De quel arbre dois-je descendre ?

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Photo libre de droits : pixabay

Homélie pour le 31e dimanche TO, année C

Sagesse 11,23 – 12,2  /  Psaume 144  /  2Thessaloniciens 1,11 – 2,2 / Luc 19, 1-10

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Vincent J.-J. Lafargue

prêtre

Chers Amis,

Quand j’étais petit, ma Maman ici présente me disait toujours : « Aide-toi… et le ciel t’aidera ! » Je vois que d’autres connaissent aussi ce petit proverbe.

« Aide-toi… et le ciel t’aidera ! » Il lui arrive de me le dire encore aujourd’hui, d’ailleurs.

Commencer par se bouger pour que le ciel nous aide ensuite, c’est exactement ce que fait Zachée dans l’évangile que nous venons de réentendre. Un évangile que nous connaissons quasiment par cœur… ce qui est toujours dangereux parce qu’on risque de ne plus l’écouter !

Dès qu’on entend « il y avait un homme du nom de Zachée » on dit : « Ah oui, ça je connais… »

Et c’est précisément lorsqu’on croit connaître qu’on découvre des choses… si on prend la peine d’écouter à nouveau, comme si on n’y connaissait rien.

Zachée veut voir Jésus. Que fait-il ? Est-ce qu’il attend les bras croisés que Jésus vienne vers lui avec la solution à tous ses problèmes ? Non. Il commence par se rendre à cet endroit où il sait que Jésus va passer.

Premier enseignement de l’histoire de Zachée : plutôt que d’attendre chez nous que cela se passe tout seul, autant se déplacer pour venir voir Jésus. C’est ce que vous avez fait ce matin.

Ensuite, vous l’avez entendu, il a deux problèmes. D’abord il y a la foule, elle est très nombreuse. Et je connais bien des gens, moi le premier, qui en arrivant devant un spectacle ou un magasin, s’ils voient une foule nombreuse, se disent « Oh là là, je reviendrai à un autre moment ! » Pas lui.

Mais il a un deuxième problème, il est petit, vous l’avez entendu dans le texte. Et donc la foule va l’empêcher de voir Jésus parce qu’il est petit. Là aussi, il pourrait très bien se lamenter en se disant : « Oh, ça ne sert à rien que je reste, si j’arrive à prendre une photo de loin c’est tout ce que je pourrais faire… » Non. Non seulement il reste mais il ne se sert pas ces petites phrases : « ça ne sert à rien… de toutes façons… c’est même pas la peine d’y aller… » Vous savez… ces petites phrases qu’on se dit de temps en temps…

Lui, non. Il y a la foule ? Tant mieux. Il est petit ? Qu’à cela ne tienne, il va grimper à un arbre pour mieux voir Jésus.

Nouvelle leçon que nous donne Zachée : plutôt que de me lamenter sur mes propres faiblesses, je peux peut-être m’en servir pour trouver une solution qui soit adaptée à la situation.

Je suis petit ? Eh bien je vais me faire plus grand, grâce à un arbre.

En grimpant à cet arbre, Zachée pourrait avoir peur de tomber. Et ça nous arrive… enfin je suis bien certain que la plupart d’entre vous ne grimpez plus aux arbres… mais symboliquement, quand on sort de notre zone de confort, quand on s’agrippe à quelque chose, il nous arrive d’avoir peur de tomber.

Faut-il avoir peur de tomber en s’élevant pour voir Jésus ? Non, justement. Car celui qui tombe rencontre aussi le Seigneur.

Et ça, c’est la première lecture qui nous le rappelait – le livre de la Sagesse : « Ceux qui tombent, tu les relèves peu à peu, Seigneur. »

Pas de peur à avoir, donc, de se mettre un peu en avant pour voir le Seigneur.

Que se passe-t-il ensuite ? Jésus voit Zachée dans son arbre et il l’appelle : « Zachée ! Descends vite ! »

Alors là, on a envie de dire : « Faudrait savoir, Seigneur ! Est-ce qu’il faut grimper ou est-ce qu’il faut descendre, pour te voir ? On s’y perd un peu, nous ! »

Eh bien… les deux ! Il faut monter, d’abord. Partir de ses propres faiblesses, dont on est persuadé qu’elles nous freinent et que cela ne sert à rien. Partir de cela pour mieux voir le Seigneur. On le voit beaucoup mieux depuis nos faiblesses, vous savez ? On le voit beaucoup mieux que juchés sur nos montagnes d’orgueil.

Sur le petit arbre de nos faiblesses, on voit beaucoup mieux Jésus.

