Julia et Maximilien – Homélie de Mariage

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1Corinthiens 12,31-13,8a  /  Psaume 144 / Matthieu 7, 21.24-27

Chère Julia, Cher Maximilien,

J’ai été un peu surpris, j’avoue, en découvrant la première lecture que vous avez choisie.

Parce qu’au-delà de votre amour, qui vous est évidemment un point commun et le plus grand de tous les points communs, nous savons tous ici que vous avez un autre point commun : c’est votre métier.

Et choisir un texte où l’on dit : « J’aurais beau me faire brûler vif… » alors qu’on est pompier ! J’avoue, ça m’a surpris.

Il est magnifique ce texte. C’est probablement l’une des plus belles pages de toutes nos Bibles : « J’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. »

Au-delà de la boutade, c’est un thème que nous avons abordé tous les trois en préparant ce mariage. Parce que ce que dit Paul dans ce texte, ailleurs que dans cette phrase, c’est qu’il nous faut être prêt à donner notre vie pour l’autre.

Et si l’autre est en intervention avec moi, suis-je prêt à donner ma vie ? C’est une vraie question…

Être prêt à donner sa vie pour l’autre, c’est certainement la base et en même temps le sommet de tout amour. Cela fait partie des dons les plus grands dont nous parle Paul dans cette première lecture. Mais il nous indique, disait-il au début du texte, « non seulement les dons les plus grands, mais le chemin par excellence. »

Rechercher l’excellence.

Et ça, ça s’appelle l’idéal. Personne ne peut, au jour de son mariage, signer un chèque en blanc, persuadé que tout ira bien. D’ailleurs, les mariés, parmi vous, vous diraient que c’est un gros mensonge : tout n’ira pas toujours bien, c’est une évidence.

Viser l’idéal, c’est autre chose. L’idéal chevaleresque – que suggère cette très belle église qui nous ramène au temps des chevaliers – l’idéal chevaleresque, c’est viser le plus haut possible…

Viser la Lune, comme dit le sage, pour être certain au moins de retomber dans les étoiles.

Viser le plus haut possible, c’est viser l’amour total, l’amour sacré, l’amour que l’on vient présenter à Dieu et dont on demande à Dieu la bénédiction que je vous donnerai tout à l’heure.

Ce sceau qui est posé sur votre amour comme un cachet de cire… C’est votre amour qui fait fondre la cire et qui lui donne cette forme ronde que l’on retrouve comme par hasard dans les alliances, mais c’est Lui ensuite qui vient y apposer son cachet et qui scelle pour l’éternité cette fleur d’amour qui pourrait être une fleur de Lys, cette fleur d’amour qui indique ce qui brûle entre vous.

Ce n’est donc pas rien de venir proposer à Dieu de bénir notre amour. Ce n’est pas rien parce que ça engage, vous le savez bien, toute la vie.

Et ça nous demande ensuite alors d’essayer de répondre au chemin de vie que propose Paul.

Et quel chemin ! « L’amour prend patience… » Bon, jusque-là, ça va… « L’amour rend service », c’est une évidence, entre vous. « L’amour ne jalouse pas… », plus difficile déjà. « L’amour ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil… » Bien sûr, vous êtes là devant nous, les plus beaux aujourd’hui. Mais ce n’est pas pour dire aux gens qui sont ici : « Regardez, nous sommes les meilleurs, nous sommes les plus beaux, notre amour est le plus fantastique… », pas du tout ! « L’amour ne se gonfle pas d’orgueil, il ne fait rien d’inconvenant », disait Paul, « il ne cherche pas son intérêt, il ne s’emporte pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de ce qui est injuste… »

Puis Paul nous indique comment trouver sa joie sur ce chemin : « L’amour trouve sa joie dans ce qui est vrai. » Votre amour est vrai au plein sens du terme. Il est vrai, sincère, « il supporte tout », disait encore Paul, « il fait confiance en tout, il espère tout et il endure tout. »

Et là j’ai mieux compris pourquoi vous aviez choisi ce texte.

Parce que c’est exactement la description d’un pompier qui supporte tout, qui fait confiance en tout, qui espère tout et qui endure tout.

Oui, ça, ce sont des éléments que vous connaissez parfaitement bien : lorsque vous allez au feu, on espère bien que le matériel fonctionne, on endure tout, quoi qu’il en coûte, on supportera tout et on fait confiance. On fait confiance aussi aux collègues qui sont là.

Vous nous avez fait entendre deux autres textes. Le psaume qui nous rappelait que le Seigneur, sous le regard duquel vous placez votre amour, est d’abord tendresse et pitié, lent à la colère, plein d’amour.

C’est un texte de l’Ancien Testament et on entend parfois dire : « Ouh là-là ! Le Dieu de l’Ancien Testament, ce Dieu juge épouvantable, colérique… Non, non, moi, ça ne m’intéresse pas ! » L’Ancien Testament nous dit que le Seigneur est tendresse, pitié, lent à la colère et plein d’amour… Ah évidemment, faut lire le bouquin ! Mais ça vaut la peine, croyez-moi !

Le Seigneur est à votre image, en somme. Ou plutôt, vous êtes à son image, pleins de tendresse, lents à la colère… si, si ! Et remplis d’amour.

Surtout, vous nous avez fait écouter cette page d’Évangile dans laquelle on compare votre amour à une maison, une maison construite sur le roc ou une maison construite sur le sable.

Je suis bien persuadé que vous avez choisi de construire votre maison sur le roc, non seulement l’endroit où vous habitez à Puplinge, ça c’est pas la question, mais la maison de votre amour.

Cette maison est construite sur le roc de vos valeurs respectives. Elles sont belles ces valeurs.

Cette maison est construite sur le roc de votre vie à tous les deux, sur les fruits que vous porterez.

Cette maison est construite sur le roc de vos familles, de vos amis qui sont là et qui sont solides eux aussi.

Cette maison, enfin, est construite sur le roc de Dieu, le plus solide qui soit.

C’est dire que vous êtes bien partis.

La pluie peut tomber, les torrents peuvent dévaler, les vents peuvent souffler, s’abattre sur votre maison – et je vous assure que ça n’arrive pas qu’aux autres – mais votre maison risque bien de tenir si elle est fondée sur le roc.

C’est aussi pour cela que vous venez fonder cette maison ici, devant Dieu.

On s’étonne à la fin de ce texte de ce que vient de dire Jésus. « Les foules restent frappées, dit-on, par cet enseignement, parce qu’il enseigne en homme qui a autorité. »

C’est un mot qui n’a pas toujours bonne presse aujourd’hui, autorité. Et pourtant, c’est un mot qui fait grandir. C’est avec autorité que l’on devient adulte. C’est avec autorité aussi que l’on décide de prendre un chemin, plutôt que de se demander pendant 10 ans lequel il faut choisir. C’est avec autorité que l’on va au feu. Vous le savez très bien.

Je vous souhaite alors d’aller au feu de votre amour, d’en ressortir plus brûlants encore, brûlés l’un de l’autre, brûlés au feu de l’amour qui vous enflamme.

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Choulex, samedi 4 octobre 2025, 14.30

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