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Homélie pour le 20e dimanche TO, année C
Jérémie 38, 4-6.8-10 / Psaume 39 / Hébreux 12, 1-4 / Luc 12, 49-53
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
A chaque fois que je relis cet >Evangile, je me dis : « Ah bah on sait d’où ça vient, les conflits avec les belles mères, hein ! C’est marqué ! »
Plus sérieusement, quand on entend les lectures de ce matin, on se dit : « Mais quelle mouche a donc piqué les personnes qui ont choisi ces textes ? » Jésus est-il devenu fou ? Il nous dit qu’il est venu apporter un feu sur la terre. Entendre cette lecture au mois d’août, c’est quand même fort de café, hein ! Alors qu’une partie de l’Espagne brûle, alors que l’Aude, ici chez nous, a brûlé, d’autres années c’était la Gironde, les Landes… et Jésus nous dit « je suis venu apporter un feu sur la terre », non !
La lettre aux Hébreux n’était pas plus simple à comprendre. « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang », nous disait son auteur, « vous n’avez pas encore résisté dans votre lutte contre le péché »….
Quant à la première lecture, alors là, c’est le bouquet !
Le prophète Jérémie, tout prophète parlant au nom de Dieu, le prophète Jérémie parce qu’il a parlé au nom de Dieu, est jeté dans une citerne. Ah, ça donne envie, hein ?
Et pourtant, nous sommes tous prophètes de par notre baptême. Nous avons à suivre Jérémie. Pas facile !
Pour essayer de comprendre ce qui se joue dans ces textes, laissez-moi vous raconter une histoire vécue il y a quelques semaines à peine.
Je célébrais un mariage… – j’en célèbre beaucoup en été – je célébrai un mariage, c’était des jolis mariés ! Vous me direz ils sont tous jolis, ils sont tous sympathiques, mais des fois notre cœur de prêtre a quelques préférences… on se dit : « Ah ceux-là… ceux-là je leur souhaite vraiment une longue et belle vie. Et puis ça se voit qu’ils vont tenir ! Ça se voit qu’ils s’aiment vraiment, ceux-là. »
Ils étaient de ceux-là, un beau couple. Une très belle préparation. Je les vois tout au long de l’année, nous nous donnons rendez-vous à la cure chez moi, ou bien chez eux.
Ils demandent une MESSE de mariage – par les temps qui courent, c’est pas toujours le cas ! Parfois, on a simplement une liturgie de la parole ! Mais là, non : ils veulent en plus célébrer l’Eucharistie.
Ils me préparent une belle liturgie, les grandes orgues sont là, l’Ave Maria de Schubert… dans une église néogothique pleine à craquer. Il y a, dans l’assemblée, des chapeaux sur ces dames, des costumes magnifiques sur ces messieurs…. Le mariage de rêve !
Et je commence : « Le Seigneur, soit avec vous ! » …et sur les 150 personnes qui sont là : RIEN ! Si, deux personnes qui répondent… les mariés ! Deux personnes qui disent : « Et avec votre esprit ! »
Tous les autres ne touchent pas le puck, comme on dit. C’est la première fois qu’ils se retrouvent dans une messe pour la plupart d’entre eux. C’est peut-être même la première fois qu’ils rentrent dans une église, pour certaines et certains.
Il faut vous dire que ces deux mariés sont venus à la foi très tardivement. Lui a été baptisé-confirmé à l’âge adulte quelques années auparavant, et elle a été baptisée jadis dans son pays, oui, mais parce qu’il fallait le faire. Elle n’a confirmé son baptême que quelques mois avant son mariage. Parce que ces deux-là ont eu le cœur brûlé par Jésus tout à coup, alors que ça ne leur avait pas été transmis par leurs familles.
Et donc forcément, je me retrouve avec deux mariés qui brûlent non seulement de leur amour mais du feu de Jésus… et avec deux familles où il n’y a même pas une étincelle. Ça ne brûle pas du tout !
