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Homélie pour la solennité de la PENTECÔTE – A
Actes 2,1-11 / Psaume 103 / 1Corinthiens 12, 3b-7.12-13 / Jean 20,19-23
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
On pourrait commencer la fête de l’Esprit par… un trait d’Esprit, qu’en dites-vous ?
Ainsi, connaissez-vous la différence entre un prédicateur et un trolleybus ? …ces autobus qu’une perche électrique relie à un fil, donc… Vous connaissez la différence ?
Eh bien le trolleybus, quand il perd le fil, il s’arrête, lui.…C’est pas toujours le cas des prédicateurs !
Mais la fête de l’Esprit est peut-être justement l’occasion de nous rappeler que, dans notre foi catholique, la prédication – ce que je suis en train de faire – ce n’est pas un simple commentaire fait par quelqu’un qui connaît un petit peu la Bible.
Si savant ou si pauvre soit-il, d’ailleurs. N’importe quel théologien – ou théologienne – pourrait faire un commentaire de l’Evangile. Ce n’est pas ça, la prédication, ce n’est pas seulement cela.
L’homélie, la prédication, ce n’est pas non plus un gentil commentaire de l’Evangile du jour, pas seulement en tout cas. C’est d’abord une prise de parole qui essaie de traverser TOUTES LES LECTURES que nous avons entendues… pas seulement l’Evangile mais aussi la première, le psaume, et la deuxième… on essaie de coudre, comme ça, une broderie à travers ces textes. Et il faut reconnaître que cette broderie est plus ou moins réussie suivant les week-ends !
Notre foi nous dit que ce message, la prédication, est inspiré. Il passe par la bouche d’un ministre ordonné, le diacre, ou le prêtre, ou l’évêque. Notre Foi, du moins, nous dit que ce message est inspiré.
Plus exactement, c’est déjà lors de la préparation de ce message que mes confrères et moi-même sommes censés, comme ministres ordonnés, être inspirés pour écrire ces quelques mots – ah évidemment ça sous-entend qu’il y ait eu préparation ! Si j’étais arrivé devant vous ce soir sans avoir rien préparé, l’Esprit-Saint aurait eu un petit peu plus de peine à passer à travers le tuyau bouché que j’aurais alors été.
Une phase de préparation, c’est évidemment lire les textes en ayant prié, c’est aller regarder ce qu’en ont dit celles et ceux qui nous ont précédés dans l’histoire de l’Eglise…
C’est ensuite se demander comment ces textes que nous avons ré-entendus nous rejoignent aujourd’hui – parce que la Bible n’a aucun sens si elle ne nous rejoint pas dans l’aujourd’hui de notre vie – c’est donc se demander comment nous allons relier la communauté qui va écouter – vous ! – comment nous allons la relier à ces textes vieux de plusieurs milliers d’années…
Et puis ensuite c’est lors de la messe, maintenant, lorsque le prédicateur parle, que l’Esprit Saint l’inspire parfois encore un petit peu pour couper une phrase qui était pourtant écrite mais dont on n’a pas forcément besoin ce soir. Ou au contraire pour en rajouter une qui n’était pas écrite mais que l’Esprit nous souffle à ce moment-là.
C’est en cela aussi que l’Esprit-Saint inspire ce moment de la messe.
Mais si vous croyez que le prêtre est le seul à être inspiré au moment de la prédication, vous vous trompez lourdement, Chers Amis !
Dans l’histoire de la Pentecôte que nous avons relue il y a quelques instants, dans le livre des Actes, notre première lecture, je vous signale que l’Esprit-Saint ne vient pas que sur les prêtres ! Il vient sur toutes celles et tous ceux qui sont présents. Pas seulement Pierre, Jacques et Jean. Tous. Sans distinction.
Et lors de la messe, spécialement pendant la liturgie de la Parole, au moment où nous écoutons les textes, puis au moment où nous écoutons la prédication, l’Esprit Saint vient aussi sur Chacune, Chacun de vous. Et pas seulement à la messe de la Pentecôte, à chaque messe ! Sans aucune distinction ni de race, de fonction, il vient sur le président de la paroisse exactement comme sur la lectrice, exactement6 comme sur le plus petit des servants de messe.
L’Esprit qui vient habiter au plus profond de nous. Même s’il y est déjà depuis notre baptême, on le sait bien.
Pourquoi est-ce que cet Esprit vient sur vous, pendant ce moment de la messe qu’est la liturgie de la Parole ? D’abord pour ouvrir les cœurs aux paroles que nous entendons, qui sont parole de Dieu, celles des lectures. Ensuite pour ouvrir aussi notre cœur et notre intelligence à ce que le prêtre essaie de nous transmettre dans sa prédication.
Et là, Chers Amis, ça sous-entend que VOUS soyez dans de bonnes conditions pour recevoir ce que l’Esprit veut vous dire. C’est d’ailleurs pour ça, tout simplement, qu’on s’assied au moment de la prédication ! C’est pas pour piquer un petit roupillon, même si ça peut être pratique ! Mais c’est pour être dans de bonnes conditions d’écoute.