Mais ensuite, quand il nous appelle, il faut redescendre ! Il faut descendre de notre branche, sortir de notre situation et le rejoindre, là où il nous appelle.

Zachée était certainement bien à l’aise sur son arbre : il prenait le soleil, il avait une vue magnifique… Mais le Seigneur l’appelle.

Et ça ne devait pas être simple, lui qui était détesté de tout le monde… c’est justement lui que le Seigneur appelle. Tout à coup tout le monde pose son regard sur lui. Pas facile !

Et quand le Seigneur nous appelle, il attend toujours un petit déplacement de notre part.

Parfois un déplacement géographique, comme pour nous les prêtres, il nous appelle toujours ailleurs, parfois plus tôt qu’on ne le pensait. Mais la plupart du temps il nous appelle, il vous appelle à un déplacement symbolique. Se déplacer à l’intérieur de nous, sortir de nos conforts, de nos petites habitudes…

Est-ce que j’ose me laisser appeler par le Seigneur, là où je suis ? Est-ce que j’ose sortir de mon petit confort bien tranquille pour répondre à son appel ?

Zachée ose descendre de son arbre. Qu’est-ce que ça va permettre ? Parce que la suite du texte on la laisse passer parfois un petit peu vite. Qu’est-ce que ça va permettre que Zachée descende de son arbre ? Rien moins que la venue du Seigneur chez lui !

Il y avait certainement un banquet qui était prévu ailleurs, hein ! Il y avait certainement des notables de la ville qui souhaitaient inviter Jésus chez eux…

Non : Jésus va s’inviter chez celui qui a d’abord fait l’effort de sortir de ses faiblesses, et ensuite de répondre à son appel. Ah… intéressant !

C’est exactement ce que vous ferez tout à l’heure, lorsque le Seigneur vous appellera à sortir de votre zone de confort, cette chaise sur laquelle vous êtes assis, à vous avancer vers lui pour le recevoir chez vous, dans votre corps. Vous voyez, c’est la même chose. Et vous le ferez : lorsqu’il nous appelle, on se déplace.

Zachée, au fond, passe de la foi inactive de toutes celles et tous ceux qui sont au bord du chemin et qui attendent simplement que Jésus vienne vers eux, il passe de cette foi inactive à la foi active de celui qui se bouge pour aller vers Jésus.

Aide-toi et le ciel t’aidera… Vous voyez comme, tout à coup, ce petit proverbe prend toute sa saveur à la lumière de l’histoire de Zachée…

De cet épisode biblique, on peut tirer un enseignement important pour nos communautés aussi : le Seigneur attend de nous que nous surmontions nos faiblesses – le fameux « oh moi de toutes façons je suis pas fait pour ça… et puis y en a d’autres qui le font mieux que moi… Lecteur ? Oh non surtout pas, je ne suis pas fait pour ça ! Sacristain ? Oh non surtout pas, je ne suis pas fait pour ça ! »

D’abord c’est pas sûr que vous n’êtes pas faits pour ça… Parce que le Seigneur passe son temps à appeler des gens qui ne sont pas faits pour ça. Il appelle toujours des personnes qui, à vues humaines, n’ont pas du tout les qualités pour remplir la tâche qu’il avait prévue.

Moïse, le premier porte-parole de Dieu, est bègue. C’est un peu dommage, pour un porte-parole, de bégayer ! Eh bien c’est lui qui a été choisi. Ça nous dit quelque chose, hein…

Alors si on commence par se dire : « Oh non, cette tâche n’est pas du tout faite pour moi… », c’est peut-être bon signe ! Peut-être bien que le Seigneur nous appelle justement parce que ce n’est pas fait pour nous, à vues humaines.

Il attend que nous descendions de nos arbres, de nos confortables « de toutes façons quelqu’un d’autre va le faire », il attend de nous, aussi, une conversion du cœur pour réactiver notre foi qui est parfois bien au chaud dans nos habitudes.

Et c’était la prière de Paul dans notre deuxième lecture : « Nous prions pour que Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez, qu’il rende active votre foi », disait Paul.

Aide-toi et le ciel t’aidera… C’est l’occasion de changer nos regards, d’arrêter de se demander ce que la paroisse peut faire pour nous, et de commencer à se demander ce que nous pouvons faire pour elle. De quel arbre je peux descendre lorsque le Seigneur m’appelle.

Et si les forces vous manquent parce que vous avez déjà rempli tellement d’engagements dans cette paroisse, eh bien peut être que de prier pour les autres, c’est le plus beau des engagements qu’il vous reste à accomplir.

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Genève, Centre Jean XXIII, 30 octobre 2022, 11.00

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