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Homélie pour le 23e dimanche TO, année C
Sagesse 9, 13-18 / Psaume 89 / Philippiens 9b-10.12-17 / Luc 14, 25-33
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
On pourrait se demander ce qui est passé par la tête des personnes qui ont organisé la bénédiction des cartables ce soir ! Ce soir où nous venons de lire cette phrase de Jésus : « Celui qui ne renonce pas à ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
Alors quoi, il faut renoncer à ces sacs d’école qui vous appartiennent ? Vous sentez bien que ce n’est probablement pas ce qu’a voulu dire Jésus.
Quand quelque chose nous appartient, cela signifie que cette chose est à nous. Vous êtes d’accord ? Les petits comme les grands d’ailleurs… Ça provoque parfois des conflits dans les cours de récréation : « Non, c’est ma gomme, rends la moi ! Elle m’appartient ! » …Chez les adultes, c’est pas pour la gomme. Mais ça provoque des conflits aussi !
Un chanteur que j’aime beaucoup, Jean-Jacques Goldman, a écrit une chanson qui s’appelle « Les choses ». Et dans cette chanson, il dit : « Je prie – du verbe prier – je prie les choses et les choses m’ont pris – du verbe prendre. »… « Je prie les choses et les choses m’ont pris. »
Il faut toujours se poser la question, quand quelque chose nous appartient : « est-ce que ce n’est pas moi qui suis possédé par cet objet que je crois m’appartenir ? »
Et le meilleur moyen de discerner, c’est de savoir si je peux me séparer de cet objet. Si je ne peux pas m’en séparer, c’est peut-être bien l’objet qui me possède et pas l’inverse.
Nous avons tous chez nous, Chers Amis – enfin je ne veux pas présager de vos intérieurs mais pour qu’un grand humoriste français en ait fait un sketch, je crois que c’est très juste – nous avons tous chez nous un panier à côté de la porte d’entrée en général… Et dans ce panier, il y a exactement les mêmes choses chez tout le monde.
- Il y a un stylo qui ne marche plus mais qu’on garde, on ne sait jamais !
- Il y a des piles plates qui ne fonctionnent plus et qu’on attend d’aller recycler. Mais elles sont là, dans le panier.
- Il y a la pièce en trop du meuble Ikea. Vous savez, quand on construit un meuble, il y a toujours une pièce qui reste. On la garde là, dans le panier, on ne sait jamais, peut être qu’un jour on saura où elle va !
- Il y a la clé du cadenas, le cadenas qu’on ne sait plus d’ailleurs retrouver, mais on garde la clé, on ne sait jamais, au cas où on retrouve le cadenas !
- Ou alors c’est l’inverse : il y a le cadenas dont on a perdu la clé, mais on garde le cadenas, on ne sait jamais !
- Il y a, c’est pour vous Mesdames, la pièce d’étoffe qui sert à rapiécer la belle robe dans laquelle vous ne rentrez plus. Mais on garde la pièce quand même, on ne sait jamais !
- Il y a aussi un numéro de téléphone sur un post-it, on ne sait plus du tout à qui appartient ce numéro, mais on garde le post-it, on ne sait jamais !
- Et puis il y a aussi le mode d’emploi d’un appareil qu’on n’a plus, mais on garde le mode d’emploi, on ne sait jamais !
Je suis sûr que dans pas mal de maisons, il y a un panier semblable.
Peut-être que c’est dans une boîte, peut-être que c’est sur une étagère. Peut-être qu’il n’y a pas tous ces objets, mais certains.
Autant de choses qui ne nous appartiennent pas, mais qui nous possèdent. On est incapable de s’en séparer. On garde « au cas où ».
Pourquoi je vous dis tout cela ? Parce que les phrases de Jésus, dans l’Evangile, sont difficiles à comprendre.