Alors évidemment celui – ou celle – qui, au moment où il s’assied, regarde sa montre… je ne suis pas certain qu’il ou qu’elle soit dans de bonnes conditions pour recevoir ce que l’Esprit-Saint veut lui transmettre.
Evidemment ça peut être un tic. Mon Papa qui était horloger, regarde sa montre vingt fois par heure, c’est devenu un tic chez lui, y compris à la messe, bon… mais ce n’est pas mal intentionné de sa part.
Par contre celui qui dès le début de la prédication se dit : « Bon, alors on va voir combien il fait ce soir… je mets le chrono… » celui-là n’est pas forcément dans de très bonnes dispositions pour recevoir ce que l’Esprit-Saint veut lui dire… Il est d’abord dans des dispositions de contrôle…
De même celui qui, au moment où il s’assied – ou celle qui au moment où elle s’assied – se dit : « Est-ce que j’ai éteint le four à la maison… ? » n’y pensez pas maintenant !
Là encore, le fait d’être concentré sur ce que l’Esprit essaie de nous dire, c’est cela, je crois, être dans de bonnes dispositions pour recevoir l’Esprit. Essayer de ne pas penser à mille autres choses. Ce n’est pas si simple, on est des êtres humains !
Et c’est une question qu’on peut se poser, Chers Amis, et que vous pourrez vous poser toute cette semaine : comment est-ce que je me mets dans de bonnes dispositions pour recevoir l’Esprit de la Pentecôte ?
Parce que l’Esprit que Jésus a soufflé sur les Apôtres, vous l’avez entendu dans l’Evangile, cet Esprit offre quelque chose de redoutable : par cette force – disait l’Evangile – vous pouvez conserver son péché à quelqu’un ou l’en libérer. C’est la même force ! Autant être dans de bonnes dispositions, alors !
Et le psaume nous rappelait l’enjeu de ce souffle venu de Dieu qu’on appelle l’Esprit. Il renouvelle la face de la terre – nous l’avons chanté ensemble – l’Esprit renouvelle la face de la terre, pas seulement le visage de notre communauté, la face de la terre ! Si on veut bien le laisser faire, si on veut bien accueillir ce qu’il a à nous dire à travers les personnes qui nous sont envoyées dans nos vies.
Ceci dit il arrive que l’Esprit décide d’enfoncer la porte de notre cœur, même quand on l’a bien verrouillée. Vous l’avez entendu dans notre première lecture, les Apôtres avaient verrouillé les portes et l’Esprit est quand même venu. Leur cœur était déjà disposé par la prière, exactement comme le vôtre ce soir, parce que nous avons commencé par chanter et prier.
Il s’agit donc vraiment de réfléchir, Chers Amis, je crois, à quelle est ma manière de me disposer à recevoir l’Esprit. Y compris si j’ai verrouillé les portes de mon cœur : il va venir. Comment est-ce que je vais le recevoir ? Est-ce que j’ai fait un petit nettoyage de printemps là-dedans ? Est-ce que j’ai décoré un peu ?
Je vois sur vos visages ce soir que vous êtes plutôt bien disposés… puisqu’aucun de vous ne s’est encore endormi…
Mais rappelons-nous tout cela quand nous écoutons une prédication, quand nous sommes ici, à l’église, pour prier, quand nous ressortirons tout à l’heure et que quelqu’un viendra nous aborder – c’est peut-être l’Esprit qui, à travers cette personne, aura quelque chose à nous dire…
Rappelons-nous cela dans le silence aussi, car l’Esprit aime parler dans le silence… Ne lui faisons pas barrage !
Soyons dans de bonnes dispositions pour écouter et recevoir ce que l’Esprit de Pentecôte veut nous dire.
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Roche, samedi 27 mai 2023, 18.00 (version enregistrée)
Clarens, dimanche 28 mai 2023, 09.30
Landolt
Très beau texte. Ça me rappelle, lorsque j’étais enfant, les visites de l’abbé Zundel chez moi à la maison. Il était ouvert et un grand précurseur pour cette époque de ce qu’est la foi en Dieu comme nous la connaissons maintenant. Ma mère avait un magnifique tableau de l’abbé Tundel, tableau que je n’ai pas pris lors du décès de ma mère, étant à ce moment hors de Suisse pour mon travail. Je ne sais ce qu’il en est advenu. Mais peu importe, il reste grave dans ma mémoire.
Vincent Lafargue
La comparaison me pousse à l’extrême humilité mais m’honore infiniment ! Maurice Zundel est décédé quinze jours avant que je ne voie le jour. tant d’amis, à Genève, l’ont connu et aimé. Je suis très touché à chaque fois que je rencontre quelqu’un qui l’a connu. MERCI à vous !