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Homélie pour le 31e dimanche TO, année B
Deutéronome 6,2-6 / Psaume 118 / Hébreux 7,23-28 / Marc 12,28b-34
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
Savez-vous combien y avait-il de commandement au temps de Jésus ? J’entends « 10 », bien sûr, parce que nous, on a retenu les dix commandements, c’est déjà pas mal… mais en réalité, il y en avait 613.
C’est un tout petit peu plus, hein… 613 ! Et il y en a toujours 613, d’ailleurs, pour nos frères et sœurs de religion juive.
Nous, on a retenu les « 10 ». Enfin, quand je dis « on a retenu »… pour ceux qui font la guerre, on a envie de leur dire : « Tu ne tueras pas », quatre mots, c’est quand même pas compliqué à retenir hein ! Donc… pas sûr qu’on ait déjà même retenu les dix, en ce qui nous concerne. Mais enfin on essaie.
Le scribe qui rencontre Jésus ce jour-là est un spécialiste de la loi. Il connaît la loi par cœur, les 613 commandements. Et il veut piéger Jésus. Il va lui demander quel est le plus important de ces commandements.
Jésus, bien entendu, répond juste.
Il répond par cette phrase : « Ecoute Israël, le Seigneur, notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, de toute ta force. »
Ce faisant, Jésus cite le livre du Deutéronome. Un livre et un verset absolument essentiel que les Juifs aujourd’hui encore redisent par cœur, chaque matin, chaque soir, que les plus pratiquants d’entre eux portent même sur eux dans deux petites boîtes, une sur le front, une sur le bras. Vous avez peut-être déjà vu cela.
En hébreu, c’est tellement plus joli :
Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.
Certaines de nos bibles traduisent par « unique », c’est d’ailleurs ce que vous avez entendu, et d’autres traduisent par « le Seigneur est UN ».
Ça revient exactement au même parce que le mot hébreu peut être traduit par « unique » ou par « un ».
Ça rejoint notre deuxième lecture, la lettre aux Hébreux qui nous expliquait qu’avant il y avait une multitude de grands prêtres, mais qu’aujourd’hui il y en a plus qu’un, le Christ, le seul Grand Prêtre.
Et ce verset du Deutéronome rejoint notre foi chrétienne : pour nous, le Seigneur notre Dieu est un, Père, Fils, Esprit, un seul Dieu en trois personnes.
Et puis la loi juive, le Deutéronome ajoute : « tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. »
Alors là je dois vous emmener faire un tout petit peu d’hébreu… Pour bien comprendre cette phrase, il faut connaître le sens de trois mots, le cœur, l’âme et la force. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force. » Parce que les mots hébreux n’ont pas tout à fait la même signification en français.
Le « cœur » dans la langue hébraïque, c’est le lieu de l’intelligence, c’est le lieu où on réfléchit. Donc pour nous, ça se situerait plutôt au niveau du cerveau, ici. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur », c’est à dire « de toute ton intelligence ».
« L’âme » pour un hébreu, c’est le souffle de vie, ce qui nous fait respirer, ça se situerait plutôt autour du nez et de la bouche, plutôt par ici pour nous.
Enfin, la « force », pour un esprit hébraïque, c’est tout ce que nous, nous avons dans le cœur, c’est à dire le courage par exemple.
[montrant tête-bouche-cœur] : Ici, ici, ici, ça vous rappelle rien ? Bah oui, c’est les trois croix que nous nous faisons au moment de l’Evangile ! On se fait une croix sur le cerveau pour bien comprendre la parole de Dieu, une sur les lèvres pour pouvoir la redire autour de nous et une sur le cœur pour conserver cette parole à tout jamais.Et ces trois croix viennent de ce verset sacré pour les Juifs.
Le problème, c’est que quand Jésus cite ce verset, il rajoute quelque chose. Ça ne vous a peut-être pas frappé… mais il y avait quatre mots dans la citation de Jésus.
Quand le scribe lui demande quel est le verset le plus important, le commandement le plus important, Jésus dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, DE TOUT TON ESPRIT et de toute ta force. » Ah-ah !
C’est toujours intéressant quand Jésus cite l’Ancien Testament, la loi, mais qu’il la modifie légèrement, plus exactement qu’il ajoute quelque chose.
