ETRE dans la joie

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Chers Amis,

Je vous le disais, en commençant cette Eucharistie, c’est le dimanche de la joie. Son vrai nom, son petit nom, en latin, c’est le dimanche « Gaudete », ça veut dire « réjouissez-vous ! » dans le patois du Vatican, le latin.

« Réjouissez-vous ! », c’est le « Dimanche ‘réjouissez-vous’ », c’est son nom. Et c’est pour cela que les prêtres sont en rose. En réalité ce n’est pas tout à fait du rose en soi, c’est bien le violet de l’Avent dans lequel on a mis par avance un peu du blanc de Noël.

Du coup, je suis d’accord, ça fait du rose. Mais en réalité c’est du violet avec un peu de blanc, c’est ça l’idée.

Et les textes de ce soir sont particulièrement représentatifs de la joie. Vous avez entendu ce mot quasiment dix fois entre la première lecture, le psaume, la deuxième et l’Evangile. C’est un mot qui revenait comme un refrain. En premier chez le prophète Sophonie notre première lecture, qui disait : « Pousse des cris de joie ! Eclate en ovations ! Réjouis-toi ! De tout ton cœur bondis de joie ! » C’est assez clair !

Le prophète Isaïe, lui, dans le cantique ajoutait : « Jouez pour le Seigneur ! Jubilez ! Criez de joie ! ». On ne peut pas être plus clair !

Mais Paul enfonçait encore le clou, si j’ose dire, dans la deuxième lecture en disant : « Soyez toujours dans la joie ; je vous le redis : soyez dans la joie ! »

Alors moi, quand j’entends « soyez dans la joie », j’ai toujours un petit sourire au coin des lèvres… parce que j’ai l’impression d’une invitation de l’office du tourisme de Porrentruy, au Jura… dans cette belle région qu’est l’Ajoie, vous savez ? Soyez dans l’Ajoie…

Mais évidemment c’est un peu facile… « Soyez dans la joie », ça s’écrit avec un « J » et non pas avec un « A » comme la belle région des Ajoulots. Le Seigneur nous demande d’être dans la joie, il nous demande de nous réjouir.

Et, à dix jours de Noël, si vous ne trouvez pas de quoi vous réjouir, eh bien il vous suffit de regarder les yeux d’un enfant quand il contemple un sapin avec des petites lumières, des boules, ou bien un catalogue de cadeaux de Noël… vous verrez ses yeux briller et vous serez vous aussi dans la joie…

Ceci dit, pour nous les adultes, ce n’est pas toujours aussi simple. On a tous des problèmes, on a tous des difficultés, des soucis de santé, des factures qui ont augmenté, des conflits parfois, des deuils aussi. Ce n’est pas facile d’être, comme ça, sur commande, dans la joie ! C’est facile à dire…

Mais je ne crois pas que ce soit ce que Dieu nous demande… Dieu ne nous demande pas d’être fleur-bleue, d’afficher un sourire de trois mètres de long alors que tout ne va pas toujours bien, non.

Etre joyeux, chrétiennement parlant, être joyeux « dans le Seigneur » disait Paul, c’est autre chose. Ce n’est pas d’abord une question d’attitude extérieure, c’est d’abord une question d’être intérieur. Autrement dit, ce n’est pas d’abord quelque chose à FAIRE – comme tout le monde demandait à Jean-le-Baptiste dans l’Evangile : « que devons-nous faire ? » – c’est d’abord une question d’ETRE.

Et je crois que c’est le défi que nous lance l’Avent, chaque année. Non pas « qu’allez-vous FAIRE pour préparer Noël, pour préparer la venue du Seigneur », mais bien plutôt « qui allez-vous ETRE pour préparer la venue du Seigneur ? », « qui allez-vous ETRE cette année ? ».

Parce que pour ce qui est du « faire », depuis quelques jours on connaît !

