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Homélie pour le 25e dimanche TO, année C
Amos 8,4-7 / Psaume 112(113) / 1Timothée 2,1-8 / Luc 16, 1-13
> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :
Chers Amis,
J’aimerais commencer par vous raconter la scène d’un vieux film – un film de 1959, vous voyez ce n’est pas d’hier ! – « Le Bossu » avec Bourvil. Cela rappelle peut-être des souvenirs à certaines et certains.
Ça se passe au 17e siècle et Bourvil apparaît, notamment, dans une scène au marché. Il est à l’étal où l’on vend des pichets de vin et il prend un pichet, comme ça. Il le regarde, il respire, puis finalement il le repose et puis il en prend un autre. Et il fait mine de partir… et là, évidemment, le vendeur lui dit : « Attendez ! Vous n’avez pas payé ! » Et Bourvil dit : « Bah non : je n’ai pas payé ce pichet puisque je viens de l’échanger contre l’autre ! » Et le vendeur dit : « Mais l’autre, l’autre vous ne l’aviez pas payé ! » Et Bourvil dit : « Eh bien non, puisque je vous l’ai rendu ! »
Le temps que le vendeur s’aperçoive qu’il était en train de se faire avoir, évidemment l’autre était loin.
Cette petite scène pour nous rappeler qu’il y a des gens malhonnêtes avec l’argent, on le sait bien dans nos vies. Ça arrive. Et c’est bien une histoire d’argent malhonnête dont on parle, dans l’Evangile. Jésus y revient d’ailleurs, dans l’extrait que nous avons entendu, en fustigeant ceux qui sont malhonnêtes avec l’argent.
Et puis dans la première lecture, le livre du prophète Amos, on avait aussi ces personnes qui disent : « Nous allons diminuer les mesures, nous allons augmenter les prix, nous allons fausser les balances. »
Alors vous vous dites peut-être : « Oui mais ça c’est à l’époque de l’Ancien Testament et puis ‘Le Bossu’ c’est à l’époque de Louis XVI, aujourd’hui tout est contrôlé, tout est mesuré… ça ne pourrait pas arriver, n’est-ce pas ?… Pas sûr !
D’autant moins sûr que l’histoire que je vais maintenant vous raconter date d’il y a très peu de temps. Une grande marque de dentifrice – dont je préfère taire le nom par charité – a décidé d’agrandir très légèrement l’orifice de ses tubes, passant de 5 millimètres à 6 millimètres…
C’est rien, un millimètre de plus d’ouverture ! Mais quelle est la conséquence ?
Eh bien, vous et moi nous faisons ce geste plusieurs fois par jour. Nous mettons du dentifrice sur notre brosse à dents… et comme nous le faisons machinalement, nous mettons toujours la même quantité de dentifrice sur notre brosse à dents.
Mais si l’ouverture est plus large, vous en mettez plus, sans le savoir… et donc le tube va se vider plus vite… et donc vous aller en racheter un plus vite. Voilà. C’est assez voyou, comme procédé !
Je pourrais aussi vous parler de cette grande marque d’eau minérale – dont il vaut mieux taire le nom aussi – qui a fait passer subrepticement ses bouteilles de 1,25 à 1,15 litre. C’est rien, un déci en moins. Mais la bouteille est au même prix : donc pour le même prix, vous avez moins !
Encore plus fort, je pourrais vous parler de ce grand chocolatier de notre pays – dont je tairai également le nom – qui a fait passer sa boîte-phare de 20 à 16 chocolats. C’est juste une rangée de 4 en moins.
Mais comme il en a profité pour faire redessiner la boîte, la boîte coûte plus cher, désormais. C’est prodigieux : vous avez moins… pour plus cher !
Et en général, on ne s’en rend pas compte.
Il y a tellement d’autres exemples. Le prophète Amos n’a rien inventé à son époque, et les procédés qu’il dénonçait sont toujours d’actualité. Il y a aujourd’hui encore des gens qui faussent les mesures, qui dérèglent les balances, qui augmentent les prix, des gens qui utilisent l’argent de façon malhonnête.
Alors on peut, bien sûr, dénoncer ces personnes. Mais si je n’ai pas donné le nom de ces entreprises, ce n’est pas pour rien.