Pour certains confrères, c’est le calvaire, ce genre de mariage ! Un confrère me disait encore : « Oh, moi, quand je commence et puis que je dis « le Seigneur soit avec vous » et que personne ne répond, j’abrège tout ce que je peux abréger ensuite ! »
Moi pas, c’est l’inverse. Moi je me dis : « Quelle chance ! Ah là, ça va être intéressant ! »
C’est pas pour ça qu’il faut le faire tout à l’heure !
Mais je me dis : « Là, ça va être intéressant. Parce que là, j’ai devant moi non pas des habitués, mais des personnes qui ne connaissent pas l’Église, ou très peu, ou peut-être qui en ont été dégoûtés… Qui sont là parce que, quand même, c’est le mariage des petits, alors il faut être là !
Et ces personnes, j’ai l’occasion de leur donner un visage d’Eglise souriant, joyeux, différent, certainement, de ce qu’elles ont imaginé. Quelle chance !
Je ne vous dis pas que c’est facile ! On rame un peu, de temps en temps, dans une célébration comme ça. Mais c’est très intéressant !
Et c’est là que la parole de Jésus prend tout son sens : « Je suis venu apporter un feu sur la terre. » …Le feu de la division dans les familles. Parce que ce ne sera pas simple de dire que vous me suivez. Ce ne sera pas compris de tout le monde !
Et il y avait là des personnes qui ne comprenaient absolument pas ce qu’étaient en train de faire ces deux jeunes… et qui, pourtant, se sont émerveillés de leur démarche.
C’était tellement beau, au moment de la consécration du pain et du vin, de les voir à genoux tous les deux alors que tous les autres étaient debout… Mais tous les autres les admiraient, se disaient : « Ils nous apprennent quelque chose, ces deux jeunes. »
C’est ça, je crois, qu’essaie de nous dire Jésus : « A la fois, ce ne sera pas facile de me suivre. À la fois, ça apportera la division dans certaines familles – bien sûr, on le sait bien. Et à la fois, c’est un feu que je suis venu apporter sur cette terre. »
Et ce feu, je peux vous dire que ce jour-là, il brûlait dans le cœur de ces deux jeunes mariés.
Et ensuite, à l’apéro, ce feu s’est propagé : il brûlait dans le feu d’autres personnes. Ce feu, ce feu-là, il se transmet, il se propage et il n’y a pas besoin de Canadair pour l’éteindre. Pas besoin d’appeler les pompiers, surtout pas !
Il faut même au contraire l’allumer de toute urgence, prévoir plusieurs mèches, plusieurs foyers !
Je nous souhaite, Chers Amis, d’être de ces foyers qui allument ce feu autour de nous.
Je nous souhaite d’être des pyromanes de Jésus, d’allumer dans les cœurs des personnes qui nous rencontreront aujourd’hui le feu de son amour.
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Carmel de Bayonne, dimanche 17 août 2025, 8.30
REGIS
Oui , allumer un feu, mais comment ? L’Eglise aujourd’hui a du mal à se faire comprendre des personnes soumises à des pressions idéologiques constantes en faveur de la déconstruction de nos cadres culturels et sociaux historiquement chrétiens. Je pense qu’il ne s’agit pas de bénir les couples gays ou de militer pour la GPA, c’est à dire répondre aux aspirations du plus grand nombre, cela ne remplira pas les églises. Mais il y a une piste que vous évoquez dans le témoignage de votre EMI, quand vous déplorez le rationalisme desséchant de beaucoup de clercs. Les jeunes se passionnent pour Harry Potter, mais il n’arrive pas à la cheville des évangiles pour ce qui est des prodiges « magiques ». Et ces prodiges continuent encore aujourd’hui. Si seulement les catéchistes les mettaient au coeur de leur prédication ! Et s’ils proclamaient haut et fort que Dieu exauce « magiquement » certaines de nos demandes, même si ce n’est pas toutes, et qu’il accorde par contre toujours une aide spirituelle quand elle est demandée pour notre propre progression ! En tout cas merci pour votre sermon et votre témoignage. Que Dieu vous bénisse .
Vincent Lafargue
Merci à Vous Régis, pour cette réflexion !
Vincent