Le devoir dominical

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Le devoir dominical

Luc 20,27-38

Les plus anciens d’entre vous se souviennent de l’expression « accomplir son devoir conjugal »… L’horreur absolue, comme expression. Accomplir son devoir conjugal !! Le terme « devoir » indiquant bien qu’il y a là une forme d’obligation à laquelle on se soumet parce qu’il le faut bien. Quelle épouvantable vision de ce qu’il y a de plus beau entre deux êtres, l’Amour !

Un autre devoir était enseigné – et l’est encore parfois en ces termes – le devoir dominical. Même si l’expression chatouille à priori moins les oreilles, elle n’est pas plus heureuse. On allait à la messe ou au culte le dimanche parce que c’était la règle. Le « précepte dominical » disait-on aussi.

Si nous avons enseigné l’amour et la foi à nos jeunes en termes d’obligations, ne nous étonnons surtout pas qu’il n’aillent plus à l’église et qu’ils pratiquent la sexualité animale et primate que leur montrent les vidéos pornographiques soi-disant réalistes ! La réaction n’est pas nouvelle, qui consiste à prendre l’extrême inverse de ce qui est proclamé comme obligatoire. Les jeunes de tous temps l’ont appliquée.

Une jeune, lors d’un camp vocations, m’a demandé si le prêtre que je suis était obligé de célébrer tous les jours la messe, persuadée que cela devait « me saouler », selon son expression. Je lui ai demandé si elle était obligée de dire tous les jours à son petit copain qu’elle l’aimait, en ajoutant que cela devait forcément la saouler, elle aussi. Elle a souri et elle a compris que j’aimais le Christ comme elle aimait son amoureux. Elle m’a même confié en rougissant : « Comme je ne trouvais pas suffisant de lui dire ‘je t’aime’ tous les jours, je lui ai même écrit une lettre, un jour, avec une page entière remplie de ‘je t’aime’ ! »

Quand on aime vraiment, plus rien n’est obligatoire, plus rien n’est répétitif, plus rien ne se pense en termes de « devoir »… et plus rien n’est « saoulant »… seule demeure l’ivresse amoureuse.

Dans l’Evangile de ce dimanche, les Sadducéens raisonnent eux aussi en termes de devoirs et de règles. Ils essaient de piéger Jésus en réduisant l’amour des époux à un ensemble de préceptes. La réponse de Jésus claque comme un coup de fouet : « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants ! » (Lc 20,38)

Il n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants

Sous-entendu : il n’est pas le Dieu de ceux qui viennent à l’Eglise en faisant des têtes d’enterrement parce que c’est dimanche et qu’il faut bien y aller… la foi de ceux-là est morte, j’ose le dire. Il n’est pas le Dieu des hommes et des femmes qui consentent encore à un devoir conjugal de temps en temps, sans tendresse, sans amour, de manière hygiénique comme on disait aussi. L’amour de ceux-là est mort, j’ose le dire.

Prenons enfin conscience que le rendez-vous de la communauté autour du Christ, ce n’est pas le devoir conjugal du Chrétien, c’est la joie infinie de l’époux qui retrouve son amoureuse, c’est le Christ qui prend une page de nos vies et qui y écrit ‘je t’aime‘, ligne après ligne, sur toute la longueur de la page. Sur toutes les pages du livre de nos vies.

Non, notre Dieu n’est définitivement pas le Dieu des morts, il est le Dieu des vivants.

Vincent Lafargue

Publié sur www.cath.ch le 4 novembre 2022

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