C’est parce que, dans la deuxième lecture, Paul, lui, nous invite à une autre démarche. Une démarche qui va bien dans notre week-end de Jeûne Fédéral : il nous invite à prier pour les grands de ce monde.
Alors bien sûr, Paul pense aux dirigeants – et en ce week-end de Jeûne Fédéral, nous avons à prier pour nos dirigeants.
Mais ceux qui dirigent économiquement sont aussi des « grands de ce monde ». Et s’ils sont malhonnêtes pour de petites choses, disait Jésus dans l’Evangile, ils risquent bien d’être malhonnêtes pour de plus grandes. Donc, Paul nous invite à prier pour eux… pour que Jésus change leur cœur. Qui sait, ça existe les miracles !
Jésus lui-même – au passage – n’a d’ailleurs jamais été contre l’argent.
On a bien sûr en tête l’épisode des marchands du Temple, où il a renversé les tables des changeurs de monnaie… mais il n’était pas contre l’argent, il était contre la manière de l’utiliser ce jour-là, c’est différent !
On peut penser aussi à cette phrase : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » : utilisez l’argent pour ce qui regarde votre vie terrestre !
Et ce matin, dans l’Évangile, Jésus raconte une parabole sur l’argent malhonnête et ceux qui s’en servent.
Alors lorsqu’on rencontre une parabole, il faut toujours en chercher ce qu’on appelle la pointe. L’élément saillant. Parfois, la pointe se trouve au milieu de l’histoire que raconte Jésus et parfois, comme ce matin, elle se trouve tout à la fin.
La fine pointe de notre Evangile de ce matin, c’était : « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres, vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent, ce n’est pas possible. »
Et en disant cela, Jésus n’est pas contre l’argent, il dit qu’il ne faut pas le servir. C’est différent ! Il ne faut pas en devenir serviteur, il ne faut pas en être esclave.
Et en français, il y a une nuance très fine : il ne faut pas servir l’argent, il faut S’EN servir !
La nuance est fine mais elle change tout. L’argent est un MOYEN, nous le savons bien : il faut s’en servir, c’est bien utile, suivant ce que l’on souhaite acheter, il faut s’en servir comme un moyen. Mais si vous en faites un but, alors c’est la catastrophe ! Si l’argent devient le but de la vie d’une personne, cette personne va être très malheureuse, on le sait bien.
D’abord parce qu’il lui en faudra toujours plus, elle ne sera donc jamais satisfaite. Et puis, même si on imagine que cette personne arrive un jour à avoir tout l’argent du monde, eh bien elle serait très malheureuse parce qu’alors elle ne pourrait plus en avoir davantage.
On ne peut pas faire d’un moyen le but d’une vie, ça ne va pas, cela ne rend pas heureux. On ne peut pas servir l’argent, mais il faut s’en servir honnêtement.
Et c’est l’inverse de Dieu, c’est bien ce qu’essaie de nous dire Jésus. Dieu, c’est le contraire : il ne faut pas s’en servir – et il y a des gens qui s’en servent contre les autres ! – il ne faut pas se servir de Dieu, mais il faut le servir. Dieu n’est pas un moyen, c’est le but de toute une vie.
Alors, Chers Amis, tout à l’heure, quand vous prendrez votre brosse à dents en main, mettez un tout petit peu moins de dentifrice dessus. Il paraît que ça change rien… et du même coup, le voyou qui aura essayé de vous faire payer plus cher en sera pour ses frais.
Et puis, si vous voulez être complet dans la démarche, priez pour lui !
Priez pour celui qui dirige cette marque et qui nous gouverne par l’argent. Priez pour que Jésus change son cœur. Vous aurez gagné sur les deux tableaux !
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Clarens, samedi 20 septembre 2025, 18.00
Aigle, dimanche 21 septembre 2025, 10.00
Micheloud Sylvia
Merci de continuer de nous démontrer que la parole est vivante et que nous la vivons chaque jour.
Merci et toute belle journée !🙏
Yula de Meyer
excellente comparaison ! aussi subtile que le moyen du fabricant du dentifrice ! merci pour cette homélie bien claire qui met en évidence l’utilité de l’argent et notre attitude au service de Dieu !
Yula