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Homélie pour la solennité de l’Epiphanie
Isaïe 60,1-6 / Psaume 71 / Ephésiens 3,2-3a.5-6 / Matthieu 2, 1-12
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Nous fêtons donc les Mages… et non pas les Rois – puisque le seul Roi de l’Epiphanie, il est là dans la crèche… c’est Jésus.
Connaissez-vous le sens de ce mot « Epiphanie » ? ça n’a rien à voir avec une personne qui ramasserait des épis et qui s’appellerait Fanny, hein ! « Epiphanie », ça vient du grec et cela veut signifier « manifestation de ce qui était caché, apparition de quelque chose qui était caché »…
Donc, à l’Epiphanie, on nous révèle quelque chose de caché, exactement comme le disait Paul dans notre deuxième lecture : « Par révélation, il m’a fait connaître le mystère… »
Alors quel est le mystère qui est caché dans la fête de l’Epiphanie ? Eh bien, il y en a trois, en fait ! il y a trois éléments cachés qui sont dévoilés lors de l’Epiphanie.
Dans nos textes de ce soir, il y a trois découvertes que nous avons à faire ou à refaire chaque année en lien – justement – avec les trois cadeaux qu’apportent Melchior, Gaspard et Balthasar, les mages. Ces cadeaux que vous connaissez par cœur : l’or, la myrrhe et l’encens. Dans l’ordre qu’on veut.
Première chose cachée à comprendre : le petit bébé qui est dans cette crèche, Jésus, eh bien c’est Dieu. Pour nous, c’est peut-être évident, mais pour quelqu’un qui contemple cette crèche et qui ne sait pas que Jésus est Dieu, ce n’est pas si évident que cela !
Ce petit bébé, c’est Dieu !
Allez dire ça à une personne d’une autre religion, elle va vous regarder avec de grands yeux : son Dieu est tout là-haut, inaccessible, immense ! ça ne peut pas être un petit bébé… Pour nous, oui.
C’est le premier mystère de l’Epiphanie : Jésus, l’enfant de la crèche, est Dieu.
Et c’est notre première lecture, le prophète Isaïe, qui nous aidait à le comprendre : « Les chefs de toutes les nations vont se prosterner devant lui, on viendra de partout pour reconnaître ce Dieu », disait Isaïe.
On vient de partout… Voilà pourquoi, vous le savez bien, les mages ont toujours trois couleurs de peau différentes : blanche, jaune et noire. Pour montrer que Jésus est venu pour toutes les nations, pas seulement pour une seule race qui serait la race élue mais pour le monde entier de manière égale.
Il y aurait d’ailleurs eu un quatrième mage à la peau rouge si, à l’époque on avait déjà connu l’Amérique. Mais ce n’était pas le cas.
Vous le savez sans doute aussi – sinon c’est l’occasion de le réapprendre : Gaspard est celui qui a la peau jaune et il représente le continent asiatique. Il est le plus jeune pour signifier que c’est le continent où la foi chrétienne est la plus neuve. Balthasar est d’âge un peu plus mûr… et il a la peau noire, il représente le continent africain croyant depuis bien plus longtemps que l’Asie. Quant à Melchior, il a la peau blanche – et très souvent une longue barbe blanche – c’est le plus vieux pour représenter le vieux continent, l’Europe.
Jésus est donc le Dieu de toute la terre. Et il vient effacer les inégalités de race ou d’origine.
La deuxième lecture nous le disait aussi d’ailleurs : toutes les nations sont associées à son héritage. Toutes ! D’où que nous soyons, nous avons le droit à la même chose en Jésus. Paul le disait aux Ephésiens en parlant du Christ : nous sommes tous héritiers du Christ, qui que nous soyons.
Et puis Isaïe nous disait aussi qu’on proclamera les louanges du Seigneur et… qu’on apportera de l’encens, ah-ah : premier cadeau, l’encens.
Ce cadeau dont la fumée monte vers le ciel, pour signifier notre prière. L’encens symbolise Dieu. C’est bien ce Jésus qui est Dieu que l’encens veut nous montrer.
Premier élément, donc : Jésus est DIEU. Le mage venu d’Orient lui apporte l’encens pour symboliser cela. Ça va jusque-là ?…
Deuxième mystère de l’Epiphanie, qui correspond au deuxième cadeau : Jésus est ROI. Je ne sais pas si vous avez souvent vu un petit bébé être roi… mais c’est assez rare !
