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Homélie pour le 15e dimanche TO, année C
Deutéronome 30, 10-14 / Psaume 18(19) / Colossiens 1, 15-20 / Luc 10, 25-37
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Je ne sais pas si vous avez déjà eu la chance jadis, quand vous étiez à l’école, de récolter un « 6+ » ?
Je précise, pour les personnes parmi nous qui n’ont pas fait leur scolarité en Suisse : en Suisse, la note maximale est 6. On peut avoir un 5,75 c’est presque 6. Mais il n’y a rien au-dessus de 6, on ne peut pas avoir 6,25 ce n’est pas possible.
Cependant, y a des profs aujourd’hui encore qui décernent un 6+ lorsque le travail est plus que parfait. C’est un 6 avec un bonus sur le prochain travail, tout simplement.
Pour ça, il faut non seulement avoir répondu parfaitement aux questions qui étaient posées, mais être même allé plus loin, avoir donné des compléments qui n’étaient pas indispensables, qui n’étaient pas demandés, mais qui embellissent le résultat.
Pourquoi est-ce que je vous parle de cela ? Parce que, dans l’Évangile que nous venons de réentendre, Jésus décerne un 6+.
Souvenez-vous : la question qu’il pose au docteur de la loi, c’est « qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? » Alors évidemment, il n’attend pas que le docteur cite les 613 commandements de l’époque. Mais le plus important, le commandement le plus important qu’on trouve au livre du Deutéronome, d’ailleurs, quelques versets avant notre première lecture, et qui est rappelé subtilement dans ce que nous avons entendu en première lecture, « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et ton prochain comme toi-même. »
Que fait le docteur de la loi ? En bon élève, il va citer scrupuleusement le commandement le plus important. Mais… il y a ajouté quelque chose.
Alors là, je vois à vos yeux que vous êtes en train d’essayer de vous souvenir…
Le docteur de la loi dit, et vous venez de l’entendre : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, DE TOUTE TON INTELLIGENCE, et ton prochain comme toi-même. »
Pourquoi rajoute-t-il cela ? Ce faisant, il va plus loin que la loi. Et pourtant, il répond très précisément à la question BONUS qu’avait posé Jésus !
Parce que Jésus lui a posé deux questions, si vous vous souvenez bien : « Qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? », première question, mais surtout « Et comment lis-tu ? », deuxième question.
En répondant « de toute ton intelligence », il répond à la question BONUS de Jésus, « comment lis-tu la loi ? »
Nous le savons bien, Chers Amis, il est bon, il est nécessaire même, de connaître ce qui est écrit dans la loi. Nul n’est censé ignorer la loi, nous le savons bien.
Mais il est encore plus important de savoir comment l’interpréter, cette loi.
Vous êtes à un feu de la circulation. Le feu passe au vert. Vous avez le droit, d’après la loi, de démarrer et de traverser le carrefour. C’est votre droit. Mais si au même moment, un enfant court sur le carrefour après son ballon et traverse devant vous, j’espère bien que vous allez planter les freins et vous arrêter !
Pourtant, le feu est vert. Vous avez le droit de passer et même, vous avez la priorité sur cet enfant ! La loi vous donne doublement raison. Mais vous allez évidemment vous arrêter.
Toute loi est à appliquer avec force, avec zèle, avec connaissance évidemment, mais évidemment aussi avec intelligence.
Le docteur de la loi va en montrer, de l’intelligence ensuite, lorsque Jésus lui explique l’histoire du bon Samaritain que nous venons de réentendre, ce bon Samaritain que laissent tomber deux prêtres. Oui, parce qu’on vous dit que le premier qui passe est un prêtre et le deuxième un Lévite, Or les Lévites sont des prêtres.
Les deux prêtres qui passent le laissent tomber. Et le Samaritain – qui n’est pas du tout un secouriste, hein ! Aujourd’hui, c’est passé dans le langage, mais c’est simplement un homme venu de Samarie à l’époque, un Samaritain. Donc un étranger, donc quelqu’un qui n’est pas aimé par les autres. Et c’est lui qui va se montrer le plus charitable.
