vie, quel que soit notre passé, cela dépend de nous. Dieu, lui, nous tendra toujours la main. Il nous attend derrière ses portes. À nous, alors, de lui tendre la main aussi.
C’est d’ailleurs ce que vous êtes venus faire ce matin.
___________________________________________
Carmel de Bayonne, dimanche 24 août 2025, 8.30
Hossegor, dimanche 24 août 2025, 11.00 (version enregistrée)
Laisser un commentaire