Echapper au Jugement

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Photo libre de droits : pixabay

Chers Amis,

Il y a un petit mot que nous avons, vous et moi, sûrement entendu régulièrement dans notre enfance. Une petite conjonction : « si ».

« Si tu te conduis bien, alors… » trois petits points.

  • …alors demain on ira au manège.
  • …alors tu auras une friandise.
  • …alors, alors et cetera, et cetera.

Si.

Quand nous étions des enfants, on réagissait à ce « si », c’était une saine motivation dans la plupart des cas. On essayait d’être digne de la suite de la phrase : il faut que je me conduise bien pour bénéficier de ce qu’annonce le « si ».

Poser une condition pour obtenir quelque chose de Dieu, c’est plus ou moins ce que faisait la fin de notre première lecture tirée du second livre des Chroniques : « Quiconque fait partie de son peuple, le Seigneur est avec lui ». Si vous faites partie de son peuple, autrement dit, alors Dieu est avec vous.

Reste à faire partie du peuple élu. L’Ancien Testament fonctionne comme cela, avec des si d’élection, des conditions. Il faut en remplir un certain nombre, connaître et respecter tous les commandements par exemple, moyennant quoi Dieu vous aidera.

C’est un peu enfantin mais c’est l’Ancien Testament, en même temps. On a dépassé tout cela. Enfin… on aurait dû.

Parce que malheureusement c’est très souvent le niveau de foi auquel on est resté. Parce que c’est comme cela qu’on nous a éduqués dans la foi : « Si tu respectes les commandements, alors, Dieu te récompensera… » Et donc, par voie de conséquence : « S’il t’arrive une tuile, c’est que tu n’as pas respecté quelque chose ou que tu as offensé Dieu. »

Ça, c’est la foi enfantine, Chers Amis ! C’est la foi qui imagine que Dieu va nous donner une récompense si on fait tout bien correctement.  Mais notre Dieu nous espère adultes, dans notre foi, et c’est bien pour cela que dans l’Évangile, des centaines de pages plus loin dans le Nouveau Testament, on va beaucoup, beaucoup plus loin.

Notamment dans l’Evangile de Jean que nous avons entendu tout à l’heure : « Celui qui croit, disait Jésus dans notre passage d’aujourd’hui, celui qui croit échappe au jugement ! »

Prenez le temps de mesurer le côté vertigineux de cette affirmation… Celui qui croit échappe au jugement.

Pendant des siècles, on nous a fait peur avec le jugement en disant : « Attention ! Si tu ne fais pas tout correctement, il y a la douane là-haut ! Avant d’arriver au ciel, il va falloir présenter tes papiers… et ça ne va pas forcément être tout simple. C’est loin d’être gagné d’avance… »

À l’époque où les prédicateurs nous faisaient peur avec cela, ils nous interdisaient de lire la Bible.

Pendant très longtemps, pendant des siècles, il ne fallait pas lire la Bible. C’était réservé aux savants et aux théologiens.

Et pour cause, ils savaient bien pourquoi ils nous interdisaient cette lecture !

Parce qu’effectivement, si le peuple de Dieu avait eu accès à la Bible, les gens auraient pu dire : « Eh, oh ! C’est marqué dans le bouquin ! C’est marqué ! ‘Quiconque croit échappe au jugement.’ Qu’est-ce que tu viens me dire, toi, le prédicateur qui essaie de me faire peur ? Je crois, j’ai la foi, donc j’échappe au jugement, eh oui. Ne t’en déplaise. »

On peut même ajouter que ce n’est pas marqué à n’importe quel endroit de la Bible, c’est une parole de Jésus ! « Celui qui croit échappe au jugement. »

Si vous croyez, vous échappez au jugement. Vous arrivez là-haut et on vous tend les bras avec une parole d’amour – j’espère – mais pas un jugement, sûrement pas.

Reste à savoir ce que veut dire croire, évidemment. Parce que Jésus nous dit aussi que la foi, si nous en avions déjà gros comme un grain de moutarde, nous pourrions déplacer les montagnes… c’est dire la taille de notre foi ! Peut-être que là, nous avons un effort à faire pour être vraiment des personnes qui croient pleinement… 

Reste qu’il est écrit que celui qui croit échappe au jugement. Et la foi adulte vient se nourrir de cela.

Sans parler du reste du texte, parce que juste avant cette phrase vertigineuse, il y en avait une autre, tout aussi vertigineuse : « Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que – par lui – le monde soit sauvé. »

On a envie de dire aux prédicateurs de jadis : « Qu’est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans ? Il n’a pas envoyé Jésus pour nous juger, il l’a envoyé pour nous sauver. Ce n’est quand même pas tout à fait la même idée, hein ? »

Dieu n’a pas envoyé son fils pour juger le monde, mais pour nous sauver. Ayons bien cela à l’esprit, Chers Amis.

Et si nous n’étions pas encore complètement convaincus, nous avions encore notre deuxième lecture de ce jour, la lettre de Paul aux Ephésiens, qui nous répétait deux fois une phrase pour qu’elle nous rentre bien dans la tête.

Cette phrase que vous avez entendue deux fois, la revoici : « c’est par grâce que vous êtes sauvés » Sous-entendu : il n’y a pas quelque chose à FAIRE pour mériter le salut, non : si vous croyez, par grâce vous êtes déjà sauvés, nous disait Paul.

Alors bien sûr, si l’on s’arrêtait ici ce serait un peu facile. Cela reviendrait à dire : « Très bien je suis sauvé, je n’ai rien besoin de faire, tout cela est gratuit et donc je peux vivre ma petite vie tranquille et tout va bien. »

Vous supposez bien qu’un tel cadeau de la part de Dieu qui a été jusqu’à nous donner son Fils pour nous sauver, un tel cadeau demande une réponse de notre part.

L’erreur qu’on faisait dans le temps, c’est de croire que notre action devait venir avant le cadeau qui était alors la réponse de Dieu. Comme les enfants : « si tu fais tout bien, alors tu auras un cadeau », non ! C’est l’inverse !

Le cadeau, nous l’avons reçu. Gratuitement. Mais cela suppose alors NOTRE réponse, cela suppose de dire merci.

Et donc cela suppose une attitude digne de celui ou de celle qui reçoit un tel cadeau, cela suppose de ne plus jamais douter de Dieu, de ne plus jamais oublier même son existence.

C’est exactement ce que le psaume nous rappelait avec cette phrase que nous avons chantée : « que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir ! »

Alors je souhaite que ni vos langues ni la mienne ne s’attache à nos palais, Chers Amis, parce que nous, nous savons bien le don de Dieu, et si nous sommes ici c’est précisément parce que c’est notre façon de lui rendre grâce.

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Bex, samedi 9 mars 2024, 18 h.

Clarens, dimanche 10 mars 2024, 9 h. 30 (ré-enregistré par la suite)

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