Le docteur de la loi a bien compris que c’était lui qui avait eu pitié. Il le dit à Jésus et Jésus lui décerne un 6+ : « Va et désormais fait de même. »
Ce même Jésus qui est, nous disait la deuxième lecture, la tête de l’Église. Ne passons pas sur cette expression comme cela : il est la « tête de l’Église », c’est-à-dire la partie qui réfléchit.
Alors ça ne veut pas dire que nous devons être dénués d’intelligence ! C’est pas parce que le Christ est la tête que nous, nous devons raisonner comme des pieds, évidemment ! On a droit aussi d’être intelligent, mais c’est lui la tête.
Et donc en Eglise, quand on se pose une question, comment réagir par rapport à telle ou telle situation, comment juger, il faut toujours se demander : que pense la tête ? Qu’est-ce qu’aurait fait Jésus en pareil cas ? Qu’est-ce qu’il a peut-être dit de faire en pareil cas ?
Et alors là il y a un écueil.
Parce que, comme on aime bien Jésus, et comme on le voit parfois un peu fleur-bleue, on aurait tendance à être tout de suite dans la charité… A dire : « Oh non, non, il ne faut pas le sanctionner. Non, Jésus n’aurait jamais dit ça, Jésus n’aurait jamais fait ça… Jésus demande la miséricorde ! » On entend parfois ça en Eglise…
Alors là, il faut peut-être rappeler que, avec les gens qui faisaient du commerce dans le Temple, Jésus non seulement s’est fâché, mais il a forgé un fouet avec des cordes, et il a chassé les marchands du Temple à coups de fouet.
Mais il n’y a pas que ce moment-là où il a été dur. A chaque fois qu’on s’en prend à des enfants, Jésus est extrêmement dur. Ah, c’est ni plus ni moins la peine de mort qu’il promet à celui qui fait du mal à un enfant. Je vous le rappelle, au passage, les mots sont très clairs : « Mieux vaudrait pour cet homme qu’on lui attache au cou une pierre et qu’on le jette à la mer. »
Les mots ont un sens… Seulement. Il y a aussi moyen de les interpréter. Qu’est-ce que c’est, la mort ? Il y a plusieurs manières de mourir. On peut mourir à sa profession, à son état de vie. Peut-être que cet homme, justement, n’a plus le droit de faire ce qu’il faisait avant dans sa vie…
La tête de l’Église, Chers Amis, c’est Jésus. C’est lui qui nous dicte comment penser, comment appliquer la loi avec intelligence.
Pourtant, dans la même Bible, on trouve : « Tu ne tueras point ! » Alors qu’est-ce qu’on fait, Chef ? C’est contradictoire !
Eh bien non, on applique la loi avec intelligence, en regardant ce que ça veut dire, « tuer », sans rien enlever de la loi, mais en se souvenant qu’il y existe aussi tout une série d’exceptions.
Cette loi n’est pas au-dessus de nos forces, disait aussi notre première lecture. Elle est proche de notre cœur. Il suffit de l’appliquer avec le cœur, avec intelligence, en aimant notre prochain comme nous-mêmes.
Alors là aussi, attention à ne pas être fleur-bleue. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je suis assez exigeant avec moi-même. Aimer son prochain, c’est aussi certainement être exigeant avec notre prochain. Je me souviens d’une tablée avec une ado qui demandait à son père : « est-ce que je peux sortir après le repas ce soir avec des copines ? » Son père lui a dit non. Et il a tenu à préciser : « c’est un « non » qui veut dire « Je t’aime », ma Chérie. »
Voilà. Ça, c’est « aime ton prochain comme toi-même », il y a des « non », il y a des sanctions, il y a des punitions qui veulent dire « Je t’aime », y compris en Eglise.
C’est ainsi, je crois, que nous devons essayer, comme le docteur de la loi nous le disait, d’appliquer la loi de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force, mais aussi avec toute notre intelligence.
À nous de jouer alors dans nos vies. Et qui sait, peut-être qu’en arrivant là-haut, Jésus vous décernera à vous aussi un 6+. Allez savoir…
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Bex, samedi 12 juillet 2025, 18.00
Aigle, dimanche 13 juillet 2025, 10.00
Les Plans sur Bex, dimanche 13 juillet 2025, 10.45 (version enregistrée)
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