Pourquoi fait-il cela ? Il sait qu’il est venu nous donner l’Esprit et que nous avons cela en plus, désormais en nous, pour comprendre sa parole, pour l’intégrer, pour en vivre, pour nous aider dans nos vies. Et c’est aussi grâce à cet Esprit Saint que nous pouvons aimer désormais notre Dieu pleinement.
D’où notre devoir de prendre cet Esprit que nous avons reçu au baptême, au sérieux. Il habite en nous.
C’est une manière pour Jésus de dire aux Scribes : « Tu connais la loi par cœur ? Bah c’est bien, bravo ! Mais ça suffit pas ! Connaître la loi, c’est une chose, mais l’appliquer avec esprit, c’en est une autre ! Si tu appliques la loi au pied de la lettre, tu risques d’enfermer ton prochain ! »
Et on en connaît des gens, aujourd’hui encore, qui appliquent la loi au pied de la lettre. Ce sont des gens, si un feu est rouge pendant deux heures, ils vont rester plantés devant parce que c’est rouge. C’est absurde, hein ?
Il ne faut JAMAIS appliquer la règle SEULEMENT au pied de la lettre, il faut lui donner le souffle du sens de l’esprit, savoir pourquoi on l’applique et l’appliquer avec cœur, avec esprit.
C’est ce qu’essaie de dire Jésus au scribe.
Et puis Jésus rajoute autre chose. Vous l’avez entendu, un autre commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Un commandement qu’il tire aussi de l’Ancien Testament. C’est au livre du Lévitique.
Aimer son prochain, on voit assez ce que ça veut dire, avec le nombre de bulletins de versement que l’on reçoit pour telle ou telle œuvre d’entraide, on voit bien ce que signifie d’aider notre prochain.
Mais l’important, c’est la deuxième partie de la phrase : « Tu aimeras ton prochain COMME TOI-MÊME. »
Ça veut dire : prends soin aussi de toi, fais attention à ton attitude, à tes pensées, à ton apparence. Aime le calme, le silence, les belles choses, les bons sentiments. Parce qu’alors c’est comme cela que tu vas traiter ton prochain.
Au contraire, si tu te dénigres toi-même, si tu passes tes journées à te dire : « Ah mais quel imbécile je fais ! », si tu es impitoyable avec toi même… eh bien, c’est aussi comme cela que tu risques de traiter ton prochain.
Vous avez remarqué combien les gens stricts, les gens impitoyables avec eux-mêmes sont également super exigeants avec les autres ?
« Aime ton prochain comme toi-même. »
On devrait y penser plus souvent.
Il ne s’agit pas de se poser devant la glace et de dire : « je suis le meilleur » ou « je suis la plus belle ». Même si c’est vrai, Mesdames !
Mais c’est pas ça, s’aimer soi-même, au sens où Jésus le dit. C’est avoir de l’indulgence envers soi-même, être bienveillant envers soi-même, être tolérant envers soi-même. Alors nous ferons de même pour les autres.
Voilà, Chers Amis, pour vous résumer tout cela – et parce que je vous connais, dès votre sortie sur le parvis, vous vous direz : « Alors attends… le cœur déjà, c’était ici, là, là, je sais plus… » on est tous pareils – je vais vous faire distribuer une petite feuille où tout est redit avec quelques petits dessins, parce que des fois ça va mieux avec des dessins. Et grâce à cette feuille, vous allez pouvoir vous souvenir de tout cela.
Et même pourquoi pas, répéter la phrase la plus essentielle pour nos grands frères, nos grandes sœurs dans la Foi, nos frères et sœurs de religion juive.
Ecoute Israël… on peut l’essayer ensemble en hébreu, vous verrez, c’est tout simple :
- Shma Yisraël !
Essayez…
- Shma Yisraël…
- Le Seigneur notre Dieu c’est : adonaï élohéinou
- Adonaï élohéïnou
- Le Seigneur est un c’est : adonaï echad.
- Adonaï echad.
Eh bien, vous voyez ! Vous parlez hébreu, Chers Amis ! C’est magnifique, la langue de nos ancêtres dans la foi.
Par les temps qui courent, il est important de se rappeler que Jésus était juif, que donc nous avons à avoir un immense respect pour cette religion. Et pourquoi pas, si le cœur vous en dit, d’en apprendre quelques mots…
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Aigle, dimanche 3 novembre 2024, 10.00
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