Si on croit nos amis britanniques, d’ailleurs, le roi Charles a attendu passablement d’années avant de devenir roi ! Eh bien non ! Nous, notre roi, il est roi dès sa naissance ! Et ça, c’est le deuxième mystère de l’Epiphanie.
Jésus est Roi et il est même le Roi des rois. C’est le psaume qui nous le disait : « Dieu, donne à ce fils de roi ta justice ! Qu’il gouverne, qu’il domine de la mer à la mer, jusqu’au bout de la terre ! » Jésus est Roi de toute la terre. C’est bien ce qui inquiète le roi Hérode, d’ailleurs !
C’est un Roi divin mais également un roi humain, un roi qui s’est fait homme, un roi terrestre. Et le psaume parle de toutes les richesses de la terre qui affluent vers ce roi. Dont la richesse des richesses : l’or.
L’or qui est apporté par MelchiOR. Il y a petit jeu de mots, ça aide à s’en souvenir. L’or qui symbolise la royauté de Jésus.
Deuxième élément donc : Jésus est roi. Ça va toujours ?…
Troisième et dernier mystère : ce roi, ce Dieu va mourir. Pour un roi, c’est évident, mais pour Dieu beaucoup moins !
Ce Dieu va mourir. Mais non seulement il va mourir, mais il va vaincre la mort et ressusciter. C’est l’évangile qui nous fait pressentir cela puisqu’à peine né, ce petit roi de l’univers est menacé par un autre roi.
Il se trouve que la myrrhe, le troisième cadeau, était le parfum des morts, le parfum qui servait à embaumer les morts… c’est-à-dire à les conserver, pour leur faire traverser la mort, précisément, pour les rendre immortels.
Être immortel, c’est bien le troisième mystère de l’Epiphanie en Jésus. Et c’est donc la myrrhe apportée par l’homme à la peau noire, Balthasar. Et pourquoi ? Parce que la myrrhe provient de l’arbre à myrrhe, un arbre qui pousse précisément en Afrique et au Moyen-Orient.
Jésus est Dieu – d’où l’encens. Jésus est Roi, d’où l’or. Jésus est vainqueur de la mort, d’où la myrrhe.
Ça va toujours ?… Vous êtes formidables !
Mais il y a mieux ! Car pour terminer, on peut rattacher chacun des trois cadeaux aux trois vertus théologales que nous sommes invités à pratiquer. On rattache ces cadeaux à l’aujourd’hui de notre vie, sinon ce ne serait que des explications historiques. …Les vertus théologales, ça vous rappelle quelque chose ? Foi, Espérance, Charité.
Alors qu’est-ce qui est en lien avec la Foi, qu’est-ce qui ravive notre Foi ? Eh bien c’est l’encens ! Croire que ce petit d’homme est Dieu, c’est un acte de Foi et c’est cela qui fait augmenter notre Foi…
L’Or, le Psaume, les richesses du monde : mais c’est la Charité bien sûr qu’elles nous invitent à pratiquer, sachant que les richesses ne sont rien si on ne les partage pas autour de nous !
Enfin, la myrrhe, le parfum des morts, mais c’est bien sûr l’Espérance qu’il vient raviver en nous, l’Espérance de la vie éternelle.
Vous voyez, Chers Amis, c’est magnifique, l’Epiphanie ! Magnifique de symboles !
Mais bien sûr, la galette des rois va venir ajouter à nos estomacs un peu fatigués déjà par ces fêtes, vous voudrez vous souvenir de tout cela tout à l’heure et vous allez tout mélanger, je vous connais !
Mais oui ! Déjà à peine sortis sur le parvis vous direz : « Attendez, c’est Gaspard qui a la peau noire ? Non, c’est Balthasar… mais Balthasar, il apporte quoi ? L’or ? Non, l’or c’est Melchior… la myrrhe ? …je ne me souviens plus ! … » On mélange tout assez vite quand on écoute, comme ça.
C’est pour ça que je vais demander à nos servantes de messe de vous donner une petite feuille sur laquelle tout ça est redit, avec un petit dessin… et comme ça vous n’oublierez plus tous ces éléments magnifiques que sont les mystères de l’Epiphanie !
Feuillet distribué à télécharger :
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Roche, samedi 6 janvier 2024, 18.00 (version enregistrée)
Aigle, dimanche 7 janvier 2024, 10.00
Champex-Lac, dimanche 7 janvier 2024, 17.00
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