Au temps de l’Avent, on peut faire de magnifiques sapins de Noël, on peut faire de magnifiques crèches – et celle-ci est magnifique ! On peut faire de magnifiques décorations, on peut faire de petites bougies, des lumières partout, on peut faire des cadeaux à tout le monde, on peut faire des repas de famille ou d’entreprise, on peut faire des célébrations festives, on peut faire des illuminations de l’Avent dans nos rues, on peut faire des marchés de Noël… on peut bien faire beaucoup de choses à cette période de l’année, on peut même les faire faire par d’autres, si nécessaire…

C’est ce que dit le proverbe non ?  « Ne jamais remettre à demain… ce que l’on peut faire faire à un autre le jour-même ! », non ? Non, c’est pas ça du tout !

Mais toute notre société fonctionne sur le faire. Et si l’on oublie d’être, alors ce que l’on fait est accompli souvent en pure perte.

Nous, Chrétiens, nous avons – il me semble – le devoir d’ajouter un petit supplément d’être au faire de notre monde.

Être Chrétienne, être Chrétien, ce n’est pas « faire le Chrétien ou la Chrétienne », c’est ETRE. Nous ne sommes pas en train de jouer un rôle quand nous venons ici à la messe. Nous sommes dans notre être chrétien le plus profond.

Et de ce point de vue-là, l’ordre des lectures de ce soir est très important. Vous avez peut-être remarqué qu’on vous parlait d’abord d’ÊTRE dans la joie avant de parler dans le dernier texte, l’Evangile, de ce que nous devons FAIRE.

Tout est là, à mon avis. Il s’agit d’être avant de faire.

Parce que vous pouvez faire exactement la même chose, le même geste, soit avec le cœur en joie soit avec le cœur en peine. Eh bien ce geste qui sera pourtant le même sera totalement différent si vous l’accomplissez avec joie ou en maugréant.

On le voit très souvent, dans nos vies. Si vous partagez un verre avec quelqu’un mais que vous avez le cœur hypocrite en disant : « Ouais, bon, c’est l’apéro de Noël de la boîte mais… si je n’étais pas obligé de trinquer avec lui ou avec elle, ce serait quand même pas mal… »

Eh bien ça ne fonctionne pas… la joie ne se transmet pas, dans ce cas-là.

On peut arriver à un repas de Noël avec le cœur en guerre ! Je connais des familles où ça se passe.

Se dire : « Mon Dieu je vais encore croiser celui-là, ou celle-là… Est-ce que je vais être assis à côté de cette cousine qui me barbe chaque année ? » – ou ce cousin, genrez cela comme vous voudrez !

Dans ce cas-là, la fête n’est pas là, s’il fait nuit dans notre cœur, si l’on n’a pas d’abord essayé d’ETRE dans la joie.

C’est pour cela qu’il y a un temps de préparation à Noël, parce que ça ne vient pas sur commande ! Il faut se préparer à être dans la joie.

On peut vouloir faire le bien tout en accomplissant le mal dans notre cœur, ça ne fonctionne pas. Partagez, oui, comme le disait l’Evangile. Faites la paix, oui. Mais soyez JOYEUX de ce que vous allez partager, soyez joyeux de la paix que vous apporterez.

Alors ce sont de belles paroles, c’est vrai, mais vous vous dites peut-être, en écoutant Jean-Baptiste vous demander de partager, que vu votre porte-monnaie cet hiver, ou l’augmentation des primes d’assurance maladie, vous n’avez plus grand-chose à partager.

Alors au moins, Chers Amis,… partageons un sourire. C’est gratuit et c’est magique : parce que quand on partage notre sourire, d’abord on ne le perd pas soi-même, mais en plus il se multiplie, on le fait naître sur les lèvres de la personne à qui on le partage ! C’est magnifique, non ?

Partager notre sourire, ça multiplie la joie. Et ça ne coûte rien. Alors profitons de le faire en ce temps de l’Avent et tout particulièrement en ce week-end de la joie.

Ayons cela à partager, soyons dans la joie et ensuite nous pourrons faire tout ce que nous avons décidé d’accomplir pour préparer Noël…

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Montreux, samedi 14 décembre 2024, 18.00 (version enregistrée)

Clarens, dimanche 15 décembre 2024, 9.30

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