La première lecture, le livre de la Sagesse, posait la question : « Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » … On peut les comprendre à travers ce petit panier. Mais pour essayer de les comprendre, il faut essayer de raisonner comme lui, pas comme nous.
Raisonner comme lui, c’est préférer Dieu à n’importe qui. Mais cette parole de Jésus est très dure, je vous la relis : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, à sa mère, à sa femme, à ses enfants, à ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ! » Qu’est-ce que ça veut dire ?
Est ce qu’on doit se séparer tout de suite en sortant de l’Église de notre époux, de notre épouse, de nos enfants… parce que Dieu demande qu’on le préfère ? Vous sentez bien que ça n’a aucun sens. Ce n’est pas ce que veut nous dire Jésus.
Il parle de « préférence ». Préférer Dieu, ça ne veut pas dire abandonner tout le reste, ça veut dire lui donner la première place dans nos familles, dans nos vies et même dans nos cartables, dans nos sacs d’école, dans nos journées de travail. Lui donner la préférence. Parce que ce qui est important, c’est d’abord ce qui ne se voit pas.
On va bénir des cartables, des sacs d’école tout à l’heure. Première remarque, on ne bénit jamais les objets ! C’est la personne à qui ces objets appartiennent qui sera bénie. C’est vous, les enfants, que nous bénissons à travers ces sacs, ces cartables qui vous appartiennent.
Mais il y a plus important : aux yeux du Seigneur, votre sac peut être vert, rouge, bleu, jaune, avoir des petites lumières qui clignotent, des bandes fluo… il s’en fiche complètement.
Ce n’est pas ça l’important pour lui.
L’important c’est le vide qu’il y a à l’intérieur. L’important pour le Seigneur, c’est ce qui n’est pas matériel, ce qui ne se voit pas.
Et c’est la même chose pour nous. Regardez-vous ! Vous portez tous des habits très différents ce soir, et ils sont très beaux ! Mais aux yeux du Seigneur, ce n’est pas ça l’important. Ce n’est pas votre corps, ce ne sont pas vos habits, c’est votre âme. L’âme, elle ne se voit pas. C’est ce qu’il y a à l’intérieur de nous.
Eh bien, c’est la même chose pour un sac d’école : ce qui est important, ce n’est pas l’extérieur, c’est l’intérieur. Qu’est-ce que vous allez y mettre ? Qu’est-ce que vous allez emporter avec vous dans votre journée d’école ? Qu’est-ce que vous allez mettre dans ce sac pour pouvoir travailler, pour pouvoir passer une belle journée ? C’est ça qui est important !
C’est la même chose pour beaucoup d’objets dans notre vie. Prenez un verre, un simple verre pour boire de l’eau… s’il n’est pas vide, s’il n’y a pas du vide à l’intérieur, bah vous ne pouvez pas l’utiliser. Et le verre a beau être en cristal d’une superbe couleur, magnifique, il ne sert à rien, s’il n’y a pas le vide qui est à l’intérieur. C’est cela qui le rend utile. C’est grâce à ce vide que vous pouvez boire.
C’est la même chose pour vos sacs d’école, ils ne servent à rien s’il n’y a pas le vide qui est à l’intérieur.
Vous voyez, Chers Amis, ce qu’essaie de nous apprendre Jésus, c’est à nous détacher de ce qui est matériel, l’objet, ce qui se voit, pour nous attacher à ce qui ne se voit pas, l’intérieur du sac, ce qui va servir à mettre plein de choses, l’intérieur du verre qui permet de boire, l’intérieur de nous, notre âme, notre cœur.
Alors si par hasard, vous avez chez vous un petit panier, avec des choses qui n’ont aucun intérieur… peut-être qu’il est temps de s’attacher à des choses non-matérielles. Parce que ce panier, là aussi, il ne peut exister que par le vide qui est à l’intérieur. C’est peut-être donc le moment d’y faire le vide.
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Villeneuve, samedi 6 septembre 2025, 18.00
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