Jésus pyromane
Luc 12,49-53
En cet été caniculaire qui voit de nombreux et dramatiques incendies de forêts se déclarer – hélas rarement tout seuls – les Chrétiens vont sursauter péniblement en écoutant l’évangile de ce dimanche. Jésus y déclare, en effet, qu’il est venu apporter un feu sur la terre (Lc 12,49). Et il insiste : « Et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! ».
Diantre, Jésus serait-il devenu pyromane ?
Une fois écoulées les quelques secondes qui permettent normalement de se détacher de la lettre pour parvenir à l’esprit, la plupart des prédicateurs nous parlent d’un grand feu d’amour. Et, effectivement, ce feu-là mériterait d’être allumé en de nombreux endroits. Impunément, qui plus est.
Mais Jésus parle-t-il vraiment d’un grand feu d’amour, dans ce passage ? Oui et non. En tout cas pas d’emblée au sens où nous entendons habituellement l’expression « feu d’amour ». Car il continue son explication en disant qu’il n’est « pas venu apporter la paix, mais bien plutôt la division. » (Lc 12,51)
Jésus serait-il porteur de division ?
La réponse, gênante je vous l’accorde, est oui.
Diantre, Jésus serait-il porteur de division ? La réponse, gênante je vous l’accorde, est oui. Et c’est lui-même qui l’affirme.
Il n’est évidemment pas « Le Diviseur », en grec « diabolos » qui a donné « diable ». Mais suivre Jésus ne nous promet pas un long fleuve tranquille. Annoncer son Evangile va diviser autour de nous, à commencer par nos propres familles. Jésus l’affirme dans ce même texte : « Ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » (Lc 12,53) Et force est de constater que cela s’avère, aujourd’hui encore. La foi avouée, prêchée, est un élément clivant au point que c’est un sujet tabou dans bien des réunions de famille.
Mais ce feu, ce brasier qui s’enflamme lorsqu’on parle de cet homme qui n’a jamais parlé comme qui que ce soit d’autre, c’est aussi le prix à payer pour le suivre, pour répandre son message. Voulez-vous une existence sans histoires ? Ne suivez surtout pas le Christ ! Voulez-vous une vie passionnante qui se poursuive en vie éternelle ? Alors suivez-le, mais ne soyez pas surpris des divisions que vous allez forcément provoquer autour de vous.
J’ai choisi, pour ma part, de brûler de son amour et de ses paroles. De lui donner ma vie. Mon bouillant caractère, particulièrement lorsque je défends le message de mon Seigneur, ne m’apporte pas que des amis. Mais je me console en me rappelant que l’Apocalypse indique que le Christ vomira les tièdes (Ap 3,16). Alors brûlons ! De son Amour, de la force de son message, de sa vie donnée, de ses actes exceptionnels. Brûlons pour être ses disciples et mettons le feu au monde… tout en protégeant nos forêts, bien entendu !
Vincent Lafargue
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